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Col du Trébatut – La Canourgue
1 er septembre 2019
Voici une vidéo retraçant la 63 ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Cette étape me permet de descendre du plateau de l’Aubrac dans la vallée du Lot jusqu’à la Canourgue. Je chemine dans le Gévaudan, approximativement le département actuel de la Lozère. Il est question de troubadours et troubairitz, des poétesses et compositrices au 12ème et 13ème siècle qui s’exprimaient en occitan.
Voici le texte de cette vidéo:
Avant de repartir du col du Trébatut où je me suis arrêtée hier après avoir traversé l’Aubrac, nous prenons le temps de faire le détour par Marvejols dans la vallée de la Colagne, Marvejols qui devint, sous le règne d’Henri IV, une ville royale et la capitale du Gévaudan.
Car nous sommes en plein cœur du Gévaudan, cette ancienne province française, qui constitue approximativement le département de la Lozère à la Révolution française. Et bien plus tôt, au Moyen-Age, que se passait-il ?
Douce de Gévaudan, comtesse de Provence, vicomtesse de Millau se marie en 1112 avec Raymond-Bérenger, comte de Barcelone. D’immenses comtés sont ainsi réunis : les comtés de Provence, la vicomté de Millau, le Gévaudan, le Carladès et bien sûr le comté de Barcelonne ainsi que les comtés de Carcassonne et de Razès.
Il semble que ce soit avec la cour de Douce de Gévaudan que débute l’histoire de la littérature courtoise. A la cour de la princesse Douce en effet, les seigneurs, les troubadours et les troubairitz répande la langue occitane.
On connaît la bête du Gévaudan. Mais connait-on les troubairitz ? Ce sont des poétesses et compositrices, issues souvent de la noblesse, qui au 12ème et 13ème siècle s’exprimaient en occitan, les femmes troubadour donc. Je ne résiste pas au plaisir d’en citer quelques-unes, tant pour rendre justice aux femmes oubliées que pour céder au charme des sonorités occitanes: Almucs de Castelnou, Iseut de Capio, Azalaïs d’Altier.
Du col du Trébatut, le sentier que je dévale, traversant forêts et champs me conduit vers le Lot qui coule en contrebas.
En m’enfonçant dans ce sous-bois, je tombe sur ces phénomènes, des monstres pourrait-on dire, sans doute Meripilus giganteus ou polypore gigantesque. Ce champignon peut atteindre un mètre de diamètre ! C’est un parasite redoutable qui s’attaque à son support, souvent un hêtre.
A Saint-Germain-du-Teil, je retrouve Daniel pour le pique-nique que nous prenons à l’intérieur du California car il fait plutôt froid puis je poursuis la descente sur le GR 6.
A mes pieds donc, la vallée du Lot – en occitan on dit Olt d’où ces noms de villages : Saint-Laurent d’Olt, Canet d’Olt, Saint-Geniez d’Olt ou encore Sainte-Eulalie d’Olt-. Le cours du Lot est parfaitement orienté est-ouest de sa source à sa confluence avec la Garonne.
En face de moi, le plateau qui s’étale au sud, est le Causse du Sauveterre que je traverserai demain. Mais auparavant je dois descendre au fond de la vallée, passant devant de vieilles maisons de pierres rouges au hameau du Ferréol, voyant au loin la ville de la Canourgue.
Je traverse la Méridienne, l’autoroute A 75 qui relie Clermont-Ferrand à Bézier, au tracé nord-sud, que je côtoie de loin en loin depuis Saint-Flour.
Le camping où je retrouve Daniel est au bord du Lot, juste avant le pont qui mène à Banassac puis à La Canourgue.
Bien que le centre de La Canourgue soit à près de 3 kilomètres, je m’y rends avant le dîner pour repérer les lieux et flâner dans les rues du bourg.