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Paysages de la commune de Villebois
(Ain)
Les paysages, quels qu’ils soient, méritent toute notre attention. Même ceux qui n’ont reçu aucun label, ceux qui ne sont pas protégés -surtout ceux-là d’ailleurs-.
Ceux qui accompagnent notre quotidien.
Ce travail est inscrit dans le cadre de la Convention européenne du paysage, convention que la France a ratifiée en 2006.
Les cartes ci-dessus présentent:
– la Région Rhône-Alpes et ses 8 départements
– la Communauté de communes de la Plaine de l’Ain (33 communes dont Villebois)
– le département de l’Ain
– la commune de Villebois située en bordure du Rhône, à l’extrémité est de la communauté de communes de la Plaine de l’Ain
(Etrangement, la commune de Villebois n’est pas rattachée à la communauté de communes de Rhône-Chartreuse de Portes, comme il serait logique, mais à celle de la Plaine de l’Ain et donc cette commune ne fait pas partie du Pays du Bugey.)
– les Sites Natura 2000 (au nord-ouest, voir Sault-Brénaz et Souclin)
– Le Rhône près de Villebois
Situation/Identité
Commune :Villebois (1110 habitants), située à 60 km au nord-est de Lyon
Communauté de communes : Communauté decommunes de la Plaine de l’Ain
Département : Ain
Région: Rhône-Alpes
Un territoire : Le Bugey
Parc Naturel Régional : non
Parc National : non
A 60 km à l’est de Lyon, la commune de Villebois est adossée aux derniers contreforts du Bugey. Elle descend de la ligne de crêtes du massif des Portes qui culmine vers 1000 m, dernier bastion sud du Jura, jusqu’aux berges du Rhône et présente une belle falaise qui se prolonge par une pente boisée, autrefois recouverte de vignobles, et se termine par un plateau cultivé qui descend en pente douce vers le fleuve majestueux. Blottis au pied de la falaise, sous les »demoiselles », le village de Villebois et ses hameaux de Bouis et de la Carria ne manquent pas d’atouts avec leurs maisons de pierre aux façades tournées vers le soleil.
Villebois s’est fait connaître dans toute la France et même à l’étranger grâce à ses carrières de pierre de taille. Les carriers, très nombreux à la fin du 19 siècle, cultivaient aussi leurs vignes qui dévalaient alors des pentes jusqu’aux abords du village.
Villebois était le siège d’une intense activité avec ses chemins de fer nécessaires à l’acheminement de la pierre ; le vin, quant à lui, se retrouvait sur les tables lyonnaises. Après un long déclin, la commune est actuellement en pleine expansion démographique.
Ci-contre, le massif du Jura et sa pointe sud que contourne le Rhône…
Etat des lieux rapide
Caractéristiques fortes des paysages de la commune de Villebois
Une agriculture encore vivante
Un charme paisible..
Une nature généreuse…
Un patrimoine humain caractéristique…
Une falaise boisée, magnifique, avec ses « demoiselles »…
Un cours d’eau unique, le Rhéby…
« Le canyon du Rhéby est l’un des bijoux du département de l’Ain. Il est très esthétique, ludique, mais court et ne présente pas de difficulté particulière. Idéal pour s’initier au canyoning, avec un guide bien sûr ! La rivière serpente dans le calcaire qu’elle a creusé, formant ainsi des cascades de tuf, très reconnaissables. On appréciera entre autre le côté adhérent de la roche. S’enchainent sauts, toboggans et rappels dans cette nature verdoyante. La cascade la plus haute est la dernière, elle mesure 10 mètres. Deux passages méritent notre attention: un passage sous grotte, ainsi qu’un rappel qui disparaît dans un trou menant à la grotte suivante. On y remarquera les magnifiques concrétions de calcaire. « Source : weezigo le guide sport et nature
Une plaine… Et un fleuve magistral, le Rhône…
La Via Rhôna qui serpente le long du fleuve, depuis le lac Léman jusqu’à la Méditerranée, est une piste réservée aux déplacements doux.
Autant de lieux de loisir…
Un bâti de valeur…
Des maisons de pierres…
Un patrimoine culturel étonnant…
Eglise néogothique, ancienne maison forte de Verchère datant du 18ème siècle (l’actuelle mairie), château de Bouis, fontaines, lavoirs, four, croix, aqueduc, anciennes carrières, meules…, Villebois et ses hameaux, en particulier Bouis et La Carriaz avec son quartier latin, présentent un intérêt historique indéniable!
