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Nous sommes deux étudiants en BTS GPN (Gestion et Protection de la Nature) et avons effectué un stage de deux mois sur la commune de La Brée-les-Bains au sein de l’association « Paysages Reconquis ». Le but de ce stage est de lutter contre la perte de la biodiversité de la commune ainsi que contre l’uniformisation des paysages. Nous allons diviser notre diagnostic en cinq parties, ces parties correspondent aux différents paysages et milieux que nous avons rencontrés.
Sommaire
I- Diagnostic paysager et écologique
1) L’île d’Oléron et sa commune de La Brée-les-Bains
2) La richesse paysagère agricole
3) Le Littoral
4) Le Marais du Douhet
II- Diagnostic écologique
1) Inventaire faunistique
Avifaune
Rhopalocères
Mammifères
Arthropodes et autres
2) Inventaire floristique
Conclusion
Remerciements
I- Diagnostic paysager et écologique
1) L’île d’Oléron et sa commune de La Brée-les-Bains :
La commune de La-Brée-les-Bains est située dans la région Nouvelle-Aquitaine, dans le département de la Charente-Maritime, dans le nord-est de l’île d’Oléron.
Afin de mieux situer l’histoire de l’île, revenons succinctement sur son passé. Le secteur de l’île d’Oléron et de Marennes a subi de grands changements en quelques milliers d’années. Le site est occupé par l’homme depuis le néolithique pour son abondance en poissons. La production de sel a démarré avec les Celtes qui ont commencé à défricher les zones marécageuses.
C’est avec les Gaulois qu’apparaissent les premières aires saunantes, c’est-à-dire les marais salants tels que nous les connaissons. Venus ensuite, les Romains ont construit des voies romaines de Saintes jusqu’au nord de l’île, ce qui a permis des avancées techniques, comme le perfectionnement des moulins à vent et l’aménagement des voies marines côtières. Les marais maritimes sont transformés petit à petit en marais salants, les défrichements s’accentuent à partir du Xème siècle, principalement à l’initiative du clergé pour la culture du sel et de la vigne. Aux fils des siècles, les pourtours de l’île sont stabilisés avec les différentes activités humaines, la plantation de pins maritimes et la mise en place de circuits d’eau et de canaux.
L’île d’Oléron va alors s’organiser autour des zones d’accès aux voies marines pour faciliter le transport du sel et du vin. La position stratégique de l’île près de l’embouchure de la Charente et près des Pertuis (détroits entre l’île et le continent), va alors faire de celle-ci l’emplacement idéal pour une place forte militaire notamment sur le Château d’Oléron.
Un ancien habitant du village nous a raconté qu’avant la construction du pont de l’île d’Oléron, lorsque l’on voulait se rendre sur le continent, il fallait prendre des navettes, bateaux à fond plat, appelées bacs. Il nous a aussi raconté que le temps d’attente à chaque fois était très long, allant jusqu’à 6-7 heures avant de pouvoir monter sur la navette, ce qui décourageait un grand nombre de personnes de quitter l’île.
La Brée-les-Bains est l’une des plus petites communes de l’île avec une superficie de 7,27 km2. Cet ancien hameau, appelé autrefois La Brée, était principalement occupé par des pêcheurs, vignerons, cultivateurs et saulniers. Le centre du village de La Brée-les-Bains est typique des bourgs de la région, compact, avec des petites ruelles. Ce type de construction est principalement dû aux contraintes climatiques, les bâtiments sont axés généralement sur une rue principale, puis, tout autour de celle-ci, des venelles (rues très étroites entre les maisons) et des petites ruelles relient les différents bâtiments qui façonnent la commune. La plus grande partie du village se trouve à moins de 500 mètres du littoral. A l’intérieur du village, nous pouvons retrouver des quereux qui sont des petites placettes communes à plusieurs maisons, souvent avec au centre un puits voire un four. Ces placettes étaient autrefois des lieux de travail, de rassemblement mais aussi de solidarité et d’entraide agricole. Ils appartenaient aux gens qui vivaient à proximité et avaient un statut juridique de « copropriété d’usage ».
Malheureusement, aujourd’hui, ces quereux ont tendance à disparaître, divisés lors de ventes immobilières. Les placettes se transforment petit à petit en propriétés privées, les propriétaires installent des clôtures ou des murets, faisant ainsi disparaître une identité architecturale et paysagère typique de l’île.
Maison typique oléronaise Petite ruelle au cœur du village
Au cours du XIXème siècle, le hameau a profité de l’engouement pour le tourisme balnéaire et des bienfaits liés à celui-ci. Aujourd’hui, nous trouvons encore sur le long du littoral de très belles villas de cette époque. Ce nouveau style de construction a énormément influencé l’architecture des nouvelles maisons ainsi que l’amélioration des anciennes. En effet, la villa balnéaire utilisait beaucoup d’ornements, de styles et de motifs différents, adoptés progressivement par toute l’île. Des tons de couleurs pastel très variés sont alors apparus tels que le bleu, le vert, le marron, le beige, le rouge chaud voire le bordeaux à certains endroits. Cet effet de « mode » est venu s’ajouter à une tradition : les pêcheurs peignaient leurs volets ainsi que leurs portes avec les restes de peintures servant à peindre leurs bateaux.
Jusqu’en 1953 ce hameau était rattaché à la commune de Saint-George d’Oléron. L’île, bien que devenue un lieu prisé par les touristes, restait malgré tout, difficile d’accès. La construction du pont d’Oléron en 1966, long de plus de 3 km, a considérablement changé l’économie de l’île, mais aussi le caractère architectural des villages. A cette époque, l’agriculture et la production de sel étant en fort déclin, beaucoup de terrains ont été vendus et divisés en de nombreuses petites parcelles pour devenir des emplacements de villégiatures ou des terrains de camping privés. Les villages comme La Brée-les-Bains ont vu se construire énormément de résidences secondaires, sans réelle prise en compte du patrimoine architectural passé et des risques liés au littoral. Aujourd’hui, les effets de cette urbanisation à outrance posent de réels problèmes, notamment sur le trait de côte.
La population de la commune est en forte régression, moins 1,5% par an entre 2009 et 2015, et compte aujourd’hui environ 700 habitants permanents à l’année. Ceci peut s’expliquer en partie par le fait que plus de 60% de la population a plus de 60 ans. Les activités saisonnières liées au tourisme ont également un grand impact sur la commune : les campings, chambres d’hôtes, hôtels et centres de vacances peuvent accueillir en plus de la population permanente jusqu’à 2 500 personnes. A tout cela viennent s’ajouter plus de 1 500 résidences secondaires qui sont susceptibles d’accueillir plus de 4 000 personnes supplémentaires en haute saison. En été, la forte activité saisonnière va alors multiplier par plus de 10 la population locale, ce qui va avoir comme effet un énorme impact sur les milieux naturels alentours.
