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Volvic – Vulcania
8 juin 2019
Voici une vidéo retraçant la 49ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Partant de la petite ville thermale de Volvic au pied septentrional de la chaîne des Puys, cette étape me conduit à travers les premiers volcans de la chaîne: Puy de la Nugère, de Jumes, puy de la coquille jusqu’au site de Vulcania.
Voici le texte de cette vidéo:
Volvic ! Sur la carte de France je suis enfin à « l’aplomb » de la frontière espagnole au sud de Perpignan ! Il me reste à « dévaler » la Chaîne des Puys, l’Aubrac, les Causses et le Languedoc !
Je pars du camping Pierre et sources, de Volvic. Daniel me suivra avec le petit bus et m’accompagnera lorsqu’il ne souffrira pas trop de sa hanche. Je grimpe vers la belle église de Saint-Priest qui, au 11ème et 12ème siècle, entretient des relations étroites avec Cluny, son abbaye de tutelle. Cluny qui se développera jusqu’à la révolution sur tout le continent européen et qui, avec ses 1 500 « lieux clunisiens », rayonnera sur les plans spirituel et artistique bien sûr mais aussi social et économique.
Le GR 441 que j’ai rejoint passe devant la Maison de la Pierre, la source de Volvic et l’espace d’information sur cette eau minérale naturelle, longe la réserve naturelle des Cheires et Grottes de Volvic puis s’élève dans la forêt.
L’exploitation des carrières de trachyandésite du volcan de la Nugère remonte à 600 ans. Je lis que la coulée a créé en se refroidissant une mosaïque de blocs que le carrier doit désencastrer les uns des autres. L’extraction s’effectue maintenant à ciel ouvert et les carrières doivent être rebouchées en fin de chantier mais les lieux restent marqués par d’anciennes crevasses recolonisées par la végétation qui donnent au paysage un aspect lunaire étonnant.
Je passe au pied du Puy de la Nugère, le premier d’une longue série puis débouche au Col de la Nugère où Daniel m’attend sur la D943 qui relie Volvic à Pontgibaud.
Petite contorsion dans le déroulé du trajet : comme le temps se détériore demain, nous profitons de cet après-midi ensoleillé pour grimper au Puy de Dôme plus au sud, laissant la section Col de la Nugère – Vulcania pour demain matin. Mais je rétablis ici l’ordre du déroulement naturel.
A travers une belle forêt de hêtres puis une sapinière, je grimpe sur le puy de Jumes avec Daniel puis seule sur le puy de la Coquille.
Ces deux cônes de type strombolien qui culminent vers 1 160 m sont formés de scories basaltiques caractérisés par une lave assez fluide qui filtrent l’eau jusqu’à une nappe phréatique. Il s’agit de capter et de stocker cette eau pluviale dans un périmètre rigoureusement protégé, l’impluvium des eaux de Volvic, pour conserver sa qualité. Cette eau finit par rejaillir le long de la faille de la Limagne.
Les cratères de ces puys sont peu profonds. Voici celui du Puy de Jumes occupé par un milieu ouvert de landes à callune et de pelouses sèches. Autrefois les moutons entretenaient cette lande qui grimpait jusqu’aux sommets des puys. Mais ceux-ci ont été progressivement envahis par les noisetiers, les pins sylvestres, les bouleaux ou les saules. Et le paysage est désormais fermé.
De loin en loin je vois des fragments de lave qui ont été projetés lors d’une éruption. On les appelle des bombes volcaniques qui ont pu être expulsées à plusieurs kilomètres. Je lis qu’elles prennent leurs formes pendant leur envol et en se refroidissant avant de toucher le sol.
Des murets en branchages tressés délimitent le sentier et de part et d’autre de celui-ci, les zones érodées par les touristes sont protégées par des tapis en coco qui aident la végétation à repousser. Ils disparaîtront au fil du temps.
Du sommet on aperçoit les petits puys du nord de la chaîne ainsi que le Puy de Dôme au sud.
Je passe un petit col au milieu des genêts et des tapis de violettes et remonte au sommet du Puy de la Coquille d’où se détache au loin, déjà plus nettement, le Puy de Dôme et, précédant celui-ci, le Puy des Gouttes, le Puy Pariou et bien d’autres. Mais plus près de moi, voici le Puy Chopine vers lequel je m’achemine à travers une belle forêt diversifiée de hêtres, de conifères, de noisetiers et de saules.
La Chaîne des Puys est une terre d’estive. De mai à octobre, ce ne sont pas moins de 6 400 ovins et 250 bovins qui sont conduits à travers les volcans. Le maintien des estives est important pour l’activité économique mais aussi pour conserver la lisibilité des paysages.
En chemin, dans les prairies, je retrouve mes bousiers préférés, les géotrupes du fumier. Grâce à ce coléoptère reconnaissable à sa carapace bleue métallisée, les pâturages restent fertiles : Il joue un rôle essentiel dans le recyclage des excréments et donc participe à la qualité des sols.
Je prends bien soin de contourner les troupeaux sans faire de bruit.
Je débouche bientôt sur les crêtes du cratère du Puy des Gouttes d’où une vaste vue se dégage d’un seul coup : le site de Vulcania à mes pieds construit à côté d’une ancienne carrière qui malheureusement enlaidit le paysage, le puy de Côme parfaitement dessiné et dont les pentes sont recouvertes de boisements alignés, et enfin le Puy de Dôme, reconnaissable entre tous
J’atteins la jonction du GR 441 avec le GR 4. Ce GR 4 relie l’Atlantique à la Provence, de Royan à Grasse. Je dévale maintenant la crête puis les pentes du volcan jusqu’à la départementale 941 où, après un dernier coup d’œil sur le Puy des Gouttes, je retrouve Daniel.
Ce soir nous rejoignons Pontgibaud et le charmant camping municipal de la Palle, au bord de la Sioule.