Ci-dessus, le monolithe de Villebois, plus grande pierre taillée extraite d’une carrière française. Erigé en 1889 à la gloire de la révolution française, elle nécessita un travail colossal: sa pose demanda trois jours d’effort et la participation de cent ouvriers.
Etat des lieux plus précis concernant d’éventuelles restaurations ou reconquêtes de paysages
A- Paysage de la commune:
1- Pollutions chimiques ou visuelles
· Décharges sauvages
Sur la commune de Villebois, il ne semble pas y avoir de problèmes tels qu’amas de pneus oubliés ou films plastiques usagés. Cependant, des décharges sauvages, nombreuses, situées près du cœur du village ou des hameaux, formaient en 2011 encore des verrues aussi inesthétiques qu’inquiétantes. Dans quelle mesure ces détritus et particulièrement ces véhicules, abandonnés là depuis des décennies sans doute, ne polluent-ils pas le sol et les eaux superficielles?
L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie nous rappelle que : « les dépôts sauvages sont interdits depuis 1975 et que se débarrasser de ses déchets encombrants sur un trottoir, au coin d’un bois ou dans une rivière est un comportement irresponsable, malheureusement encore trop fréquent. Sont considérées comme décharges sauvages tous lieux de dépôt à l’exception des centres d’enfouissement technique (CET). Il est de la responsabilité du maire de les supprimer. »
Ces cimetières peu reluisants avilissent les paysages, polluent les sols, l’air et les eaux de surface et souterraines, et si les déchets sont toxiques, créent des risques graves pour la santé publique.
La commune de Villebois ne doit-elle pas redonner au paysage dégradé son sens et son esthétique?
Par ailleurs y a-t-il des problèmes de pollution chimique, notamment d’origine agricole, en particulier viticole, ou bien encore d’origine domestique?
Qu’en est-il en particulier du réseau d’alimentation et de celui d’évacuation des eaux usées?
Le SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif) existe sur Villebois depuis 2011.
Décharge de Bouis: le rapport de l’expert CSD Azur semble montrer qu’il n’y a pas de danger réel; l’enjeu est surtout lié aux nuisances visuelles que procure l’ancienne décharge. Le dossier est maintenant dans les mains de la DREAL pour décision définitive d’une réhabilitation éventuelle. (Le cas échéant, le coût pourrait être de 110 000 €)
Compte rendu de la séance municipale du 19 avril 2011
Cours d’eau et ripisylves
Le cours d’eau passant sur la commune de Villebois est le Rhéby, affluent du Rhône, long de 8 km à peine.
« Il prend sa source à 970 m d’altitude, sur la commune de Bénonces, à proximité du col de Portes, et s’écoule au fond d’un canyon avant de rejoindre le Rhône à Villebois, en amont de l’aménagement de Sault-Brénaz. » Source: Wikipedia
Le Rhéby Photo Fred, Kazeo.com
· Qu’en est-il de la qualité physique et chimique de l’eau de cette rivière et des ruisseaux de la commune?
· Qu’en est-il également de l’entretien des cours d’eau eux-mêmes? Ainsi que des ripisylves?
· Qu’en est-il des inondations éventuelles?
· Qu’en est-il de la prévention des risques de sécheresse? La préservation des
ressources en eau est-elle assurée?
Photos prises à partir d’une vidéo Youtube
Une vidéo datée du 9 juin 2011 visible sur YouTube dénonce sans appel une pollution majeure par une carcasse de voiture de la rivière Rhéby.
« Pêcheur de Villebois, attention, même si aucun arrêté municipal n’a été posé par « principe de précaution », les truites, plus bas doivent avoir absorbé et fixé quelques molécules sympathiques : acides, plomb, vernis, peintures,… »
Notons que la mairie de Villebois a identifié le propriétaire du véhicule et qu’elle a engagé une procédure (qui n’a pas encore abouti à ce jour) pour obtenir le nettoyage du lieu.
Restaurer la qualité écologique de ce patrimoine est devenu un impératif prioritaire.
Les défis à relever dans le domaine de l’eau en France sont redoutables : réduire les pollutions urbaines, industrielles et agricoles, et s’adapter aux phénomènes extrêmes tels qu’inondations et sécheresses qui risquent d’ailleurs de s’amplifier avec le changement climatique.
