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Vulcania – Col de la Ventouse
9 juin 2019
Voici une vidéo retraçant la 50ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Partie avec Daniel de Vulcania nous passons au pied du Puy de Côme, volcan strombolien parfait, puis grimpons sur le Puy de Dôme classé « Grand site de France », dôme péléen. Temple de Neptune au sommet.
Voici le texte de cette vidéo:
Ainsi donc, jouant sur une meilleure météo c’est en réalité hier après-midi que je suis partie à l’assaut du Puy de Dôme. Rappelons que je restitue ici le déroulé logique et non chronologique de cette traversée de la France. Pour cette montée, Daniel décide de m’accompagner.
Une longue piste à travers les conifères et les genêts se dirige vers le pied du Puy de Côme que nous laissons sur notre droite. Il culmine à 1 251 m, son accès est interdit.
Une merveille ce Puy de Côme ! Et que l’on ne peut confondre avec aucun autre. Un volcan strombolien parfait avec son immense cône régulier et au sommet, ses cratères très ouverts, presque parfaitement emboîtés.
C’est le deuxième volcan le plus grand de la chaîne des Puys, cette chaîne située au nord du Massif Central que l’on appelle aussi Monts Dôme. Une chaîne qui s’étire sur 45 km et comporte plus de 80 volcans !
Il y a 14 000 ans, les coulées de ce volcan extrêmement puissant ont parcouru une vingtaine de kilomètres jusqu’à la vallée de la Sioule à l’ouest. Il ne finit pas d’étonner ce Puy de Côme car il aurait au moins quatre cratères emboîtés et peut-être même aurait-il eu son lac de lave !
Nous laissons sur notre gauche le Puy Pariou magnifique aussi et contournons par le sud le Grand Suchet.
Et nous voici face au majestueux Puy de Dôme, le bel endormi classé « Grand site de France » depuis 2008, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2018 comme « Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – Faille de Limagne ».
Avec ses 1 465 m de hauteur, il domine son monde de volcans comme un puissant patriarche emblématique avec son antenne reconnaissable et malgré son absence de cratère, la lave s’étant accumulée pour former un dôme.
Nous en commençons l’ascension par le chemin des Chèvres que le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne réhabilite, des zones entières ayant été dégradées par les nombreux touristes.
Son flanc est « découpé » par le tracé régulier du train électrique à crémaillère, le Panoramique des Dômes, qui grimpe à son sommet.
Ce volcan est un dôme péléen, formé d’une lave plus acide, plus visqueuse que celle des cônes stromboliens.
Les sols ici, formés sur les cendres volcaniques sont particulièrement fragiles, sensibles au vent, à la pluie, au gel et dégel et surtout aux piétinements répétés qui arrachent les végétaux, mettant l’andosol à nu, lequel se creuse ou s’envole en poussière. En-dessous, les pouzzolanes formées de fragments de lave et de scories, s’écoulent le long des pentes comme des tas de sable. Là encore, les efforts de réhabilitation commencent à porter leurs fruits effaçant progressivement des saignées qui pouvaient atteindre 9 m de large : les talus sont tenus par une toile en fibre de coco et par des tressages en châtaigniers.
Un cheminement suspendu, souple, en chêne, permet de nous hisser jusqu’au tracé du train puis au sommet par le chemin des pèlerins qui longe les vestiges du temple de Mercure construit au 2ème siècle, un grand lieu de pèlerinage.
Le plus grand Temple de montagne de la Gaule romaine se trouve au sommet du Puy de Dôme ! Rien d’étonnant avec cette vue sur Augustonemetum, la ville de Clermont-Ferrand actuelle.
Nous regardons longuement les ailes volantes avant de nous restaurer sur la plateforme panoramique. Daniel opte pour le train électrique alors que je dévale le spectaculaire chemin des muletiers jusqu’au parking du Col de Ceyssat.
Le GR4 se poursuit dans une sombre forêt de conifères souvent égayée par les touffes lumineuses des genêts et par les gigantesques troncs d’épicéas soigneusement rangés comme des allumettes géantes.
Je traverse la D 942 à la Croix Espinasse puis poursuis jusqu’au village de Laschamps aux noires maisons de pierres de lave.
Je laisse maintenant sur ma gauche puis sur ma droite une succession de petits cônes tous fort bien dessinés.
Je lis que le puy de Pourcharet est un cône de scories typique formé par l’accumulation des projections de lave lors de l’éruption : le magma en ascension dans la cheminée, associé à l’explosion d’une bulle de gaz, projette dans les airs des amas incandescents de lave de toutes tailles. Suivant leur taille justement celles-ci se nomment : cendre, lapillis, blocs ou bombes, ponces légères ou scories plus denses.
Ce puy est un volcan monogénique, c’est-à-dire qu’il n’a connu qu’une seule et unique éruption avant de s’endormir définitivement.
Je contourne maintenant le Puy de Lassolas et le Puy de la Vache par le sud puis au lieu de reprendre la bonne direction, je me fourvoie vers l’est, suivant le GR 300 jusqu’au nœud routier de la Cassière où Daniel, qui m’attendait au col de la Ventouse, finit par me rejoindre.
Ce soir, comme hier nous passerons la nuit au camping sans charme de Nébuzat.