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Lugarde – Cheylade
Vendredi 14 juin 2019
Voici une vidéo retraçant la 55ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Sur le plateau du Cézallier, les zones humides sont omniprésentes : sagnes, sagnolles, narses. Le conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne a mis en place un programme de préservation et de gestion, appelé « le réseau sagne, un programme qui se mouille ! ». Il est question aussi du village de Saint-Saturnin et du plateau basaltique du Limon.
Voici le texte de cette vidéo:
Mauvais temps de nouveau ce matin ! J’ai profité de l’unique journée ensoleillée, celle d’hier, pour gravir le Puy de Sancy réservant le temps plutôt maussade pour la traversée du plateau du Cézallier où je poursuis mon chemin à partir de Lugarde.
Un artisan chaumier passionné est passé par ici. Le toit de chaume, isolant naturel, thermique et phonique, est insensible à toutes sortes d’intempéries, neige, grêle, pluie ou vent.
Originellement, le village de Lugarde était un lieu de culte dédié au dieu celtique Lug. Du château fort qui surplombait les gorges de la Santoire et dont on dit qu’il possédait un souterrain s’enfonçant très avant dans la montagne, de ce château, il ne reste que des ruines.
C’est un Daniel déterminé et bien couvert car il fait froid, qui m’accompagne sur quelques kilomètres. Je poursuis sur le plateau du Cézallier, traverse la ligne du petit train touristique, le Gentiane Express, longe les zones humides omniprésentes dans le paysage, ces zones que l’on nomme sagnes, sagnolles, narses et que l’on s’attache à préserver après les avoir consciencieusement détruites. Le conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne a mis en place un programme de préservation et de gestion, appelé « le réseau sagne, un programme qui se mouille ! »
Je passe devant de belles fermes traditionnelles qui autrefois servaient à la fois de lieu d’habitation et de lieu de travail. Elles abritaient la famille et le troupeau. On y vivait donc dans des conditions difficiles, dans ce milieu des hauts plateaux, souvent glacial en hiver.
La petite route pleine de charme se tortille dans un paysage de bocage, vert et blanc, multicolore tant les fleurs des prés explosent le long des chemins ou dans les grasses prairies.
Je parviens en fin de matinée au village de Saint-Saturnin où Daniel m’attend. Nous y pique-niquons bien au chaud dans le California auprès de l’église. Celle-ci est inscrite au titre des monuments historiques. Son chœur polygonal date du 12ème siècle.
Je repars sur un chemin littéralement noyé dans les hautes herbes que je foule avec précaution pour épargner les magnifiques fleurs pourpres dont j’ignore malheureusement le nom.
Je grimpe sur le plateau basaltique du Limon, un plateau d’estives situé entre les étendues du Cézallier et les crêtes du Puy Mary, délimité par la vallée de L’impardine à l’est et celle de Cheylade à l’ouest.
Je longe de belles bâtisses, de petites demeures seigneuriales, sinistres pourtant car mal entretenues, faute sans doute de financement.
Je n’ai pas croisé beaucoup de Salers, ni de Charollaises, ni d’Aubrac (car ici les troupeaux sont composites) mais voici de beaux chevaux à la robe sombre.
Au loin je devine les Monts du Cantal avec le Puy Mary où, si tout va bien, je devrai arriver dès demain soir. Pour l’instant, je m’arrête vers le buron de Chichourle, un nom drôle qui me fait rire, sans doute parce qu’il m’évoque l’accent chantant du sud.
Je m’arrête beaucoup plus tôt qu’habituellement car ce soir Daniel participe à une vidéoconférence. Le Wifi étant nécessaire, nous décidons de nous offrir une chambre d’hôtel au village de Cheylade, un peu à l’écart du GR. Au Grand hôtel de la vallée, chauffage central et eau courante ! Le luxe !