Le Grenelle de l’Environnement a fixé aux agences de l’eau (établissements publics de l’Etat qui ont pour missions « de contribuer à améliorer la gestion de l’eau, de lutter contre sa pollution et de protéger les milieux aquatiques ») outre des objectifs de qualité physique et chimique de l’eau, des objectifs de restauration du fonctionnement naturel des cours d’eau. Il s’agit de restaurer la continuité écologique de ceux-ci et donc de recréer une véritable trame bleue.
2- Problèmes de perte de biodiversité
Plantes invasives : la Renouée du Japon
On peut s’inquiéter de sa présence sur la commune de Villebois. On la retrouve dans tous les milieux. Elle prospère sur cette commune.
« La Renouée est une plante qui peut mesurer 3 ou 4 mètres de haut . Elle ressemble au bambou mais avec de larges feuilles en cœur. Elle fut introduite en Europe au 19ème siècle comme plante ornementale. C’est une plante pionnière qui a la capacité de conquérir rapidement les terrains nus ou perturbés (tas de gravats, berges après une crue, talus de voie ferrée, bords de route). Elle a une croissance exceptionnelle qui peut atteindre 5 centimètres par jour et elle possède une dynamique de reproduction très efficace.
Les nuisances causées par la renouée sont multiples :
Impact sur le paysage
Les grands massifs de renouée sont synonymes d’uniformisation du paysage. En période hivernale, dès lors que ses tiges sont desséchées, elle constitue pour le riverain une disgrâce paysagère.
Impact sur la flore autochtone et sur la diversité
Dans des milieux qui lui sont favorables, elle peut éliminer pratiquement toutes les autres espèces grâce aux substances toxiques qu’elle sécrète, à son rythme de croissance élevé et à son feuillage abondant, créant un ombrage inhospitalier pour les autres espèces.
La diversité physique (habitats) diminue donc provoquant une baisse de la diversité biologique des milieux, car la faune apprécie peu les massifs denses de renouée.
Impact sur la stabilité des berges
Elle favorise les sapements de berges car son système racinaire est peu développé en dehors des rhizomes, et en hiver, la partie aérienne meurt et laisse les rives à nu, soumises à l’érosion.
Impact sur les activités humaines
Les massifs denses et parfois hauts de 4 mètres uniformisent fortement le paysage et entravent l’accès et la circulation des pêcheurs, promeneurs et agents de surveillance sur les berges des cours d’eau.Ils peuvent également porter atteinte à la sécurité routière en limitant la visibilité. »
« Sa capacité à se reproduire, à éliminer ses concurrents en font une ennemie de la biodiversité. Elle a développé une véritable stratégie de compétition envers les autres plantes »
Source: site du Conseil Général de Savoie
· Et l’ambroisie…
Cette plante est, elle aussi, présente sur la commune.
« L’envahissement progressif du territoire français par l’ambroisie constitue à la fois une préoccupation de santé publique et une menace agricole en compromettant le rendement des cultures. Les ministères chargés de la Santé et de l’Agriculture et de l’Ecologie, et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) annoncent, le 21/07/11, la mise en place de l’Observatoire de l’ambroisie. Ce dernier aura pour mission principale la coordination des moyens de lutte contre cette plante hautement allergisante. » Site Internet de l’INRA
L’ambroisie
Pour lutter contre la renouée du Japon, il est nécessaire de:
–faucher très régulièrement (pour l’épuiser)
–brûler ce qui est fauché (pour éviter la dissémination)
–planter des arbres à la place (afin de la priver d’un maximum de lumière, elle n’aime pas l’ombre)
–mais aussi, contrôler les remblais, interdire ou limiter l’importation et l’exportation de terre.
L’arrachage de l’ambroisie doit se faire au dernier moment, juste avant la fabrication du pollen, sinon elle aura le temps de repousser.
Sur la renouée, voir le site Internet de l’AD Drac-Isère -Romanche
- remaillage écologique
Compte tenu de la présence de la forêt et de nombreux champs et vignes, il ne semble pas qu’il y ait nécessité d’un remembrement en vue d’un remaillage écologique du territoire. La question se pose cependant sur la surface agricole s’étalant entre le pied des falaises et le lit du Rhône.
« Corridors écologiques : le chemin de la vie
Relier les espaces naturels entre eux afin d’assurer la libre circulation de la faune et la flore est essentiel.
Routes, zones urbaines, lignes électriques… L’homme complique les déplacements des animaux et des plantes. La croissance des infrastructures fragilise leurs besoins vitaux (se nourrir, se reproduire, se protéger…).
Afin de préserver la biodiversité de notre pays, il est impératif à l’heure actuelle de maintenir ou de recréer les corridors écologiques.