A la sortie du village se trouve le moulin de La Fontaine, construit au début de XVIIe siècle. Il est l’un des plus anciens moulins de l’île. Véritable témoin historique du passé de la commune, avec ses murs de plus d’un mètre d’épaisseur et son toit en tuile de châtaignier, le moulin se tient toujours debout. Grâce à un rachat par la collectivité en 2012, il fait l’objet d’une importante restauration afin de redonner vie à un patrimoine emblématique de l’île.
2) La richesse paysagère agricole :
La commune de La Brée-les-Bains possédait une forte concentration de paysages agricoles qui, avec le temps, ont grandement diminué pour laisser place aux paysages urbains avec des pavillons résidentiels ou des campements sur des terrains agricoles vendus à des particuliers. Ces terrains ne sont pas constructibles, on y retrouve principalement des caravanes. On en compte un grand nombre sur la commune, elles se sont multipliées tout comme la construction de pavillons après la construction du pont en 1966.
Les paysages agricoles ont, eux aussi, changé. Jusqu’à la fin des années cinquante, on retrouvait énormément de cultures céréalières et d’élevages. Ces activités ont peu à peu disparu pour laisser place à la culture viticole. Les vignes ont toujours été présentes sur l’île d’Oléron et avec le temps, ce type de cultures est devenu l’activité agricole principale avec 2000 hectares de terre consacrés à la vigne. Dix viticulteurs indépendants et une coopérative regroupant 49 viticulteurs sont présents sur l’île
Sur la commune de La Brée-les-Bains se trouve une exploitation viticole. Cette exploitation, propriété de M. Pinard, existe depuis 1889 et se transmet de génération en génération. Au fur et à mesure des années, elle s’est agrandie. M. Pinard possède maintenant 110 hectares de vignes dont 50 hectares se trouvent sur la commune de La Brée-les-Bains.
Les méthodes agricoles ont évolué elles aussi avec les avancées mécaniques. Au début du 20ème siècle, les ceps de vignes mesuraient seulement quatre-vingts centimètres alors qu’aujourd’hui, avec la mécanisation, ils mesurent 1m85. Un rang de vigne a été enlevé pour le passage des machines. Cette petite taille s’expliquait par l’adaptation aux contraintes écologiques présentes sur l’île, principalement le vent. La maladie de l’oïdium peut être la conséquence d’une exposition au vent trop importante. Les tempêtes aussi sont une contrainte à prendre en compte, elles sont assez fréquentes sur l’île. Une forte tempête peut nuire à la production et engendrer de nombreuses pertes.
Les mentalités évoluent, elles aussi. L’écologie pèse davantage dans l’agriculture. Il est aussi un argument de vente. M. Pinard est en lutte raisonnée, parfois le traitement ne peut pas être évité, les pertes seraient trop importantes. Ces traitements sont aussi très coûteux et ne sont donc faits que si nécessaires.
La biodiversité est présente au sein des vignes, M. Pinard autorise les chasseurs de la commune à chasser dans ses vignes, après les vendanges pour que le raisin ne subisse aucun dégât. L’association de chasse de la commune gérée par M. Bouilly travaille main dans la main avec M. Pinard. Ce dernier a constaté des problèmes de prédations sur ses vignes, principalement par les sangliers qui viennent se repaître des raisins sucrés gorgés de soleil. Pour empêcher cela, l’association installe des clôtures électriques qui empêchent les animaux de passer. M. Bouilly est aussi gestionnaire des milieux de la commune, il agit pour entretenir ces milieux, notamment ceux en friche anciennement cultivés, en empêchant leur fermeture. La gestion est difficile à cause de la maîtrise foncière ; en effet, comme il est dit ci-dessus, les terrains de camping privés se multiplient ; tout ceci complique la gestion. Contacter chaque propriétaire prend du temps et il suffit que l’un d’entre eux refuse et les actions de gestion qui devaient être entreprises ne peuvent pas l’être.
Sur la commune de La Brée-les-Bains se trouve une petite zone forestière entourée de champs et de vignes, le Sablon. Mesurant à peine quelques centaines de mètres de long, ce lieu est un refuge pour le gibier local mais également une zone qui regroupe énormément de terrains de camping abandonnés ou non. Malgré ces campements un peu anarchiques, ce secteur reste assez intéressant pour la faune et la flore locale. Les champs qui se trouvent en son centre sont relativement protégés de l’influence humaine, c’est d’ailleurs ici que nous avons décidé de faire nos inventaires rhopalocères (papillons de jour).
Les autres terres agricoles que l’on retrouve sur la commune sont assez souvent laissées à l’abandon avec un entretien minimal, elles sont laissées en jachères. Le maintien de ces paysages agricoles et de l’habitat est important : il permet la diversification des paysages au sein de la commune, empêche l’uniformisation du paysage et est favorable à la biodiversité.
Certaines espèces ne vivent que dans ces milieux ouverts ; si on arrête de les entretenir, on aura affaire à la succession écologique (succession des différentes strates, herbacée, arbustive et arborescente), ce qui veut dire que dans 20 ou 30 ans on pourrait retrouver une forêt à la place de ces champs. Les espèces rencontrées ne seront plus les mêmes, les anciennes auront disparu parce qu’elles ne vivent pas au sein d’un milieu arbustif. C’est là que l’intervention de M. Bouilly est importante, elle comporte un enjeu primordial. Cette gestion maintient aussi le petit gibier comme les perdrix, les faisans…, ce qui est bénéfique pour l’association de chasse.
L’association de chasse comporte une quarantaine de licenciés, le plan de chasse est revu chaque année en fonction des prises des chasseurs.
3) Le Littoral :
Le littoral de La Brée-les-Bains est très urbanisé, les habitations et les plages ne sont pas séparées. Face à la commune on peut apercevoir le continent avec la ville de La Rochelle et son port de La Palisse, l’île d’Aix, l’île de Ré et enfin Fort Boyard. De nombreuses constructions ont été autorisées pendant les années 80, quand le tourisme a connu un rapide essor sur l’île. De nombreuses résidences secondaires ont été construites, certaines donnant directement sur la plage. A cette époque, les futures contraintes naturelles n’étaient pas envisagées. La commune doit faire face à de forts problèmes d’érosion. Les tempêtes violentes qu’a subies l’île ont réduit les falaises et les dunes un peu plus chaque année ; certaines maisons se retrouvent dans des zones à risques et sont exposées à la submersion ou à l’effondrement. La commune, il y a quelques années, mettait en place des enrochements pour protéger les maisons, mais cette action ne résout pas le problème ; il ne fait que le déplacer.
