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Nous sommes 2 étudiants en BTS Gestion et Protection de la Nature, stagiaires au sein de l’association Paysages Reconquis. Cette association de défense de l’environnement nous a confié la mission d’établir un diagnostic écologique et esthétique des paysages d’une commune en France.

Nous voilà donc à Vernet-Les-Bains, au cœur du Conflent. Ce village de 1500 habitants est labelisé « Station verte », ce qui témoigne de son intérêt particulier pour son tourisme valorisant le patrimoine naturel ainsi que pour la protection de la biodiversité.
Située dans la région Occitanie, plus précisément dans le département des Pyrénées- Orientales à 45km à vol d’oiseau de Perpignan, c’est une commune remarquable où les montagnes dominent, avec l’imposant massif du Canigou et les pics de l’Alzina et de la Pena.

Elle est totalement recouverte par cinq zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique, appelées « ZNIEFF ». Elle bénéficie de deux zones Natura 2000 : le massif du Canigou et le Canigou Conques de la Preste.

Vernet-les-Bains dispose d’un riche patrimoine culturel avec ses thermes, son église et son château construit avec le « fer du Canigou » qui a la particularité de ne pas rouiller, son lavoir alimenté par les sources chaudes, le rocher rendant hommage au célèbre écrivain anglais Rudyard Kipling auteur du Livre de la Jungle, l’hôtel du Portugal et le casino épargnés par la
grande crue. N’oublions pas qu’il s’agit du 1er village arboretum de France.
Il est agréable de se promener dans les pittoresques ruelles pavées et fleuries, aux abords du Cady ou au cœur du marché.

Pour découvrir l’histoire du village, faisons un retour dans le passé….

Nous nous retrouvons à la fin du 19ème siècle, lors de la « Belle Époque », grande période de prospérité et d’innovations. Le village de Vernet-les-Bains se situe à 600 mètres d’altitude au pied du versant nord du massif du Canigou. Le pic du Canigou, qui donne son nom au massif, culmine à 2784 mètres d’altitude, c’est une icône paysagère, patrimoine emblématique de la commune.
Dès la belle époque, le village est très fréquenté pour ses belles randonnées. L’agriculture et la viticulture se développent et l’exploitation des mines s’intensifie. L’économie du village ne cesse de croître. Dès leur découverte en 1833, les sources d’eau sulfureuse sont exploitées
pour accueillir des curistes. Après plusieurs années de succès et un gain de notoriété, un professeur nommé Anglade recommande la station thermale pour « la beauté du site, la pureté de l’air qu’on y respire, l’efficacité de l’eau et ses résultats thérapeutiques les plus encourageants ». En 1846, un de ses confrères, le professeur Claude-François Lallemand, soigne le fils du pacha d’Égypte et de Constantinople, le prince Ibrahim Pacha. Il lui prescrit une cure aux thermes de Vernet-Les-Bains qui guérit ses maux. En remerciement, le prince Ibrahim Pacha offre une momie Égyptienne à la commune. Elle est aujourd’hui exposée au Muséum d’Histoire Naturelle de Perpignan.
Cet événement marque l’apogée de la notoriété de Vernet-Les-Bains et de ses thermes.

Un peu plus tard, au début du 20ème siècle, les Anglais adoptent un nouvel art de vivre. Après leurs études, ils voyagent et sillonnent l’Europe : c’est le début du tourisme. Vernet-Les-Bains, réputé pour les bienfaits de ses sources thermales, fait partie de leurs destinations. Le village est tellement reconnu que sa météo est indiquée dans le métro londonien !

Mais, un événement renverse cette prospérité.

Du 16 au 20 octobre 1940, une crue nommée « l’aïguat » détruit le village. Il tombe 1000 mm de pluie en 24h. De nombreux bâtiments comme les thermes romains, l’hôtel du parc, l’hôtel de la préfecture ou la villa des Roses sont emportés par la crue.

Dès 1950, de grands travaux ont lieu, pour canaliser le Cady. Les hautes et larges rives sont encore visibles aujourd’hui. Un nouvel établissement thermal est construit et différentes variétés d’arbres sont plantées sur les berges.