Les formes de ces derniers sont variables : cours d’eau, chemin agricole, boisement, haie… Cette approche de conservation de la nature est mise en lumière dans le cadre du Grenelle de l’environnement avec pour objectif de préserver la « trame verte et bleue ».
Site Internet de la COPAMO(Comcom du Pays Mornantais)
· Y a-t-il des bocages à restaurer, des haies à replanter?
Il semble que sur Villebois, ce problème ne se pose pas de manière fondamentale.
· Des zones humides asséchées à sauver?
Qu’en est-il?
Présence d’une zone humide?
· Des pelouses sèches en cours de fermeture ?
Est-ce le cas?…
· Espaces naturels remarquables et leur protection
Qu’en est-il des espaces naturels remarquables?
Villebois n’appartient ni à un Parc national, ni à un Parc naturel régional. Pas de site classé sur cette commune.
Qu’en est-il d’une réserve naturelle ou d’un arrêté de biotope éventuels? Du réseau européen NATURA 2000 sur la commune?
Il existe un inventaire ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique). Une ZNIEFF est » un secteur du territoire national pour lequel les experts scientifiques ont identifié des éléments remarquables du patrimoine naturel ”. (Site internet DREAL)
ZNIEFF (Bas-Bugey)
La commune de Villebois est concernée par 6 zones classées ZNIEFF; ce sont des sites d’un grand intérêt biologique. Il s’agit de Site ou proposition de Site d’Importance Communautaire (SIC/pSIC).
Les principaux milieux naturels patrimoniaux rencontrés sur la commune de Villebois sont les 5 ZNIEFF de type I et de type II:
– ZNIEFF de Type I
Pelouses sèches de Côte chaude
« Pour le département de l’Ain, le Bas-Bugey est la seconde grande région de pelouses sèches avec le Revermont. […] L’intérêt naturaliste du site est lié à la présence de pelouses sèches de type Mesobromion[…] Ces pelouses sont d’une richesse botanique exceptionnelle, souvent caractérisée par une très grande diversité en orchidées. Elles peuvent renfermer de nombreuses espèces protégées et menacées, dont certaines fortement. Elles sont aussi un habitat privilégié par de nombreux papillons.
Ces pelouses sont dans l’Ain comme partout ailleurs en régression. Ici, la principale menace qui pèse sur elles est l‘abandon des pratiques agricoles traditionnelles. Abandonnées, elles vont très rapidement être colonisées par le Buis notamment. »
Partie aval du ruisseau du Rhéby
« La partie du ruisseau du Rhéby retenue abrite l’Ecrevisse à pattes blanches. Ce crustacé est un excellent indicateur de la qualité de l’eau et des habitats aquatiques. Sa régression, en partie due aux perturbations humaines, en fait une espèce très menacée.[…] . La présence de cours d’eau de qualité (eau pure, fraîche et riche en calcium), d’arbres en bordure favorisant les caches naturelles et un fond caillouteux et sableux sont quelques critères essentiels pour la survie des populations. »
Pelouses sèches des environs de Sault-Brénaz
… » Avec la présence avérée de l’Alouette lulu ou celle plus rare de l’Engoulevent d’Europe, l’intérêt de ces pelouses n’est pas que botanique… La plupart de ces pelouses sont donc d’un vif intérêt (avec la présence d’habitats naturels et d’espèces dont la protection est considérée comme un enjeu européen en matière de conservation) et méritent toute notre attention. Certaines sont menacées de fermeture alors que d’autres sont soumises à une pression trop forte de pâturage. »
Pelouses de Sault-Brenaz
… ». Ellesrenferment de nombreuses espèces protégées et menacées, dont certaines fortement. A Sault-Brenaz, citons la Lunetière à feuilles de Chicorée, la Pulsatille rouge ou la Sisymbelle rude. Elles sont aussi un habitat privilégié pour de nombreux Lépidoptères. […] .Abandonnées, elles vont très rapidement être colonisées par le buis. […] La pelouse sèche est un lieu de refuge pour de nombreuses espèces thermophiles (recherchant des habitats chauds et ensoleillés) parmi lesquelles des papillons, et sert de zone d’approvisionnement en nourriture pour les oiseaux comme le Martinet à ventre blanc et le Circaète Jean-le-Blanc. […] Il est enfin très intéressant de noter la présence au sud d’une source carbonatée pétrifiante où le calcaire se dépose en concrétions jusqu’à former une roche (le tuf) : c’est une source pétrifiante, encore appelée tuffière. »
