41- Brion-Diou 25 septembre 2018

Written by Claude CAMILLI

41- Brion-Diou 25 septembre 2018

Voici une vidéo retraçant la 41ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans  cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.

Lors de cette étape sur le GR 13 puis le GR 3 en Saône-et-Loire, je grimpe sur le Signal de Mont par le Bois de la Teugne où je marche au milieu de la callune mauve, des genêts à balais et des châtaigniers. Je quitte le GR 13 pour le GR 3 qui traverse la Sologne bourbonnaise. Je visite la cité moyennâgeuse de Bourbon-Lancy puis passe devant le château de Saint-Aubin-sur-Loire avant de franchir la Loire et son canal latéral à Diou.


Voici le texte de cette vidéo:

Retour à Brion! « Salut les filles ! Toujours là ? Je vois qu’on s’occupe de vous ! »

Quant à nous, direction le bois de la Teugne sur le Signal de Mont, droit devant nous.

Laissant les derniers prés dans notre dos, nous nous enfonçons dans une belle forêt de feuillus, des hêtres et des charmes qui se reflètent dans les eaux calmes d’un ruisseau, d’une flaque plutôt que nous traversons sur une planche de bois, posée là avec bienveillance.

Le chemin grimpe bientôt à découvert. Les châtaigniers jaunissants laissent place à la callune mauve ou fausse bruyère, aux fougères dorées, et aux genêts à balais d’un vert plein de vigueur, presque printanier. Jadis la callune était considérée comme une plante magique, associée à la magie blanche, celle qui invoque les bons esprits qui induisent des effets positifs.

On dit que le genêt à balais permet aux moutons de s’immuniser contre les morsures de vipère. Par ailleurs c’est une plante mellifère (son pollen est projeté sur l’abeille qui rente à la ruche le bout du nez tout jaune). Enfin il est utilisé en permaculture pour régénérer le sol car ses racines fixent l’azote.

Nous arrivons à la jonction de notre chemin, le GR 13 avec le GR 3 venu du nord que nous allons suivre maintenant, le premier chemin de grande randonnée balisé en France et qui suit intégralement le tracé de la Loire, du Mont Gerbier de Jonc à La Baule.

La forêt est magnifique, très diversifiée : tapis de jeunes hêtres, châtaigniers adolescents, pins sylvestres adultes, s’élançant à l’assaut du ciel, fougères brunes, vieillissantes.

Daniel a fait demi-tour alors que je dégringole la face sud du Signal de Mont, ce relief isolé constitué d’épanchement de lave  qui domine les collines du Bourbonnais et ses prés familiers sur lesquels je débouche bientôt.

Cette région, appelée Sologne bourbonnaise, était réputée peu salubre jusqu’au 19ème siècle avec ses sols humides où la fièvre était endémique. Vers 1850, les bruyères sont arrachées, les bois défrichés, les étangs asséchés, les sols partout labourés, chaulés ou marnés pour amender la terre en même temps que les prairies sont drainées ou irriguées pour mettre en place l’élevage de bovins charolais.

Je longe les taillis de hautes futaies de chênes et de charmes ou les haies basses plantées de frênes, les étangs et les zones humides, presque insolites au milieu de cette désolante sécheresse et passe devant quelques fermes délabrées alors que mon regard se perd au loin vers les sombres forêts de pins Douglas.

A la sortie d’un chemin boisé, je tombe sur une plantation bien curieuse : des sculptures de fer. Il y en a partout ! Le sculpteur avec qui je bavarde longuement est un bourreau de travail. Il ne s’arrête jamais et ses œuvres, originales, sont toutes distinctes les unes des autres et ont toutes une histoire et un sens.

La route est longue car toute droite et sans charme jusqu’à l’entrée de Bourbon-Lancy.

Nous y piqueniquons dans un petit square derrière l’église du Sacré-Cœur de style néo-ogival dont les colonnes de la nef se terminent par des chapiteaux corinthiens.

Au bar « Le 1900 » nous nous offrons un café, ce n’est pas si fréquent, les bistrots des villages ayant presque tous disparus.

Quittant l’aube du 20ème siècle je fais un bond dans le temps jusqu’au Moyen-Age. En passant sous la Tour du beffroi inauguré par Philippe II le Hardi en 1389 – il était alors duc de Bourgogne – j’entre dans le vieux quartier pittoresque aux maisons à colombages. François Ier, Catherine de Médicis, Louise de Lorraine, Henri III et bien d’autres grands de ce monde sont sans doute passés au pied de cette très belle maison où, peut-être, Madame de Sévigné a elle-même séjourné.  

Je rêve un long moment dans le joli jardin à la française avant de passer sous l’enceinte médiévale et de descendre par le square de Madame de Genlis et la rue Croix Vinaigrier.

Je quitte à regret cette charmante station thermale, une des dernières de Bourgogne encore en activité.

Tiens ! Des intruses dans ce paysage du Charolais ! Qui sont ces belles vaches à la robe brune ? Des Salers sans doute, une race mixte, capable de produire du lait et de la viande de qualité. A petits pas, je me rapproche donc du Limousin ! En tout cas après toutes ces charolaises à la robe beige, presque blanche, on peut dire que la couleur capte le regard !

Je traverse maintenant la forêt communale de Germigny par une longue piste droite.
Celle-ci finit par déboucher dans un lieu bien peu accueillant, la Tuilerie de Vezon, que je dois contourner par la Croix du Palet avant de buter sur le Domaine privé du château de Saint-Aubin-sur-Loire qui oblige le GR à faire un grand détour.

Le voici enfin ce domaine dont l’entrée est clairement indiquée comme interdite par plusieurs panneaux.

Classé au titre des monuments historiques, ce château, construit vers 1770, domine la rive droite de la Loire. Son architecture classique prend modèle sur l’Antiquité, alors symbole de pureté, de simplicité et de morale. De fait la façade avec son fronton triangulaire est vraiment harmonieuse. Au milieu du 18ème siècle, peu avant sa construction, Madame de Genlis cette femme de lettres française contemporaine de Madame de Staël et de George Sand , et qui a été aussi gouvernante du dernier roi de France Louis-Philippe, cette femme donc passa son enfance dans l’ancien château-fort.

Passant devant ce stade j’en apprécie particulièrement l’avertissement de son panneau.

Petites routes et sentiers me conduisent, à travers prés et forêts, au hameau de la Brosse puis au bord de la Loire. Je traverse celle-ci que l’on considère être le dernier fleuve sauvage d’Europe. Chère Loire qui impose, ainsi que l’indique le panneau, ses méandres, ses « boires » c’est-à-dire ses bras morts, ses plages de galets et de sable, ses ripisylves aux peupliers et saules argentés.

Puis je longe son canal latéral jusqu’aux faubourgs de Diou.

C’est ici que je quitte avec nostalgie le département de Saône-et-Loire pour débuter la traversée de celui de l’Allier. Je quitte progressivement la Sologne bourbonnaise, sans m’attarder pour autant dans le doux Val de Loire. Celui-ci est classé Site Natura 2000 ; il abrite 200 espèces d’oiseaux dont l’Œdicnème criard, le Balbuzard pêcheur et la Sterne Pierregarin. Dans le fleuve migrent la lamproie marine, la grande alose et le saumon Atlantique.

Ce soir nous nous installons au camping du plan d’eau de Pierrefitte-sur-Loire, petit village proche du canal latéral, entre Diou à l’ouest et Digoin à l’est.


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