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Olargues – Pardailhan
3 juillet 2020
Voici une vidéo retraçant la 73 ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Après avoir quitté Olargues classé parmi les « plus beaux villages de France », longue étape le long de la voie verte Passapaïs dans la vallée du Jaur entre le massif de l’Espinouse au nord et les crêtes de Souclès au sud. Puis après Saint-Etienne d’Albagnan et Prémian, traversée du massif boisé des Avants-Monts. Je m’enfonce dans le Haut-Minervois par le GR 77 jusqu’à Rodomouls puis Pardailhan. Moment historique lorsque je devine la plaine du Languedoc ! J’atteins l’extrémité sud du Massif Central traversé en 27 étapes.
Voici le texte de cette vidéo:
Nous n’avons que deux jours devant nous avant de rejoindre Toulouse, où nos enfants et petits-enfants nous attendent. Puisque c’est notre route, je mets ces journées à profit pour reprendre ma marche là où je l’ai laissée deux mois plutôt, à Olargues ! Hier soir nous nous sommes donc installés sur notre parking près de la petite gare pimpante et ce matin nous retrouvons avec joie la voie verte que nous avions suivie au sortir du Caroux et des gorges d’Héric.
Coup d’œil en arrière : au loin le massif de l’Espinouse. Et, construit dans une boucle du Jaur, le village médiéval dont les maisons se serrent au pied d’une bute rocheuse surmontée de son église Saint-Laurent. Ce village est classé parmi « les plus beaux villages de France ».
Bravo aux écoliers d’Olargues qui se sont investis dans l’aménagement de cette mare et de ce lieu. Ils ont appris et se souviendront sans doute toujours que les zones humides sont l’un des écosystèmes qui présentent la richesse biologique la plus élevée au monde.
En France 50% des espèces d’oiseaux et 30% des espèces végétales remarquables et menacées dépendent de ces milieux humides.
Daniel m’accompagne sur quelques kilomètres avant de retourner sur ses pas. Nous suivons le « Passe-Pays », la « Passapaïs » en occitan, cette voie verte qui traverse le Haut-Languedoc. Ancienne voie ferrée longue de 75 km, elle reliait Bédarieux dans l’Hérault à Mazamet dans le Tarn, franchissant la ligne de partage des eaux et passant donc d’un climat méditerranéen à un climat atlantique.
La voie se déroule vers le sud-ouest, coupe une nouvelle boucle du Jaur, traverse le ruisseau du Mauroul, longe la route et poursuit son cheminement sinueux le long du Jaur. Celui-ci est un affluent de la rive droite de l’Orb dont le tracé, sinueux lui-aussi, s’infléchit vers le sud au niveau des gorges d’Héric avant de poursuivre sa route jusqu’à la mer méditerranée.
La vallée du Jaur serpente entre les Monts de l’Espinouse au nord à ma droite et les hauteurs du Minervois au sud dont les flancs sont recouverts de châtaigneraies, de forêts de chênes ou de garrigue.
Tiens ! C’est bien la première fois que mon regard étonné se pose sur de grosses balles de paille enrobées d’un plastic rose bonbon me laissant perplexe et pas véritablement séduite !
Peu après le hameau de Rieumégé, le sentier quitte la voie ferrée sur une courte distance pour suivre une petite route qui s’élève doucement, suffisamment pour permettre de belles vues sur les crêtes des Souclès et les vallons qui s’enfoncent dans le Haut Minervois.
Coup d’œil de temps en temps en arrière et zoom sur le massif du Caroux et ses magnifiques gorges d’Héric surmontées de dentelles de rochers bleutés.
Le sentier redescend bientôt rejoindre l’ancienne voie ferrée à la Mouline, passe sous un long tunnel qui s’éclaire à mon passage, longe le village de Saint-Etienne d’Albagnan et arrive enfin à Prémian et son église. C’est là que je rejoins Daniel et le California dans lequel nous déjeunons en observant les écoliers qui patientent près de leur bus scolaire.
Laissant Daniel à ses lectures j’emprunte le Pont Notre-Dame qui enjambe le Jaur, une des rares rivières de France « en bon état », label écologique décerné par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Je trouve là le GR77 : Direction le sud et le Minervois ! Laissant le village au fond de sa vallée je m’élève rapidement à travers les châtaigniers, les chênes verts et la bruyère mauve. Mon regard se perdant une dernière fois sur les rondeurs du massif de l’Espinouse je grimpe hardiment jusqu’au col du Poirier puis après un dernier effort et 400m de dénivelée, je débouche sur la chapelle Notre-Dame de Tredos au portail férocement grillagé, un lieu fort peu accueillant et sur le refuge éponyme dans un état lamentable, bien peu engageant lui aussi.
Au moment où je longe ce champ, un vent fripon soulève mon chapeau qui s’envole par-dessus la clôture électrique et court sournoisement en direction des chevaux qui paissent là. Avec des ruses de Sioux, je rampe sous le fil, l’œil ne quittant pas un instant les sabots de mes compagnons. Ceux-ci me regardent avec indifférence. Il n’empêche, je regagne fissa la route salvatrice.
Au col du cerisier, direction Rodomouls. Y aura-t-il un col du prunier, du citronnier ou du pommier ?
Des vergers laissés à l’abandon égayaient-ils autrefois ce plateau, désormais envahi par la forêt ? La fermeture du paysage est à l’œuvre partout en France. Aucune région n’est épargnée…
Ces paysages vallonnés abritaient vraisemblablement des châtaigneraies qui laissent maintenant la place à l’embroussaillement, aux genêts et à la callune.
Je traverse la forêt domaniale des Avants-Monts, partie méridionale de la Montagne Noire toujours dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc. Les chênes verts et pubescents laissent maintenant la place à des forêts de résineux, épicéa, sapin pectiné, douglas, pin noir ou laricio, forêts plantées par l’homme dès le dix-neuvième siècle puis après la deuxième guerre mondiale pour lutter contre l’érosion des sols.
Je fais un crochet car je soupçonne la présence d’un point de vue si j’ai le courage d’atteindre le sommet des crêtes. Et en effet, au loin, je devine la plaine du Languedoc ! Pour moi, l’instant est historique. Je viens d’atteindre l’extrémité sud du Massif Central, ce massif que je n’ai plus quitté depuis Volvic et les Monts Dôme ! Soit après 27 étapes…
Après une descente, j’arrive au village de Rodomouls, traverse la départementale qui relie Béziers à Saint-Pons-de-Thomières, longe une longue prairie puis grimpe au col des deux Aires avant de redescendre par la route jusqu’à Pardailhan où je retrouve Daniel.
Nous partons en California à travers le plateau à la recherche du camping le Tipi. Le paysage est magnifique mais nous faisons demi-tour : pas d’eau, pas d’électricité, des sanitaires défaillants et un prix exorbitant ! Nous retournons nous installer sur une petite place de Pardaihan pour passer la nuit auprès d’une mare à canards.