Iles du Rhône de Sault-Brenaz à Briord
« Ce site comporte une zone humide et une pelouse sèche : il inclut le cours du Rhône et prend également en compte une partie de ses affluents et de ses îles. Le fleuve s’élargit ici pour former un large plan d’eau très favorable à l’avifaune aquatique. Il s’agit ainsi d’un des meilleurs sites locaux pour l’observation des oiseaux d’eau migrateurs en hivernage. […] De plus, l’intérêt de certaines espèces de la faune résidente (comme le Castor d’Europe ou le Martin-pêcheur d’Europe) ajoute à la valeur de l’ensemble. »
– ZNIEFF de Type II
« Le massif du Bas-Bugey (ou «Bugey blanc ») reste, en dépit de la proximité de la vallée du Rhône et de l’agglomération lyonnaise, faiblement peuplé ; il conserve des paysages globalement très bien préservés. Entre la plaine du Rhône à 250 m d’altitude et le point culminant du massif, pourtant d’altitude modeste (Mollard de Don à 1219 m), il présente un relief accusé qui contribue à de forts contrastes de climat, de pluviométrie et de végétation.[…] Sur les versants les plus chauds dominant la vallée du Rhône, des espèces méditerranéennes (Aspérule taurine, Pistachier térébinthe, fougère Capillaire, Grande Cigale…) parviennent à s’insinuer. […] D’autre part, les falaises qui bordent le massif de tous côtés constituent souvent de bons sites de nidification de rapaces. »
« Une autre ZNIEFF de type II concerne le cours du Rhône, certaines zones humides annexes et une partie de son lit majeur.
Il est ici jalonné par une succession de défilés (aux environs de Briord, de Sault-Brénaz, de Saint-Sorlin,où le Rhône s’insinue entre le Bugey et l’Isle Crémieu. […] Cet axe demeure toujours de grande importance pour la migration des oiseaux. […] Le cours du Rhône demeure notamment un corridor écologique remarquable. Les objectifs de restauration biologique du fleuve, tant sur plan de la qualité physique que chimique sont ambitieux. […] L’intérêt paysager des lieux est manifeste. »
Source:Site Internet DREAL http://www.rhone-alpes.ecologie.gouv.fr
Des espaces naturels remarquables sur le territoire de la commune de Villebois doivent-ils faire l’objet de projets de gestion et de préservation?
NATURA 2000, ses objectifs
Avec la constitution du réseau Natura 2000, l’Europe s’est lancée dans la réalisation d’un ambitieux réseau de sites écologiques dont les deux objectifs sont : préserver la diversité biologique et valoriser le patrimoine naturel de nos territoires.
Le maillage de sites s’étend sur toute l’Europe de façon à rendre cohérente cette initiative de préservation des espèces et des habitats naturels. Le vol des oiseaux migrateurs nous rappelle avec poésie que la nature et sa préservation n’ont pas de frontières. (Site Internet de Natura 2000)
Concernant Natura 2000 et son extension éventuelle, le conseil municipal de Villebois, du 15 juin 2011, soucieux d’efficacité, déplore un manque de concertation:
« Une délibération doit être prise concernant une proposition d’extension de la zone NATURA 2000 sur plusieurs communes dont VILLEBOIS avec pour objectif la protection des espèces, la préservation de leur habitat, l’intérêt communautaire. Avis a été pris auprès de Mr Gaden et Mr Roux. Le dossier présenté comporte certaines zones non intégrées, un manque de concertation avec les représentants de la commune, les élus, les habitants, une étude de terrain incomplète qui ne prend pas en compte les sites importants à protéger. Le Conseil émet un avis défavorable motivé, à l’unanimité. »
· Vignes et vergers abandonnés
Problème?
Les vignes et arbres fruitiers représentent par excellence la vie et voir des vignes ou des vergers abandonnés est un crève-cœur.
L’exploitation tenue par des viticulteurs vieillissants n’a-t-elle pas pu être reprise par de jeunes agriculteurs?
Une vigne, surtout en automne, est un repère magnifique dans le paysage et participe à l’identité de la commune. Son abandon ne constitue-il pas un risque pour cette identité?
Par ailleurs la perte des vergers ou des vignes participe à la fermeture du paysage.
