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Col de la Schlucht – Le Markstein
23 septembre 2017
Voici une vidéo retraçant la 14ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Journée de crêtes et de hautes chaumes en plein cœur du parc naturel régional des Ballons des Vosges. Harde de chamois. Réserve naturelle de Frankenthal-Missheimle au sommet du Hohneck, Réserve naturelle du Rothenbach, Conservatoire des Sites Alsaciens. Cuivré de la Bistorte, Alchemille pâlissante, Pulsatille des Alpes…Rothenbachkopf et station de ski du Markstein…
Voici le texte de cette vidéo:
J’étais bien la seule ce matin à peupler cet hôtel du Chalet : il semble bien que c’est surtout en hiver avec les skieurs, que le col de la Schlucht s’anime.
Grand soleil encore pour cette nouvelle journée de crêtes et de hautes chaumes en plein cœur du parc naturel régional des Ballons des Vosges ! Ces crêtes qui délimitent le département du Haut-Rhin, côté Alsace et celui des Vosges, côté Lorraine.
Je m’élève en sous-bois le long de la rupture de pente qui domine de sérieux précipices côté alsacien c’est-à-dire côté est pour déboucher sur les pâturages vers l’auberge des Trois-Fours.
Je pénètre alors dans la réserve naturelle de Frankenthal-Missheimle avant de longer la crête toujours mais de nouveau en sous-bois.
Chance ! Incroyable : une harde de chamois vaque paisiblement à ses occupations à quelques pas de moi seulement, me permettant de les observer longuement en silence.
Je m’arrache à ce spectacle rare et retrouve les chaumes dont le sol granitique composé d’une fine couche d’humus est très fragile. Le piétinement des promeneurs érode les sentiers et la pluie lessive alors le sol faisant disparaitre la végétation.
Au loin le sommet du Hohneck finit par se rapprocher. Il domine des parois abruptes, creusées de ravins vertigineux, domaine des chamois et des oiseaux de proie.
A l’opposé, vers l’ouest et la Lorraine, les pentes douces, tout en rondeurs, sont le domaine des belles vaches de la race vosgienne, blanches et noires.
C’est donc lui ce bâtiment tout gris qui se signale de si loin, longtemps point de mire de ma journée d’hier. La table d’orientation m’indique la direction de Langres et de Remiremont, but de ces dix journées de marche. Le Hohneck, 1363 m, est le troisième sommet des Vosges…
Ici, ma décision est prise : j’opte pour la variante par les crêtes et je quitte donc le cheminement principal du GR5 lequel fait un long détour par le lac de Schiessrothried et le village de Mittlach avant de retrouver les crêtes et la variante nettement plus au sud.
Au petit col du Wormspel, je laisse à ma gauche le sentier des névés, impraticable en conditions hivernales, ce qui, je dois le reconnaître n’est pas vraiment le cas aujourd’hui.
Dernier regard en arrière vers le sommet du Hohneck, long cheminement sur les vertes croupes herbeuses – je chemine bien sur des ballons !- et plongée du regard vers l’ouest sur le lac de la Lande, les pistes de ski de la Bresse et les lointains horizons lorrains, vallonnés et violets.
Le sentier s’éloigne quelques instants de la ligne de crête pour éviter le sommet du Kastelberg. Je franchis les pistes de ski du même nom et descends au col de Firstmiss.
C’est maintenant le lac d’Altenweiher que je laisse sur ma gauche en contrebas et à peine plus loin, celui de Blanchemer sur ma droite avant d’arriver au sommet du Rainkopf, 1305 m.
Toujours au cœur du pnr des Ballons d’Alsace, au cœur aussi du site Natura 2000 des Hautes-Vosges, je traverse la réserve naturelle du Rothenbach qui protège, m’indique un panneau, le rare papillon Cuivré de la Bistorte, l’Alchemille pâlissante ou encore la Pulsatille des Alpes.
Le Conservatoire des Sites Alsaciens entretient les chaumes, restaurant les sols ravinés, luttant pour conserver la biodiversité.
Derrière moi et devant moi se succèdent les ballons dont les sommets culminent tous autour de 1300 m. Le suivant est le Rothenbachkopf que j’atteins par le col de Rothenbach. Certains l’appellent « le Cervin des Vosges ». N’exagérons rien. Cependant ses flancs est présentent des pentes rocheuses très escarpées.
Tout le long de cette variante la vue est magnifique : vallée de Munster jusqu’à Colmar à l’est, crêtes sans fin au nord, avec le Honheck et au-delà le Tanet-Gazon du Faing, ma route d’hier, et au sud, ma route prochaine avec le Grand Ballon et le Ballon d’Alsace.
J’arrive ainsi au col du Herrenberg où la variante que j’ai suivie est rejointe par le GR5.
Myrtilles, callunes, hêtraies d’altitude m’accompagnent jusqu’au col du Hannenbrunnen. J’aperçois maintenant la ferme auberge du Steinlebach et la route des crêtes parcourue par d’innombrables motards qui rompent le silence, tels d’effroyables bourdons totalement intempestifs.
La station de ski du Markstein est maintenant en vue. En traversant ses pistes, je l’atteins rapidement. Je suis accueillie à l’hôtel Wolf, le seul qui reste ouvert sur la station. Et je m’installe dans une charmante petite chambre. Après une savoureuse choucroute alsacienne, je fais quelques pas dehors histoire de découvrir les pistes et la luge sur rail qui domine la station. Le soleil se couche sur les brimbelles et les callunes…