Restauration et mise en valeur des cours d’eau Cance, Deûme et Torrenson

Written by Claude CAMILLI

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Restauration et mise en valeur des cours d’eau

Cance, Deûme et Torrenson 

Qualité de l’eau

Protection contre les risques d’inondation

Familles : paysages naturels ; paysages urbains et périurbains

Aspects pratiques

Organisme

  • Syndicat des Trois Rivières

Historique

  • 1950-1960 : La Cance est sans doute la rivière la plus polluée deRhône-Alpes
  • 1980-1990 : premiers travaux d’amélioration
  • 1994-1996 : nouvelle amélioration avec la construction de la station d’épuration d’Annonay
  • 1999 : création du Syndicat des Trois Rivières, syndicat mixte regroupant 28 communes des bassins versants
  • 2000 : études préalables au Contrat de Rivière
  • 2004-2010 : Contrat de Rivière (signé pour une durée de 6 ans)
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Partenaires techniques, porteurs de projet

  • Collectivités territoriales
  • Fédération de Pêche de l’Ardèche.
  • Association de Pêche la Gaule Annonéenne.
  • Association de Pêche la Truite du Malbuisson.
  • Industriels

Partenaires financiers

  • Etat
  • Conseil Régional Rhône-Alpes
  • Conseil Général de la Loire.
  • Conseil Général de la l’Ardèche
  • Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée Corse. 
  • Syndicat des Trois Rivières par le biais des communes adhérentes

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L’intervention  

Le contexte

La Cance prend sa source au col des Baraques, vers 1000 m d’altitude. D’abord torrent impétueux et limpide, elle passe Villevocance puis, peu après Annonay, reçoit son principal affluent, la Deûme qui descend des sommets des Monts du Pilat et coule enfin au fond de belles gorges entaillant le plateau annonéen avant de se jeter dans le Rhône. Malheureusement, dès qu’elle traverse les zones urbaines, elle subit de fortes pollutions domestiques, industrielles et agricoles.

La qualité de l’eau est telle que l’équilibre des populations piscicoles est bouleversé et la Cance, rivière de montagne à truite est déclassée en deuxième catégorie en aval d’Annonay. Dans cette zone en effet, elle reçoit la pollution de l’ensemble de la population du bassin versant, soit 50 000 habitants, et celles des nombreuses industries présentes (papetière, textile, automobile, agroalimentaire et pharmaceutique…)

De plus, depuis plusieurs années, force est de constater que les habitants du bassin versant ont tendance à s’éloigner de leurs cours d’eau. Il en résulte que les berges et les différents ouvrages tels que seuils, ponts, biefs qui jalonnent le lit des rivières ne sont plus entretenus régulièrement. Cet abandon total des cours d’eau a pour conséquence une dégradation accélérée qui a un impact sur les fonctions écologiques et hydrauliques des rivières.

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Les ripisylves, ces zones de transition entre la rivière et l’espace environnant, formées d’arbres spécifiques, elles aussi, ne sont plus entretenues par les riverains. Or les ripisylves jouent un rôle capital. Ce sont d’abord des corridors biologiques qui permettent les échanges et déplacements de communautés d’animaux et de végétaux à l’échelle du territoire. Elles constituent des milieux linéaires qui, comme les haies, permettent la liaison entre plusieurs milieux. Par ailleurs, les ripisylves filtrent et accumulent les polluants de toutes sortes. Les arbres captent les éléments minéraux présents dans les eaux de ruissellement des nappes (nitrates, phosphates) et les recyclent pour leur croissance. De plus, elles améliorent l’infiltration et le stockage de l’eau dans les nappes souterraines et à la surface des sols. Aussi leur présence permet de limiter l’intensité des crues qui peuvent être brutales (lors de la crue de 2003, le débit de la Cance à Sarras a été multiplié par un facteur cent), de réguler la ressource en eau en période de sécheresse, de freiner le ruissellement et le lessivage des sols. Les arbres retiennent également les berges de la rivière et limitent ainsi l’érosion.