« Pour beaucoup de raisons, des espaces agricoles entiers sont délaissés. […] Peu à peu des espaces se détachent de l’activité humaine. Ces friches n’ont pas très bonne réputation; elles manquent d’esthétisme et font « taches » dans le paysage et reflètent une déprise agricole négative pour le territoire. »
Ou atout ?…
« Or ces friches, bien connues des chasseurs, forment un réseau dans le territoire propice au développement de nombreuses espèces […] Ces espace abandonnés représentent un atout pour la biodiversité. Ils sont une transition entre les zones agricoles, forestières et urbanisées, très importantes pour des espèces qui trouvent un endroit tranquille pour se développer, se reproduire, se cacher ou chasser. » L’Ouest Lyonnais Territoire et biodiversité mai 2009
Au début du siècle dernier, les vignes entouraient le village et grimpaient le long des pentes. Le vin, mis en fût, se retrouvait sur les tables lyonnaises après un trajet sur le Rhône, les tonneaux étant chargés sur les larges bateaux à fond plat, les rigues. Cette activité a été progressivement abandonnée, en même temps que l’était l’exploitation des carrières, laissant la commune sinistrée sur le plan économique.
Sur la photo ci-contre, on distingue nettement que les vignobles abandonnés ont progressivement laissé place à la forêt naturelle que l’on reconnait aux taches plus claires.
Fermeture du paysage
De nombreuses terres agricoles abandonnées s’embroussaillent progressivement. Les massifs de ronce prennent possession des prés et des vignes, les genêts s’installent, puis les jeunes arbres, premiers pas vers le retour naturel de la forêt. Les paysages changent : on parle de «fermeture du paysage ».
Deux conséquences à cette avancée de la forêt en découlent:
– une perte de biodiversité dans la plupart des cas : une faune et une flore propres à ces activités disparaissent.
– une perte de leur patrimoine agricole pour les communes concernées, et donc uneperte de leur identité, avec à terme, un risque de désintérêt pour un lieu pourtant plein de charme.
Cette question renvoie les agriculteurs et les décisionnaires politiques à la définition du métier d’agriculteur : quelle est la fonction de ceux-ci aujourd’hui, produire des denrées agricoles ou entretenir l’espace, ou bien les deux ? Quelle priorité donner à l’une ou à l’autre de ces actions? Quels moyens en temps et en main-d’œuvre leur donne-t-on? Des agriculteurs de la commune de Villebois bénéficient-ils de mesures agro-environnementales territorialisées (MAEt)?
Que fait-on en cas de non reprise d’une exploitation?
Il ne s’agit évidemment pas ici de nier l’importance de la forêt.
Elle joue un rôle tout à fait essentiel dans la fonctionnalité du territoire, notamment pour la grande faune.
Sur les deux photos ci-dessus, on constate l’envahissement progressif par la végétation (dont les plantes invasives) des zones de carrières à l’abandon.
Sur la photo ci-contre, on perçoit l’avancée de la forêt qui commence par un embroussaillement progressif des dernières « zones ouvertes », c’est à dire des prés ou des vignes, sur les pentes situées sous les falaises..
On observe la « fermeture » du paysage à l’œuvre: partout où les taches sont plus claires, la jeune forêt a remplacé prés et vignes…
Sur la photo ci-dessous, on voit que le paysage reste encore relativement « ouvert » sous la ligne de crête, à proximité du plateau.
3- Réhabilitation du petit patrimoine
Murets de pierres sèches écroulés
La commune de Villebois possède un patrimoine de murets en pierres qui longent les sentiers. Ce patrimoine est exceptionnel.
C’est un élément fort de l‘identité de ce paysage, que ces murets soient bâtis le long de vignes, des vergers, des prés, des champs cultivés ou encore dans l’ancienne carrière. Plusieurs de ces murs sont hélas à l’abandon...
Notons que ces murets offrent pourtant des niches écologiques tout à fait intéressantes pour la petite faune.
Petites maisons de pierres
De petites maisons sont abandonnées dans le paysage. Elles font partie du patrimoine et peut-être pourront-elles être reconstruites un jour?…
Un bief bien conservé court le long d’un sentier qui pourrait devenir un élément d’un sentier d’interprétation…
Mais surtout, la commune de Villebois possède un patrimoine extraordinaire, une ancienne carrière, à l’abandon…
Sur le plateau de l’Octave, lieu de passage incessant des lourds fardiers transportant les blocs de pierre, on peut voir les ornières profondes laissées par ces charrois tirés par 6 ou 8 chevaux attelés en file.
Source: d’après le panneau municipal
Le choin de Villebois…
Le choin est une pierre calcaire de la région lyonnaise, notamment du nord de l’Isère et du sud de l’Ain, dans le massif du Bugey.