En 1992, l’école primaire du village se lance dans un projet de dendrologie qui consiste à recenser toutes les espèces d’arbres de la commune. Ce projet, mettant en valeur le patrimoine arboré, devient lauréat du concours « Mille défis pour ma planète » en 1994 et la municipalité crée officiellement le label « Village arboretum ». C’est donc le 1er village Arboretum de France, qui ne possède pas moins de 200 espèces différentes, provenant du monde entier.
Aujourd’hui, la commune accueille de nombreux touristes chaque année. La raison principale est la cure thermale proposée par Vernet-Les-Bains, spécialisée dans le traitement des affections rhumatismales et broncho-pulmonaires.

D’autres activités sont également très intéressantes pour le développement du tourisme : Vernet-Les-Bains compte 3 campings, un musée géologique, un casino et l’hôtel du Portugal, des randonnées à VTT et de nombreuses randonnées pédestres. La plus fréquentée est l’ascension de la montagne sacrée des catalans : le pic du Canigou.

Quels sont les impacts de ce tourisme ? C’est ici que notre mission débute. Nous cherchons, à travers notre diagnostic, à évaluer les conséquences du tourisme.

Dans un premier temps, nous avons effectué un repérage des lieux de l’ensemble de la commune. Nous avons constaté une diversité de paysages avec les montagnes, les forêts, les rivières, le village et quelques plaines agricoles. Ces différents habitats abritent de nombreuses espèces.
Nous avons réalisé des inventaires floristiques et faunistiques.
Pour ce faire, nous préparions des transects pour nos prospections. Plus précisément, pour que ces inventaires soient les plus représentatifs de la commune nous avons organisé plusieurs itinéraires, d’un point A à un point B, qui balayent toute la commune et les différents habitats.

Lors d’un itinéraire, nous écoutions et observions les oiseaux autour de nous : nous pouvons citer la bergeronnette des ruisseaux, le geai des chênes et le coucou gris, parmi les 40 espèces inventoriées.
Nous déterminions la flore, les insectes, reptiles et amphibiens à l’aide de nos guides. Nous avons rencontré 23 espèces floristiques protégées comme l’ancolie commune, le ciste à feuille de laurier et la coronille naine, parmi les 59 espèces au total. Ces espèces protégées représentent près de 40% des espèces inventoriées. Nous avons identifié 3 reptiles, 2 amphibiens et 27 insectes.
Pour les mammifères, nous avons utilisé un piège-photographique ainsi que la méthode « traces et indices » qui consiste à identifier les fèces et les poils trouvés. Enfin nous avons entendu le sifflement d’une marmotte.
Nous avons installé le piège-photo à proximité d’une coulée. C’est un chemin dessiné par le passage régulier d’animaux. Nous avons pu identifier un renard, un chevreuil, un blaireau, un sanglier.

Des témoignages des habitants nous ont confirmé la présence du Desman des Pyrénées, petit mammifère endémique de la chaîne des Pyrénées et qui est une espèce patrimoniale.

Nous notons 2 espèces envahissantes : le robinier faux-acacia et l’arbre aux papillons. Aujourd’hui elles ne sont pas assez présentes pour déclencher une perte de biodiversité.
Nous pouvons affirmer que Vernet-les-bains présente un intérêt écologique remarquable. Nos inventaires mettent en évidence une commune riche en biodiversité.
Le milieu est en bon état et nous ne trouvons aucune dégradation. Il n’y a aucune pollution visuelle. La quantité de déchets sur les sentiers est faible voire inexistante.

Selon notre diagnostic, le tourisme sur le territoire de la commune de Vernet-Les-Bains n’impacte pas les espèces ni les milieux naturels.

L’ascension du Canigou est l’activité touristique la plus prisée des Pyrénées-Orientales.
Chaque année des milliers de randonneurs venus du monde entier gravissent le pic du Canigou. Sa beauté et sa singularité entraînent une fréquentation abusive qui implique des impacts irréversibles. Les élus locaux soutenus par l’État s’engagent dès la fin des années 1990. Après de multiples réflexions et la mise en place de divers partenariats, de longs travaux de restauration mènent en 2012 à sa labellisation Grand Site de France.