La végétation dunaire est un excellent moyen pour fixer ces dunes qui ont pratiquement disparu : elle fixe le sable et, au fur et à mesure qu’elle se développe, la dune s’agrandit. Les algues échouées sur le bord de la plage et leur décomposition progressive permettront de servir de nutriments à cette végétation. On utilise aussi des ganivelles qui piègent le sable : cette méthode s’est révélée efficace.
Les algues qui s’échouent sur la plage ne répondent pas aux critères touristiques. Ces critères favorisent de belles plages de sable blanc sans « déchets visuels ». Il est donc difficile de concilier activité écologique et activité touristique. Le tourisme est le principal bénéfice de la commune, les mois d’été sont donc très importants. C’est pour cela qu’elle met tout en œuvre pour le bien être des touristes. Mais les dunes et les plages n’accueillent pas seulement les touristes, elles sont aussi des lieux de repos, de nidification ZICO, Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux, pour la biodiversité. La remise en état des dunes est une priorité pour la communauté de communes qui lance de nombreuses démarches pour les protéger et les remettre en état, car, en sauvant les dunes, on sauve les plages.
Chaque année, sur les plages de la commune, un petit oiseau nommé « Gravelot à collier interrompu » se reproduit et nidifie. Cet oiseau est une espèce protégée, il est classé EN, en danger, sur la liste rouge de l’INPN, Inventaire National du Patrimoine Naturel. Tous les ans, le tourisme met en danger la population de gravelots à collier interrompu. Ces petits oiseaux nichent sur la plage, leur nid est mimétique, il se fond dans l’environnement (voir photo ci-dessous), il est impossible ou difficile de le distinguer des galets, des algues. A cause de ce parfait mimétisme, on retrouve des œufs écrasés, des poussins morts aussi. La population n’arrive donc pas à se renouveler à cause de l’activité humaine. Des actions sont mises en place depuis cette année (2020) par le service espaces naturels de la communauté de communes, pour repérer les nids et essayer de les protéger en interdisant l’accès sur cette partie de la plage.
Sur ces mêmes plages, quelquefois, on retrouve aussi des œufs de raies qui n’appartiennent pas tous à la même espèce. A l’entrée des plages, des containers ont été installés pour que les gens les ramassent et les déposent à l’intérieur. Cette collecte permet d’estimer la population de l’espèce. Sur l’île Oléron, l’association CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) gère cette action, les gens peuvent directement venir y déposer des sacs remplis de ces œufs. Toute l’île est entourée par le Parc naturel marin du Pertuis, d’où l’importance de ces comptages. Ce parc existe depuis 2015, on y compte six estuaires dont l’estuaire de la Charente qui apporte une grande richesse de biodiversité à celui-ci. Cependant la Charente est aussi le fleuve le plus pollué de France avec 6,25 mg de pesticide par litre d’eau ; ce problème est devenu une préoccupation majeure.
L’activité ostréicole est très présente, car l’eau est riche en nutriments ce qui donne des conditions optimales pour les coquillages.
On retrouve aussi l’activité de la pêche à pied, pêche de coquillages et de crustacés sur la côte. Tout le monde peut la pratiquer mais il existe des réglementations à respecter concernant les tailles des espèces pêchées. Dans tous les offices du tourisme présents sur l’île, on peut récupérer une réglette sur laquelle les mailles de chaque espèce sont indiquées. Ces réglementations permettent d’assurer le renouvellement des populations pêchées. Là encore l’association CPIE joue un rôle clé en sensibilisant les touristes sur une pêche durable (tourisme durable par la même occasion). Ils montrent comment se pratique la pêche à pied, quelles espèces peuvent être pêchées et explique aussi pourquoi il est important de respecter les mailles. De plus, le CPIE réalise d’autres missions sur l’île sur tout ce qui concerne la biodiversité, il intervient notamment dans des classes de primaire et dans celle de 6ème sur des projets à l’année. Il aide aussi la Communauté de communes à rédiger des documents d’urbanisme tel que le SCOT, Schéma de cohérence territoriale.
Le Conservatoire du littoral a racheté de nombreux terrains sur la commune dont ceux d’une ancienne colonie de vacances se trouvant sur le littoral. Cet espace est une réelle reconquête de paysage : c’était un paysage urbanisé, rempli de bâtiments, et, en 2011, le Conservatoire va acquérir cet espace et le confier à IODDE appelé maintenant CPIE pour renaturaliser l’espace. Tous les bâtiments ont été détruits, sauf le bâtiment principal qui accueille les locaux du CPIE et le service « espaces naturels » de la Communauté de communes. Cette zone est maintenant complétement renaturalisée, elle est devenue un corridor écologique, qui assure des connexions entre des réservoirs de biodiversité et qui relie le milieu dunaire et le milieu marais. C’est un espace naturel extrêmement riche en biodiversité, nombreux sont les oiseaux, reptiles, insectes et végétaux qui s’y développent. La Communauté de communes et le CPIE sont chargés chacun d’effectuer des suivis sur des catégories d’espèces. Ce spot de biodiversité comporte aussi des espèces protégées comme « l’Œillet des Dunes », mais aussi de nouvelles espèces comme « l’Araignée Chaussette » qui jusque-là n’avait jamais été observée sur l’île. Cette reconquête est une réussite, les oiseaux y nichent (ex : Buse variable), les reptiles y sont énormément présents (ex : Coronelle girondine), l’espèce peut être observée en train de se chauffer au soleil, les insectes sont en abondance (ex : Machaon) et toutes sortes de plantes (ex : Centaurée rude) vivent avec des conditions favorables. Les suivis d’espèces continuent chaque année, il n’en ressort que de bons résultats, ce qui donne vraiment un élan positif et montre qu’il est tout à fait possible que la nature reprenne ses droits.
4) Le marais du Douhet :
L’une des plus grosses modifications du paysage au cours des trois derniers siècles dans la commune est sans aucun doute la transformation en marais d’anciennes sartières, estrans vaseux recouverts de végétation, (un estran est une partie du littoral où l’eau se retire lors des marées). Mais cette modification majeure ne s’est pas faite en un jour.
Petit à petit, ces terres se sont refermées et coupées de la mer, devenant des « marais gâts ». Ces terres, au départ difficilement exploitables car salées, se sont progressivement modifiées avec l’accumulation des eaux pluviales, devenant des marais doux. Comme ces lieux étaient difficiles à gérer car très sujets aux intempéries (changements réguliers du niveau de l’eau), un canal a été créé, un « douhet » pour rendre plus aisé l’écoulement des eaux vers la mer, faciliter l’assèchement des zones marécageuses, et rendre ainsi les terres exploitables pour l’agriculture et le pâturage.