« L’Ile Crémieu, avec les environs de Montalieu(Isère) et de Villebois (Ain) sur l’autre rive du Rhône, a été un important centre carrier à l’époque gallo-romaine, et surtout de 1840 à 1914, quand 2500 à 3500 ouvriers extrayaient le « choin de Villebois » pour la construction de Lyon, dans une cinquantaine de carrières.
Le plateau de Villebois-Montalieu, traversé en cluse par le Rhône, représente l’avant-pays du Jura, avec la même série stratigraphique. » Source: Les roches calcaires de France PERRIER R., Mines et Carrières
Trois carrières de choin restent en exploitation dans les environs de Montalieu (celles de Villebois sont arrêtées depuis longtemps).
L’Association Villeboisienne d’Etudes a pour objet, entre autres, de « valoriser une carrière en lien avec le travail de la pierre ». Source AVE
B- Bâti dans la commune:
Rénovation de places, de ruelles, d’éléments du patrimoine architectural
La commune de Villebois semble prendre soin de son patrimoine architectural. La mairie, installée dans un bâtiment du 18ème siècle qui recouvrait en partie l’ancienne maison forte de Verchère, vient d’être magnifiquement rénovée. Il en est de même du joli lavoir de Bouis ainsi que de celui de La Carria.
Mais un mélange de styles architecturaux…
Les conséquences sont de plusieurs ordres: perte d’esthétique doublée surtout d’une perte de l’identité du village, ce qui est évidemment dommageable…
Dans cette commune bien située, la pression foncière s’exerce, semble-t-il, de plus en plus. La proximité de Lyon, toute relative d’ailleurs, fait ressentir davantage cette pression. Des Lyonnais ont trouvé ici la possibilité d’acheter un terrain et de s’installer malgré les distances à parcourir. Or les risques existent et sont actuellement bien identifiés.
« Les effets généraux des extensions urbaines sont connus :
– augmentation de l’imperméabilisation des sols,
– augmentation des rejets d’effluents,
– emprise sur l’espace agricole,
– transformation paysagère,
– augmentation des déplacements (trafic routier et nuisances associées),
– augmentation des besoins en termes d’équipements, de services et de commerces. » Source: Schéma directeur d’Ambérieu
C- Problèmes de banalisation progressive du paysage:
Dans ce paysage essentiellement rural,il n’y a pas ou peu de friches industrielles, pas de multiplication anormale de ronds-points ni de prolifération de panneaux publicitaires qui banalisent le paysage. Un lotissement, situé dans le village lui-même, a au moins le mérite de densifier l’habitat même si son architecture ne répond pas vraiment au style de la région.
Cependant deux problèmes restent visibles et frappent d’entrée le regard: le « mitage » au-dessus du village de Villebois et la multiplication des haies de thuyas... Ces deux phénomènes conjugués banalisent le paysage.
L’inquiétant mitage en coteau…
D’un côté, avec l’arrêt de la vigne, la forêt gagne inexorablement, de l’autre, sous la pression foncière,l ‘urbanisation gagne, elle aussi, non moins inexorablement. Ces deux phénomènes se conjuguent pour faire disparaître progressivement les milieux ouverts qui participaient pourtant à donner à ce paysage son identité.
« L’architecture traditionnelle est représentée par des bâtisses de pierre […] d’une grande simplicité, de dimensions parfois imposantes et bien regroupées en un site à la silhouette affirmée. Par rapport à ce regroupement et à ces qualités, le bâti récent de la maison individuelle tranche par sa localisation et parfois par son style. […]Le site est attractif et subit une forte pression d’urbanisation ce qui suppose que celle-ci soit d’autant plus maîtrisée. Le risque est de voir les maisons individuelles se poser sur les espaces […] disponibles, ce qui serait ressenti comme une atteinte à ces [espaces], essentiels à l’équilibre et à l’harmonie du paysage. »
Presque mot pour mot, nous pouvons reprendre cette analyse… faite pour les villages du massif de Belledonne!
Source:site Internet d’Isère Environnement du Conseil Général de l’Isère
Pour la commune de Villebois, ce n’est hélas plus un risque mais bien une réalité; le mitage est en marche et risque de s’accélérer si le grave problème de l’artificialisation du territoire n’est pas pris en considération avec davantage de volonté.
A l’inverse ci-dessous, à gauche et à droite, un village voisin a une silhouette franche, bien dessinée, sans mitage alentour.
La disparition frénétique des terres…
Les terres, bonnes ou mauvaises, fertiles ou pas disparaissent avec frénésie.