Le Massif du Canigou bénéficie donc maintenant d’une gestion du tourisme notamment par le syndicat mixte Canigou Grand Site qui propose son désengorgement. Progressivement, ce Syndicat mixte cherche à protéger l’intégralité du massif et met en place une dynamique de recul de la fréquentation du Pic lui-même. L’accès aux véhicules à moteurs est interdit au-delà de 1500 mètres d’altitude et une multitude de randonnées sont créées aux alentours. Mais cela ne suffit pas à détourner les nombreux touristes attirés par cette ascension.
Le Pic faisant partie de la commune de Vernet-les-Bains, nous ne pouvons pas passer à côté.
Nous partons à pied de la mairie de Vernet-Les-Bains. Nous passons par la Portella de Dalt (au monument Henri Barbusse), puis par le refuge de Bonne Aigue où les montagnes semblent être de plus en plus proches. Nous marchons jusqu’au refuge des Cortalets, en traversant les champs de rhododendrons. Nous faisons une pause pour admirer les paysages et les fleurs colorées comme la Saxifrage ou la Gentiane. Nous empruntons la Crête du Barbet puis la fameuse Cheminée avant d’atteindre le sommet.

Les randonneurs sont effectivement nombreux mais respectueux de la nature. En prenant de la hauteur nous observons la splendeur des paysages.
Après cette mythique ascension, nous avons pris du recul sur notre diagnostic écologique et esthétique des paysages. Nous nous sommes rendu compte de la richesse du patrimoine écologique de la commune de Vernet-Les-Bains. Ce qui nous a le plus marqué c’est le grand nombre d’espèces protégées rencontrées sur l’ensemble du territoire de la commune.
Nous avons alors voulu partager cette prise de conscience auprès du grand public. C’est pourquoi nous avons créé un guide de détermination de 11 plantes protégées de la commune.
Ce guide permet de rappeler qu’une plante peut être omniprésente sur les chemins de randonnées et sembler ordinaire alors qu’elle possède un statut de protection.

Nous avons voulu rendre disponible notre guide sous forme de QR CODE à chaque départ de sentier et dans tous les lieux très fréquentés qui reçoivent le plus de touristes comme les campings, l’office de tourisme et les thermes. Notre initiative a pour objectif de sensibiliser à la biodiversité de la commune de Vernet-Les-Bains. Ceci bien sûr pour mieux la protéger. Ainsi les randonneurs peuvent jeter un œil à notre guide et s’intéresser à l’identification de la flore des sentiers !

Il faut continuer de préserver cette belle commune en renforçant la sensibilisation à la grande diversité de sa faune, de sa flore et de ses paysages.

Nous remercions tout d’abord le personnel de la mairie de Vernet-Les-Bains pour son encouragement et son soutien, Monsieur Pierre LOEILLET pour notre conversation très enrichissante sur la création du village arboretum et sur son travail d’aménagement des sentiers de la Cascade des Anglais en coopération avec l’ONF, Sébastien DESMARECAUX agent de l’ONF pour avoir pris le temps de nous aider à rencontrer des acteurs de la commune.
Nous remercions le Syndicat Mixte Canigou Grand Site, plus précisément Madame Flora DESRIAUX chargée de mission Natura 2000 qui nous a expliqué les actions menées par le syndicat mixte, Emmanuel LALLEMAND pour sa visite guidée et ses précieuses informations sur l’histoire de Vernet-Les-Bains, la Fédération Départementale de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique, plus précisément Monsieur Olivier Baudier, directeur de la fédération, de nous avoir accueilli dans ses locaux pour nous expliquer les actions de sensibilisation et de gestion menées sur l’ensemble du Conflent.

Et un grand merci à notre maître de stage Claude CAMILLI pour son soutien, sa confiance et qui nous a permis de réaliser ce stage très enrichissant !