Il semblerait qu’une activité salicole existait au début du XVIIème siècle sur ce site mais que celle-ci n’ait pas duré. Il faudra attendre le début du XVIIIème siècle pour que l’activité salicole redémarre sur cette zone avant de monter rapidement en puissance. Regardons un peu plus en arrière encore, pour mieux comprendre l’essor de cette zone. L’exploitation du sel sur l’île remonterait au début du XIème siècle (marais de Sauzelle) et était principalement concentrée sur le sud-est de l’île. Au fil des siècles, les marais n’ont pas vraiment évolué, ils n’étaient pas étudiés pour être pratiques et productifs, ils suivaient le relief, les courbes du paysage et ne produisaient donc que des quantités limitées de sel.
Le marais du Douhet est un grand changement car il a été construit de manière à être le plus rentable possible et le plus adapté à une production de sel à grande échelle, de manière industrielle, avec de grandes zones rectangulaires toutes alignées les unes par rapport aux autres. Tout a été réfléchi afin d’avoir un maximum de gain de productivité, de l’exploitation des marais à l’acheminement du sel par bateaux aux aires de stockage. Un système ingénieux de canaux et d’écluses a été créé afin de pouvoir faire vivre tout ce réseau hydraulique, d’un côté en évacuant le surplus d’eau douce, de l’autre en faisant circuler l’eau de mer si précieuse, tout ceci, dans ce que l’on peut apparenter à des vaisseaux sanguins qui alimentent tout un organisme : Les aires saunantes du Douhet. A son apogée, au début et au milieu du XIXème siècle, le marais du Douhet est devenu l’un des plus gros sites de production de sel de la côte Atlantique, comptant alors plus de 800 aires saunantes (une aire saunante est un carré de 5 mètres sur 5 , servant à l’évaporation finale de l’eau et ainsi à la production de sel).
L’essor de l’or blanc a duré plusieurs siècles, malheureusement les avancées technologiques comme l’électricité ou le réfrigérateur, ont provoqué le déclin de cette activité millénaire. Le sel ne servait plus pour la conservation et le stockage des aliments. La saliculture a progressivement disparu au cours du XXème siècle à Oléron, pour s’éteindre totalement en 1955 au marais du Douhet. Cette activité a laissé place à l’activité ostréicole dans le sud-est de l’île. Les anciens marais salants ont été modifiés en claires d’affinage pour la culture de l’huître qui était plus rentable. D’après les différentes sources que nous avons pu trouver, le marais du Douet est inadapté à l’affinage des huîtres et à la production ostréicole en général. Comme les bassins n’étaient pas assez profonds et que l’eau n’était pas suffisamment brassée, les huîtres et les autres coquillages ne survivaient pas longtemps à l’intérieur de ceux-ci.
Le marais se retrouvant inexploité sur sa quasi-totalité par l’activité saunière et agricole, il a commencé à se refermer. Sa gestion s’est avérée assez difficile car il est divisé en une multitude de petites parcelles et de propriétés privées. A la fin des années 1990, le Conservatoire du littoral a commencé à racheter certaines parcelles afin de préserver l’aspect unique de ce site, tant au niveau paysager que pour sa biodiversité. Les caractères spécifiques des lieux et l’absence d’activités humaines ont permis un retour extraordinaire de la biodiversité, principalement l’avifaune. Le site a été classé Natura 2000 en 2009. La communauté de communes de l’île d’Oléron s’est vu confier la gestion du site par le Conservatoire du littoral.
Mais qu’est-ce qu’un site Natura 2000 ? Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l’Union Européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent. La constitution du réseau Natura 2000 a pour objectif de maintenir la diversité écologique des milieux, tout en tenant compte des exigences économiques, sociales, culturelles et régionales dans une logique de développement durable, sachant que la conservation d’aires protégées et de la biodiversité présente également un intérêt économique à long terme.
Le marais se divise en deux grandes zones, un marais doux et un marais salé. Le marais doux ayant tendance à prendre petit à petit le dessus sur le marais salé, une éclusière est présente tous les jours afin de gérer les flux d’eaux et éviter que les marais ne débordent. Nous pouvons dénombrer plus d’une vingtaine d’écluses sur le site du Douhet. L’éclusière a également pour rôle de répartir et de distribuer l’eau aux acteurs locaux qui en ont besoin.
Lors de notre étude, nous avons pu constater que le marais doux était en relativement bon état car encore exploité en partie par des éleveurs mettant leurs animaux à pâturer, bovins et chevaux principalement. Le fait d’avoir encore du bétail sur ce secteur permet de garder les prairies ouvertes, mais également « oblige » par la force des choses les agriculteurs et la communauté de communes à entretenir les canaux d’eau douce afin que celle-ci puisse circuler dans tout le réseau et permettre ainsi que le bétail ait de l’eau pour s’abreuver.
Le marais salé, quant à lui, offre une zone exceptionnelle de nidification pour l’avifaune. La zone est également pâturée mais uniquement sur certaines petites parties, les parcelles étant beaucoup plus découpées donc moins attrayantes pour les éleveurs. Les canaux les plus proches du canal du Douhet sont en relativement bon état, car la ferme du Douhet les exploite encore pour pomper et rejeter de l’eau.
Plus en aval, les anciens canaux des marais salants se sont envasés. Le bétail, mis à pâturer, a provoqué un affaissement des berges et, au fil du temps, les canaux se sont refermés et asséchés. Ces zones qui offraient autrefois un lieu exceptionnel pour l’avifaune, perdent peu à peu de leur valeur. Le secteur s’assèche de plus en plus, la non-intervention de l’homme provoque la fermeture du milieu. Nous ne pouvons pas dire que cette fermeture du milieu soit négative, car elle apportera, avec le temps, un nouveau type d’écosystème aux dépens du précédent.
Cependant, nous ne pouvons que constater, malheureusement, que la disparition de ce type de paysages provoque immanquablement la disparition d’un patrimoine paysager, culturel et local établi depuis plusieurs siècles : la saliculture.
Le très grand nombre de berges offre une multitude de cachettes, de lieux de repos et de reproduction pour la faune sauvage locale et de passage. En effet, de nombreux oiseaux migrateurs viennent se reproduire sur l’ensemble du site.
Tout au long des sentiers et des bords des canaux, nous pouvons apercevoir des haies de Tamaris plus ou moins entretenues. Le Tamaris commun ou Tamaris de France est un arbuste bien adapté au climat de bord de mer, il résiste aux embruns, aux vents et au sable. Un habitant nous racontait qu’autrefois ces haies servaient à délimiter les parcelles et à produire du bois de chauffage pour l’hiver. Aujourd’hui, elles ne sont quasiment plus exploitées et commencent à se délabrer en poussant anarchiquement. Ces lieux restent, toutefois, de très bons refuges pour la faune.