Rappelons quelques chiffres qui donnent le vertige.
600 km2 artificialisés par an, en France, soit l’équivalent d’un département français tous les dix ans. Progression des surfaces artificialisées 4 fois plus rapide que la croissance démographique, d’après l’Institut français de l’environnement. (Site Internet du MEEDAT du 18 janvier 2010)
Plus de 800 000 hectares du territoire européen urbanisés entre 1990 et 2000, soit l’équivalent du triple de la superficie du Grand-Duché de Luxembourg, selon un rapport de 2006 de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), qui précise que si les tendances observées se confirment, la superficie urbanisée de l’Europe pourrait doubler en un peu plus d’un siècle et que l’étalement urbain menace, par sa rapidité et sa constance, l’équilibre environnemental, social et économique de l’Europe.
Quid des espaces agricoles, forestiers, pastoraux ou des espaces naturels ?
Moins de flore, moins de faune, moins de biotopes. Perte des biocénoses, et des écosystèmes… Stop au gaspillage d’espace.
Le cauchemar des haies de thuyas…
Quelques exemples de «béton vert » à Villebois…
Véritables murs de béton vert, ces haies de thuyas qui, pour certaines, atteignent plus de 3 m de hauteur, sont l’antithèse absolue de la biodiversité.
Par ailleurs, elles claquemurent les maisons individuelles, cisaillent le paysage et ne respectent en rien le charme du lieu ou le caractère des villages…
Un phénomène nouveau: la haie de « plastique vert »…
Un espace de liberté moins entretenu au fond du jardin pourrait être un refuge pour les animaux. A la rigueur une haie diversifiée aux essences locales aurait au moins le mérite d’accueillir des espèces sauvages. Cependant, le mieux semble être la maison qui ouvre son jardin vers le regard de l’autre et affiche sa volonté d’aller à sa rencontre et qui respecte davantage l’environnement et de ce fait le paysage…
Et un phénomène déjà ancien: des essences d’arbres non locales…
Enfin, beaucoup de surfaces artificialisées, plus ou moins à l’abandon…
VILLEBOIS
Lyon,septembre 2011
(Texte et photos Claude Camilli)
But de l’association Paysages Reconquis
Restauration, réhabilitation, reconquête, réparation de paysages…. Il ne s’agit pas d’un retour nostalgique à un quelconque passé : les paysages, façonnés par les paysans, architectes, urbanistes ont toujours évolué et doivent continuer d’évoluer. Mais nos paysages sont malmenés.
Nous leur devons, d’urgence, toute notre attention.
Ouverte à tous ceux qui sont sensibles à cet incomparable patrimoine que représentent nos paysages, l’association Paysages Reconquis a pour but d’appeler à la reconquête des paysages. Reconquête esthétique et écologique.
Les mots clés de sa raison d’être sont : protéger, réparer, enrichir.
Protéger sous-entend qu’il s’agit déjà de ne pas saccager, bien évidemment.
Enrichir, c’est embellir peut-être, mais aussi et surtout enrichir le capital écologique, c’est-à-dire participer à l’accroissement de la biodiversité alors que l’on assiste à sa perte progressive.
Réparer enfin, doit être un service minimum à rendre aux générations futures.
« Un pays sage restaure ses paysages ».
Oui !
Que définitivement sages, les femmes et les hommes chevillés à leurs terres, leur territoire, leur terroir, tournent leur regard averti vers leur « pays ». Qu’ils prennent la mesure du soin qu’ils lui doivent, tel est bien le vœu de notre association. Que notre appel à la reconquête, qu’elle soit esthétique, écologique ou plutôt les deux à la fois car étroitement liées, soit entendu toujours davantage. Que les démarches exemplaires des uns et des autres participent à la duplication des bonnes pratiques…
Incitons les collectivités territoriales à reconquérir leurs paysages! Ce premier recensement doit donc donner lieu à l’élaboration d’un observatoire dynamique des paysages reconquis, « lieu » de recherche, de réflexion, plate-forme d’action et d’échange de bonnes pratiques dans l’esprit de la Convention européenne du paysage et dans celui des directives concernant la mise en place d’une trame verte et bleue de corridors écologiques.
Protéger, c’est déjà ne pas saccager bien évidemment!
Enrichir le capital écologique!
Restaurer l’esthétique!
Réparer enfin, service minimum à rendre aux générations futures
Appelons à la reconquête écologique et esthétique des paysages !
81 rue de Trion
69005 Lyon
06 83 19 20 88
paysagesreconquis@gmail.com
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