64- La Canourgue – Les Vignes

Written by Claude CAMILLI

64- La Canourgue – Les Vignes

2 septembre 2019

Voici une vidéo retraçant la 64 ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.

Cette étape me permet de traverser le causse aride du Sauveterre et d’arriver au Point Sublime avec sa vue époustouflante sur les gorges du Tarn. Fermes caussenardes typiques aux toits de lauzes, hameaux à l’architecture traditionnelle parfaitement conservés, forêts et rares cultures , terre des troupeaux de brebis.

Voici le texte de cette vidéo:

Réveil très tôt ce matin ! Je tourne le dos au camping endormi, traverse le Lot et longe dans la nuit l’avenue déserte qui me conduit de Banassac au centre de La Canourgue, ce bourg moyenâgeux niché dans sa vallée entre Aubrac et Grands Causses.

Je jette un coup d’œil  sur les hérons sculptés qui pataugent dans l’eau. Canaux, béals, lavoirs, fontaines et ponts, cette ville est nommée par ses habitants -certes un peu exagérément- « Petite Venise lozérienne ».

Grimpant à l’assaut du Causse du Sauveterre, je domine bientôt les maisons, pour certaines à encorbellement, qui sommeillent en contrebas. Le GR 6 s’élève sous le rocher de Roqueprins surmonté d’une antenne, passe devant une dernière ferme et s’enfonce dans la forêt.

Le soleil se lève doucement, s’échappant du Mont Canis à l’est, dorant les cimes des arbres et progressivement leurs gigantesques troncs.

La forêt avec ses couleurs matinales est une fête. Les feuillages aux cent nuances de verts, les herbes folles couleur paille, la piste en terre au rouge carmin, les lisières sombres, les affleurements rocheux à l’approche du plateau, couleur sépia,  les baies noires ou vermillon, flamboyantes sous les rayons, et le ciel enfin passé en quelques instants du bleu nuit au bleu azur, tout ceci, osons le dire, est aussi admirable qu’une cantate de Bach…

Le Causse solitaire s’ouvre à moi. Il est vaste. J’ai toute la journée pour le parcourir.

Sauveterre ou Terre sauve, une terre de refuge autour d’une église, « une sauveté » où il était interdit de poursuivre les fugitifs, celle-ci étant rattachée au monastère de Sainte-Enimie.

Entre quels massifs, par quels cours d’eau est-elle cernée cette terre ? Tournons dans les sens des aiguilles d’une montre : au nord-ouest par l’Aubrac– j’en sais quelque chose- au nord-est par la Margeride, et bien sûr à mes pieds par la vallée du Lot qui coule résolument vers l’ouest, à l’est par les Cévennes avec le Mont Lozère, au sud pour les jours prochains, par les gorges du Tarn, par le causse Méjean et le causse Noir et enfin à l’ouest par le causse de Sévérac et le causse Rouge… Deux causses que je n’aurai pas la joie de traverser.

J’avance sur le sol calcaire, face au Serre de la Garde jusqu’au hameau des Rouges Parets dont les maisons et le lavoir sont en pierres sèches, calcaires bien sûr. Je suis surprise par les curieuses étables aux toits de lauzes, trapues car l’hiver est rude, étables et peut-être bien maisons d’habitation autrefois.

Le GR 6 se poursuit à travers le plateau aride, couvert de champs et de bois de pins. Il laisse le GR de pays Tour du Causse du Sauveterre partir à l’ouest, passe devant une citerne abandonnée couverte de mousse et remplie d’algues dont la voûte est en coupole. C’est qu’ici, l’eau est rare. Les maisons ne disposent de l’eau courante que depuis les années 1970.

Le sentier contourne la ferme de Malavialette puis s’élève dans la forêt de pins sylvestres pour passer un col à peine perceptible et redescendre au Ricardès.

Je reconnais tout de suite la cheminée du four à pain, puis le four lui-même et enfin son entrée qui sert fâcheusement de garage. La ferme caussenarde est ici typique, toute en pierres bien sûr et le toit en lauzes ; elle est fortifiée, sans doute construite avant le 18ème siècle et présente trois niveaux : la bergerie voûtée au rez-de-chaussée, la maison d’habitation à l’étage et, au-dessus, le grenier tous deux voûtés également.

A la ferme suivante, la Vayssière, le potager est étrangement clos de hauts murs et se termine par une singulière tour ronde, très basse. Peut-être l’arrière d’un four à pain?

Je parcours plusieurs kilomètres, traverse une départementale qui mène au Massegros et, bien que la route soit encore longue, je me permets un détour –  que je ne vais pas regretter ! – par le hameau de Soulages. Je m’y promène lentement, admirant l’architecture hors du temps.
Coup d’œil en arrière sur le hameau. La route traverse la Combe, une sorte de doline géante,  en fait une dépression karsto-volcanique, qui est cultivée, véritable oasis sur ce causse aride.

Aux abords de Saint-Georges-de-Lévéjac, les labours colorent le paysage. Je lis que le peuplement est très ancien ; il remonte à la préhistoire. Les avens et les dolmens en témoignent.

C’est dans ce village que Daniel va me rejoindre. Je profite de ces instants pour m’imprégner  de l’architecture étonnante de ces lieux.

On le sait, un point de vue fameux se situe à une courte distance : Le Point Sublime ! Nous faisons l’aller-retour en California pour nous y rendre. Quel spectacle ! Le Tarn coule sous nos pieds, 400m plus bas. Il fait justement ici un virage à angle droit dans le cirque des Baumes. Les gorges s’étirent des Détroits sur notre gauche au Pas de Soucy sur notre droite.  En face s’étend le Causse Méjean !

Ces falaises sont le domaine des vautours fauves et des vautours moines. C’est tout simplement époustouflant !

Nous décidons de manger au restaurant pour profiter de l’endroit. Puis je repars de Saint-Georges de Lévéjac, au milieu des champs aux tracés géométriques et aux joyeuses couleurs des labours de l’automne.

Le GR suit un sentier parallèle à la falaise, permettant de temps à autres des échappées vers les gorges.

Sur le causse les agriculteurs élèvent des brebis dont le lait sert à la fabrication du fromage de  Roquefort, de diverses tomes, et à Massegros, village tout proche, du « Salakis » et du « Lou Perac ». Par ailleurs l’agneau des causses fournit une viande de grande qualité.

A Almières les nombreuses dépendances d’une ferme typique, enfouies sous la végétation, me font rêver. Peu après, le GR amorce la descente dans les gorges, coupant les uns après les autres les lacets de la route. Les points de vue sur le Tarn et le causse Méjean sont inoubliables. Je m’enfonce rapidement dans les gorges dont les falaises sont encore ensoleillées.

Arrivée en bas au village des Vignes, qui doit son nom à la culture de la vigne au 18ème siècle, je lève le regard vers la falaise du causse du Sauveterre d’où je viens et je suis intriguée par une construction qui s’élève dans une échancrure. Est-ce un bâtiment du village de Saint-Rome de Dolan ? Peut-être le centre Pierre Monestier ?

Enfin je traverse le Tarn pour retrouver Daniel déjà installé au camping « Le Terrados » qui domine le Tarn. Nous sommes adossés à la falaise du Causse Méjean, mais nous avons la vue sur le causse du Sauveterre et sur  le village des Vignes, lequel vient de s’éclairer à la tombée de la nuit.

Quelle journée pleine de surprises et d’émerveillements !

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