En cherchant bien, le long des canaux, nous pouvons apercevoir de grandes pierres ovales sur les côtés avec un ou deux trous traversants. Nous nous sommes longtemps demandé à quoi pouvait servir ces étranges pierres que l’on pouvait rencontrer un peu partout sur les marais. Après quelques échanges avec les habitants et différentes recherches, nous avons enfin compris que ces pierres servaient à délimiter des entrées de petits ponts qui reliaient entre elles les différentes parcelles sur les marais et les canaux. Le ou les trous présents de chaque côté servaient à passer une barre en bois afin d’ouvrir ou de fermer la route au bétail.
Nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer deux grands acteurs du site, dont l’activité est encore basée sur le marais.
La Ferme marine du Douhet s’est installée en 1980 sur le site et s’est spécialisée progressivement dans la production d’alevins (dorade royale, maigre, loup et crevette impériale). La production d’alevins est faite en bâtiments fermés, construits pour s’intégrer dans le paysage. A l’extérieur, la ferme s’est servie d’anciens très gros bassins du marais pour stocker l’eau de mer qu’elle reçoit directement du canal lors des marées, puis cette eau est transférée dans un bassin de décantation avant d’être distribuée dans les différentes unités. Toutes les eaux rejetées sont épurées dans un canal de décantation, puis régénérées dans une station de lagunage de douze bassins. L’eau est régénérée grâce à des algues planctoniques qui transforment les déchets issus de l’élevage (nitrate et phosphate) en matière exploitable par la faune aquatique du marais. Lors de notre rencontre avec le directeur du site, M. Bruant, celui-ci nous a expliqué que le site se prêtait également, particulièrement bien, à la production d’algues.
Dans un contexte économique assez tendu sur le secteur de La Brée-les-Bains, la culture des algues pourrait être une nouvelle source de revenus dans la région, les anciens bassins de marais salants se prêtant très bien à cette activité. Un dialogue pourrait être ouvert entre les différents acteurs locaux à ce sujet mais, faute de concertation commune, cette idée ne reste que théorique. La principale interrogation est de savoir si l’on peut réexploiter les anciens bassins de marais salants laissés à l’abandon depuis des décennies pour autre chose que de la saliculture. Il faudrait également essayer de comprendre quel impact la création d’une telle activité aurait sur la faune et la flore sauvage qui ont repris possession des lieux.
Nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer et échanger plusieurs fois avec Monsieur et Madame BONATTI qui sont depuis quelques années les tout derniers saulniers de La Brée-les-Bains. Mais plutôt que de dire « les tout derniers saulniers », nous devrions plutôt dire « les tout premiers », termes plus adaptés car cela faisait très longtemps qu’il n’y avait plus d’activité de saliculture sur cette commune. Installés depuis 2017, ces passionnés du patrimoine culturel, paysager et environnemental de leur région font de nouveau « sauner le marais ».
Ces passionnés nous ont expliqué le fonctionnement de leur marais, ainsi que les interactions qu’ils ont avec la nature qui les entoure. Le marais salant évolue tout au long de l’année en se transformant progressivement. En hiver, le saulnier va inonder son marais afin de le protéger des intempéries et de l’érosion. Le marais va se transformer alors en une grande étendue d’eau. La saison hivernale est la saison la plus calme pour les saulniers. A la fin de l’hiver, le paysage se transforme de nouveau. Le marais est vidé et les bassins sont ainsi dévasés : tout ce travail est fait manuellement. La saison de récolte du sel s’étend de juin à septembre, quand les jours sont les plus longs et les plus chauds. Le sol du marais salant étant en argile, il joue un rôle de catalyseur en absorbant la chaleur la journée et en la renvoyant la nuit lorsque la température descend, permettant également une évaporation du bassin pendant cette période. Un autre élément très important pour le saulnier est le vent qui accélère considérablement l’évaporation des bassins.
En parcourant progressivement un circuit ingénieux, long de plusieurs kilomètres et en descendant petit à petit différents paliers, l’eau va progressivement se charger en sel. Au départ, la densité de sel est de 30 g/l ; chaque palier va augmenter cette densité jusqu’au point de cristallisation à 280 g/l au bout de deux semaines. A ce stade, le sel va cristalliser en surface, former la fleur de sel, beaucoup plus aérée que le gros sel. Cette fleur de sel se récolte en fin d’après-midi tous les jours. Si, par manque de temps, elle ne peut être récoltée, avec le surplus d’humidité du soir et l’augmentation de la teneur en sel jusqu’à plus de 300 g/l, cette fleur de sel si précieuse va couler et devenir du gros sel. Les dernières zones où le sel se cristallise s’appellent des aires (carrés de 5m/5m) ; chaque aire peut produire jusqu’à 50 kg de sel tous les deux jours et produire ainsi 1 tonne de sel à l’année. Une fois que le sel est récolté, il faut attendre 1 an avant que celui-ci ne soit sec.
Le marais salant abrite une multitude d’espèces animales et végétales typiques de ces zones. Les plantes qui poussent directement sur les bords du marais sont des plantes halophiles, c’est-à-dire qui poussent dans les milieux salés, telle que l’obione ou la salicorne qui sont des plantes comestibles.
Il abrite également d’autres plantes comestibles comme le Maceron, plus communément appelé le Poivre des marais, avec un goût unique, qui accompagne parfaitement les poissons. Nous rencontrons aussi des asperges sauvages, des artichauts, de la moutarde, une plante qui se nomme le nombril de Vénus, au goût de concombre et beaucoup d’autres encore.
M. BONATTI, nous a raconté qu’il faut presque 10 ans pour un saulnier afin de bien connaître son marais. Un dicton local montre à quel point la connaissance de son marais et des niveaux d’eau à l’intérieur est important pour un saulnier « Trop d’eau, c’est la honte, pas assez d’eau, c’est pire que la honte ».
Autrefois, l’île comptait plus de 800 saulniers à son apogée, à présent, ils ne sont plus que neuf. La grande force de ces derniers saulniers est la réelle volonté de pratiquer et de redévelopper sur l’île ce métier difficile. Ils ont réussi à trouver une entente entre eux afin de s’entraider sans se nuire. L’île d’Oléron a un très gros potentiel pour le développement de la saliculture qui ne serait pas incompatible avec la préservation de l’environnement et des marais. L’île de Ré voisine a atteint sa capacité maximale d’accueil de saulniers, alors que l’île d’Oléron possède encore beaucoup de marais inexploités.
Cette activité économique n’a pas d’entrant nuisible, tout est fait manuellement et sans produits chimiques. Les micro-organismes qui évoluent dans le marais sont bénéfiques pour toute la chaîne alimentaire. Beaucoup d’oiseaux viennent se nourrir des petits crustacés présents et même certains oiseaux comme les Avocettes élégantes ou les Echasses Blanches viennent se reproduire sur le site.
De plus, l’eau restante, rejetée tous les 15 jours à la mer, est extrêmement riche en plancton qui profite à une multitude d’organismes et de coquillages.
Les saulniers d’aujourd’hui sont demandeurs d’actions simples et efficaces pour favoriser les habitats et permettre ainsi à la biodiversité de s’installer. Des échanges commencent à avoir lieu avec la section des espaces naturels de la communauté de communes. Cette dernière apporte certaines connaissances et aide les saulniers à travailler avec la faune et la flore qui les entourent. Grâce à l’installation de nichoirs par exemple, la biodiversité au cœur des marais salants augmente.
La gestion des canaux primaires et secondaires est attribuée à la commune, celle-ci fait le maximum afin d’éviter l’assèchement de ces canaux et la rupture de circulation de l’eau. Le plus gros problème sera la gestion des canaux tertiaires : ce sont des petits canaux qui sont souvent sur des terrains privés et qui alimentent la plus grande partie des terres intérieures. La rupture de cette alimentation en eau provoque un assèchement du marais et une eutrophisation de certaines zones. Il serait intéressant d’entamer une campagne de sensibilisation auprès des propriétaires privés de terrains à l’intérieur du marais afin qu’ils comprennent les enjeux d’entretenir ces canaux. En effet, il faut que les propriétaires comprennent que le fait d’avoir une bonne circulation d’eau à l’intérieur du marais permet à la biodiversité de se développer, que le marais soit exploité ou non. Il est aussi très important qu’ils sachent que la bonne santé des canaux dépend de l’ensemble des propriétaires. Si l’un des propriétaires n’entretient pas sa partie, cela peut provoquer un envasement sur un secteur puis, petit à petit, la rupture de circulation d’eau et l’assèchement d’une zone entière.
Afin de redonner une dynamique à ce marais, la communauté de communes achète progressivement certaines parcelles et souhaite pouvoir les mettre en location pour des saulniers. Mais, avant la remise en service d’un marais salant, il faut évidemment réaliser des études d’impact. Le conservatoire du littoral réalisera des diagnostics de parcelles afin de dire si oui ou non cette nouvelle activité saulnière aura un impact sur la faune et la flore locale. Pour limiter l’impact écologique sur l’ancien marais, la communauté de communes donnera des préconisations aux saulniers : la pratique de fauches tardives, le maintien de zones en eau douce, un mode de pâturage doux avec du bétail. Il faudrait également les sensibiliser à propos des espèces principales qui peuvent être présentes sur leur marais et leur expliquer comment vivre harmonie avec elles.
Afin que le sel de l’île d’Oléron soit reconnu, il serait intéressant d’arriver à créer un label propre au secteur comme une AOP (Appellation d’Origine Protégée) ou une IGP (Indication Géographique Protégé), cela apporterait une réelle plus-value au travail effectué par les saulniers. Le sel ne peut pas avoir d’appellation Bio, car il est d’origine minérale ; seule la culture organique (du vivant) peut avoir une telle appellation.
II- Diagnostic écologique :
Nous avons aussi réalisé un diagnostic écologique sur la commune, en réalisant des inventaires sur la faune et la flore présentes dans les lieux que nous avons énumérés dans le diagnostic paysager. Nous avons donc mis en place quatre protocoles d’inventaires.
Le premier concerne les oiseaux : il s’agit d’un protocole de points d’écoutes. Pour le mettre en place nous avons commencé par situer des points sur la commune qui pourraient être intéressants au niveau ornithologique en passant dans chaque milieu présent dans la commune sans oublier le milieu urbain. Après la sélection de nos points (9), nous sommes partis aux alentours de 4h30 du matin pour arriver sur notre premier point d’écoute vers 5h. Il a suffi par la suite de rester 20min sur chaque point d’écoute pour analyser les chants entendus et les oiseaux que nous avions observés. En tout, nous avons réalisé le protocole quatre fois, dont deux fois au mois de juin et deux fois au mois de juillet.
Pour répertorier les végétaux, nous avons mis en place deux protocoles correspondant à deux méthodes, une pour les milieux ouverts se nommant « carré de végétation à accroissement progressif », et une autre méthode nommée « carré de végétation à accroissement en hélice » utilisée pour les milieux fermés. Au total nous avons réalisé une dizaine de carrés de végétation. Les carrés de végétation consistent à quadriller un périmètre et à identifier la végétation en son sein. L’un d’eux se fait en milieu ouvert (ex : une prairie), l’autre dans un milieu fermé (ex : forêt).
Le dernier protocole réalisé se nomme « Chronoventaire », ce protocole sert à inventorier les Rhopalocères (papillon de jours). Il suffit de lancer un chronomètre de 20min et de noter les espèces rencontrées durant ce temps.
Nous avons aussi trouvé d’autres espèces en dehors des temps de protocole, que nous avons observées lors de nos sortis sur la commune.
Tableaux d’inventaire :
Code UICN :
1) Inventaire Faunistique :
Avifaune
Nom scientifique | Nom vernaculaire | INPN Français |
INPN
Nouvelle Aquitaine Poitou Charente |
Hydrobates pelagicus | Océanite tempête | VU | DD |
Cygnus olor | Cygne tuberculé | LC | NA |
Tadorna tadorna | Tadorne de belon | LC | LC |
Anas platryrhynchos | Canard colvert | LC | LC |
Anas clypeata | Canard souchet | LC | VU |
Anas querquedula | Sarcelle d’été | NT | CR |
Alectoris rufa | Perdrix rouge | LC | DD |
Phalacrocorax carbo | Grand cormoran | LC | VU |
Ardea cinerea | Héron cendré | LC | LC |
Ixobrychus minitus | Blongios nain | EN | CR |
Bubulcus ibis | Héron garde-boeufs | LC | LC |
Egretta garzetta | Aigrette garzette | LC | LC |
Casmerodius albus | Grande aigrette | LC | NA |
Buteo buteo | Buse variable | LC | LC |
Circus aeruginos | Busard des roseaux | LC | VU |
Milvus migrans | Milan noir | LC | LC |
Falco tinnunculus | Faucon Crécerelle | LC | NT |
Fulica atra | Foulque Macroule | LC | LC |
Gallinula chloropus | Gallinule poule-d’eau | LC | NT |
Recurivrostra avosetta | Avocette élégante | LC | VU |
Himantopus himantopus | Echasse blanche | LC | NT |
Charadrius alexandrinus | Gravelot à collier interrompu | VU | EN |
Vanellus vanellus | Vanneau Huppé | LC | VU |
Arenaria interpres | Tournepierre à collier | LC | LC |
Tringa totanus | Chevalier gambette | LC | VU |
Chroicocephalus ridibundus | Mouette rieuse | LC | VU |
Larus michahellis | Goéland leucophée | LC | VU |
Streptopelia decaocto | Tourterelle turque | LC | LC |
Columba palumbus | Pigeon Ramier | LC | LC |
Phasianus colchicus | Faisan de colchide | LC | DD |
Upupa epops | Huppe Fasciée | LC | LC |
Dendrocopos major | Pic Epeiche | LC | LC |
Dendrocopos minor | Pic épeichette | VU | NT |
Apus apus | Martinet noir | DD | NT |
Hirundo rustica | Hirondelle rustique | NT | NT |
Delichon urbicum | Hirondelle de fenêtre | NT | NT |
Anthus pratensis | Pipit farlouse | VU | EN |
Montacilla alba | Bergeronnette grise | LC | LC |
Montacilla flava | Bergeronnette printanière | LC | LC |
Prunella modularis | Accenteur mouchet | LC | LC |
Erithacus rubecula | Rougegorge familier | LC | LC |
Phoenicurus ochruros | Rougequeue noir | LC | LC |
Turdus mercula | Merle noir | LC | LC |
Sylvia atricapilla | Fauvette à tête noir | LC | LC |
Sylvia communis | Fauvette grisette | LC | NT |
Cisticola juncidis | Cisticole des joncs | VU | NT |
Parus major | Mésange charbonnière | LC | LC |
Pica pica | Pie bavarde | LC | LC |
Garrulus glandarius | Geai des chênes | LC | LC |
Corvus monedula | Choucas des tours | LC | NT |
Corvus frugilegus | Corbeau freux | LC | LC |
Corvus corone | Corneille Noir | LC | LC |
Sturnus unicolor | Etourneau sansonnet | LC | LC |
Passer domestique | Moineau domestique | LC | NT |
Carduelis cannabina | Linotte mélodieuse | VU | NT |
Carduelis carduelis | Chardonneret élégant | VU | NT |
Carduelis chloris | Verdier d’Europe | VU | NT |
Emberiza cirlus | Bruant zizi | LC | LC |
Streptopelia turtur | Tourterelle des bois | VU | VU |
Sterna hirundo | Sterne pierregarin | LC | VU |
Alauda arvensis | Alouette des champs | LC | VU |
Saxicola rubicola | Tarier pâtre | NT | NT |
Sylvia undata | Fauvette pitchou | EN | VU |
Hyppolais polyglotta | Hypolaîs polyglotte | LC | LC |
Cettia cetti | Bouscarle de cetti | NT | LC |
Acrocephalus schoenobaenus | Phragmite des joncs | LC | VU |
Acrocephalus scirpaceus | Rousserolle effarvatte | LC | VU |
Sitta europaea | Sittelle torchepot | LC | LC |
Fringilla coelebs | Pinson des arbres | LC | LC |
Serinus serinus | Serin cini | VU | NT |
Actitis hypoleucos | Chevalier guignette | LC | CR |
Emberiza schoeniclus | Bruant des roseaux | EN | EN |
Rhopalocères :
Nom scientifique | Nom vernaculaire | INPN Français |
INPN Nouvelle Aquitaine Poitou Charente |
Polyommatus thersites | Azuré des champs | LC | DD |
Macroglossum stellatarum | Moro-sphinx | / | / |
Inachis io | Paon du jour | LC | LC |
Lycaena phlaeas | Cuivré commun | LC | LC |
Colias alfacariensis Ribbe | Fluoré | LC | LC |
Pyronia tithonus | Amaryllis | LC | LC |
Lysandra bellargus | Azuré bleu-céleste | LC | LC |
Polyommatus dorylas | Azuré du Mélilot | NT | CR |
Melanargia galathea | Demi-Deuil | LC | LC |
Coenonympha pamphilus | Fadet commun | LC | LC |
Iphiclides podalirius | Flambé | LC | LC |
Thymelicus lineola | Hespérie du Dactyle | LC | LC |
Pieris rapae | Piéride de la Rave | LC | LC |
Pieris brassicae | Piéride du Chou | LC | LC |
Lasiommata megera | Mégère | LC | LC |
Pararge aegeria | Tircis | LC | LC |
Vanessa atalanta | Vulcain | LC | LC |
Papilio machaon | Machaon | LC | LC |
Mammifères :
Nom scientifique | Nom vernaculaire | INPN Français |
INPN
Nouvelle Aquitaine Poitou Charente |
Myocastor coypus | Ragondin | NA | NA |
Vulpes vulpes | Renard roux | LC | LC |
Capreolus capreolus | Chevreuil européen | LC | LC |
Sus scrofa | Sanglier | LC | LC |
Oryctolagus cuniculus | Lapin de garenne | NA | NT |
Erinaceus europaeus | Hérisson d’Europe | LC | LC |
Arthropodes et autres :
Nom scientifique | Nom vernaculaire | INPN Français |
INPN
Nouvelle Aquitaine Poitou Charente |
Atypus affinis | Mygales à chaussette | NE | NE |
Ocypus ophthalmicus | Blue Rove-beetle | NE | NE |
Eristalis arbustorum | Arthropoda | NE | NE |
Tentyria interrupta Latreille | Arthropoda | NE | NE |
Anoxia villosa | Arthropoda | NE | NE |
2) Inventaire floristique :
Nom scientifique | Nom vernaculaire | INPN Français |
INPN Nouvelle Aquitaine Poitou Charente |
Eryngium maritimum | Panicaut des dunes | LC | LC |
Euphorbia paralias | Euphorbe des sables | LC | LC |
Calystegia soldanella | Liseron des sables | LC | LC |
Festuca rubra | Fétuque à feuilles de jonc | LC | LC |
Centaurea aspera.L | Centaurée rude | LC | LC |
Dianthus hyssopifolius sbsp.gallicus | Oeillet des dunes | LC | VU |
Artemisia campestis subsp.maritima | Armoise de lloyd | LC | LC |
Lagurus ovatus | Queue de lièvre | LC | LC |
Koeleria glauca subs.glauca | Koélerie blanchâtre | LC | LC |
Eryngium campestre.L | Panicaut champêtre | LC | LC |
Helichrysum stoechas | Immortelle des dunes | LC | LC |
Ammophila arenaria | Oyat | LC | LC |
Carex arenaria | Laîche des sables | LC | LC |
Pinus pinaster aiton | Pin maritime | LC | LC |
Daphne gnidium | Sain-bois | LC | LC |
Cladanthus mixtus | Camomille mixte | LC | LC |
Cytisus scoparius | Genêt à balais | LC | LC |
Ephedra distachya | Raisin de mer | LC | LC |
orobanche | Orobanche | LC | LC |
Matthiola sinuata | Matthiole à feuilles sinuées | LC | LC |
Achillea maritima | Diotis maritime | LC | CR |
Agrimonia eupatoria | Aigremoine eupatoire | LC | LC |
Prunus domestica | Prunier | NA | NA |
Crataegus monogyna | Aubépine à un style | LC | LC |
Daucus carota | Carotte sauvage | LC | LC |
Achillea millefolium | Achillée millefeuille | LC | LC |
Trifolium arvense | Trèfle des champs | LC | LC |
Trifolium pratense | Trèfle des prés | LC | LC |
Prunella vulgaris | Brunelle commune | LC | LC |
Lotus corniculatus | Lotier corniculé | LC | LC |
Jacobaea vulgaris | Sénéçon jacobée | LC | LC |
Rubus fruticosus | Ronces s.l | / | DD |
Prunus spinosa | Prunellier | LC | LC |
Foeniculum vulgare | Fenouil commun | LC | LC |
Anethum graveolens | Aneth odorant | NA | / |
Smyrnium olusatrum | Maceron | LC | LC |
Lonicera periclymenum | Chèvrefeuille des bois | LC | LC |
Galium aparine | Gaillet gratteron | LC | LC |
Quercus robur | Chêne pédonculé | LC | LC |
Quercus petrae | Chêne sessile | LC | LC |
Quercus ilex | Chêne vert | LC | LC |
Populus alba | Peuplier blanc | LC | / |
Aristolochia clematitis | Aristoloche clématite | LC | LC |
Sinapis arvensis | Moutarde des champs | LC | LC |
Solanum dulcamara | Douce-amère | LC | LC |
Lathyrus hirsutus | Gesse hérissée | LC | LC |
Fraxinus excelsior | Frêne commun | LC | LC |
Ulmus minor | Orme champêtre | LC | LC |
Salix alba | Saule blanc | LC | LC |
Laurus nobilis | Laurier noble | LC | / |
Ligustrum vulgare | Troène commun | LC | LC |
Malva sylvestris | Mauve sylvestre | LC | LC |
Corylus avellana | Noisetier | LC | LC |
Robinia pseudoacacia | Robinier faux-acacia | LC | LC |
Vitis vignifera subsp vinifiera | Vigne cultivée | LC | / |
Papaver rhoeas | Coquelicot | LC | LC |
Dipsacus fullonum | Cabaret des oiseaux | LC | LC |
Carduus crispus | Chardon crépus | LC | LC |
Cirsium arvense | Cirse des champs | LC | LC |
Medicago sativa | Luzerne cultivé | LC | / |
Tamarix gallica L | Tamaris | LC | / |
Aacacia dealbata | Mimosa des fleuristes | NA | / |
Hedera helix | Lierre grimpant | LC | LC |
Dianthus armeria | Oeillet velu | LC | LC |
Alcea rosea | Rose trémière | LC | / |
Phragmites australis | Roseau commun | LC | LC |
Anacamptis pyramidalis | Orchis pyramidal | LC | LC |
Cornus sanguinea | Cournouiller sanguin | LC | LC |
Cupressus sempervirens | Cyprès d’Italie | NA | / |
Plantago lanceolata | Plantain lancéolé | LC | LC |
Diplotaxis tenuifolia | Diplotaxis à feuilles étroites | LC | LC |
Leucanthemum vulgare | Marguerite commune | DD | DD |
Bellis perennis | Pâquerette | LC | LC |
Helminthotheca echioides | Picride fausse vipérine | LC | LC |
Carpinus betulus | Charme | LC | LC |
Cynara cardunculus | Cardon | VU | / |
Cynara scolymus | Artichaut | NA | NA |
Cyanus segetum | Bleuet | LC | NT |
Centaurea nigra | centaurée noire | DD | / |
Althaea officinalis | Guimauve officinale | LC | LC |
Elytrigia arenosa | chiendent des sables | / | / |
Halimione portulacoides | Obione faux-pourpier | LC | LC |
Limonium vulgare | Lavande de mer/Saladelle | / | / |
Salicornia europaea | Salicorne d’europe | LC | LC |
Voici quelques photos prises lors de nos inventaires :
Conclusion
Pour conclure on voit que l’île d’Oléron possède une riche biodiversité, ainsi que de nombreux habitats et surtout une forte diversité de paysages. Durant nos deux mois de stage, nous avons appris à connaître la commune de La Brée-les-Bains et son histoire. Cette jeune commune n’a fait qu’évoluer au fur et à mesure des années. Nos nombreuses rencontres nous ont permis de constater que beaucoup de combats sont menés sur l’île et la commune pour préserver le patrimoine paysager, architectural et le patrimoine naturel. Le tourisme, très présent sur l’île et surtout sur la commune, s’oriente vers un tourisme durable.
Avec la motivation présente, l’avenir de L’île est plutôt en de bonnes mains. Nous espérons que cette volonté va perdurer et se renforcer.
Remerciements
Tout d’abord nous remercions Madame Claude Camilli pour nous avoir acceptés en tant que stagiaires au sein de l’association « Paysages Reconquis ». Ce stage nous a permis d’acquérir de nombreuses connaissances et capacités et de rencontrer de nombreuses personnes, auprès de qui nous avons beaucoup appris.
Nous remercions aussi M. Bouilly, président de la Fédération de chasse de la commune ainsi que M. Vauzelle de nous avoir expliqué comment fonctionne la chasse dans l’île d’Oléron, ainsi que ce qui est mis en place pour la gestion de ce territoire. Ils nous ont aussi fait le récit de quelques petits faits historiques sur la commune et sur l’île qui nous ont permis de mieux comprendre leur fonctionnement.
Nous remercions M. Pinard de nous avoir accueillis sur son vignoble pour nous expliquer les bases de la viticulture.
Nous remercions M. et Mme Bonatti, saulniers de la commune de La Brée-les-Bains qui nous ont fait visiter leur marais salant tout en nous expliquant son fonctionnement, son activité, en symbiose avec la biodiversité du marais, ainsi que le métier de saulnier.
Nous remercions toute l’équipe du CPIE, qui nous a renseignés sur la faune et la flore de la commune et sur ce qui a été fait sur celle-ci pour la biodiversité et nous a expliqué toutes les actions de sensibilisation menées pour la préserver.
Nous remercions toute l’équipe du Service espaces naturels de la communauté de communes, qui nous a beaucoup aidés en nous donnant de nombreux documents (inventaires, DOCOB (Documents d’Objectifs), plan de gestion…) et qui nous a reçus plusieurs fois pour répondre à nos questions.
Nous remercions M. Choteau, 4ème Adjoint au Maire, pour nous avoir reçus et avoir répondu à nos questions sur la gestion environnementale de la commune.
Nous remercions M. Bruant, directeur général de la Ferme marine du Douhet, pour nous avoir accueillis sur le site de l’entreprise et pour avoir répondu à nos questions sur la gestion du site. Nous lui avons notamment demandé si le fait d’être dans un site Natura 2000 imposait des contraintes.
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