Enfin, les ripisylves participent à la qualité du paysage. Comme les haies, dans les bocages par exemple, ces boisements linéaires structurent le paysage et rendent les cours des rivières attrayants.

 

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La description de l’intervention

C’est dans ce contexte que le Syndicat des Trois Rivières est créé en juin 1999. Il regroupe les représentants des 28 communes (20 en Ardèche, 8 dans la Loire) présentes sur les bassins versants de la Cance, de la Deûme/Déôme et du Torrenson ainsi que leurs affluents, bassins qui s’étendent des sommets du Pilat et du Haut-Vivarais jusqu’à la vallée du Rhône sur une superficie de 415 km². Son rôle est d’assurer le suivi et la gestion du Contrat de Rivière.

Le Comité de Rivière, regroupant près d’une centaine de personnes, collectivités, usagers et administrations est un lieu de concertation qui propose des orientations et contrôle le bon déroulement du programme d’actions.

Le Contrat de Rivière est signé en 2004 pour une durée de 6 ans entre des partenaires financiers (Etat, Région Rhône-Alpes, Conseils Généraux de la Loire et de l’Ardèche, Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse) et des porteurs de projets locaux (communes, fédérations de pêche, associations, industriels, etc.) L’objectif de ce Contrat est d’améliorer et de valoriser les milieux aquatiques de ce bassin versant encore rural mais où l’urbanisation progresse rapidement. Ces milieux aquatiques sont les cours d’eau bien sûr, mais aussi les zones humides et les plans d’eau.

 

 

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Le Contrat de Rivière définit près de 100 fiches d’actions concrètes telles que :

  • gestion et entretien des ripisylves. (Pour rendre efficace l’entretien des berges, les baux de pêche des propriétaires sont rétrocédés au Syndicat des Trois Rivières qui les transmet aux associations de pêche ; 300 conventions sont ainsi passées. La très grande majorité des propriétaires acceptent sans problème cette démarche) ;
  • renaturation et stabilisation des berges ;
  • lutte contre la Renouée du Japon, plante invasive, présente sur la quasi-totalité du linéaire en aval d’Annonay (sa vitesse de colonisation est rapide et il est très difficile de l’éliminer); ici donc, la sauvegarde de la biodiversité rejoint la démarche de reconstitution du paysage;   

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  • inventaire et préservation des zones humides (souvent drainées et asséchées par méconnaissance pendant des siècles, car considérées comme insalubres. Or leur intérêt écologique est vital : régulateur du volume des eaux (stockage d’eau en période pluvieuse et restitution en période sèche), filtre naturel des pollutions (épuration des eaux), paysage remarquable, présence d’une faune et d’une flore rares et diversifiées. On ne recense pas moins d’une cinquantaine de zones humides dont plus d’une dizaine prioritaires. Le Syndicat souhaite initier un projet en concertation avec le CREN, Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels ;
  • création de passes à poissons permettant à ceux-ci de remonter les cours d’eau et de se reproduire ;
  • aménagements piscicoles pour améliorer et diversifier l’habitat ;
  • travaux hydrauliques d’envergure réalisés pour limiter l’impact des crues, notamment les crues centennales ;
  • et bien sûr lutte contre la pollution (avec entre autre la construction de stations d’épuration).
  • Les partenaires financiers souhaitent la création de trois nouveaux emplois pour former une « équipe rivière » dont les objectifs seront de poursuivre l’entretien des rivières en utilisant les techniques de tressage et fascinage de saules, d’éliminer la Renouée du Japon sur l’amont du bassin versant et d’éliminer les décharges sauvages.

Des « journées nettoyage » sont organisées par le Syndicat des Trois Rivières et des communes : les bénévoles constatent alors que la rivière est un dépotoir, recelant du plus petit morceau de tissu ou de plastique au plus encombrant ballon d’eau chaude…

Il faut noter la présence terrible d’une décharge sauvage au sud d’Annonay, dans la basse vallée de la Cance, décharge qui a fonctionné de 1962 à 1985. A chaque crue, des détritus sont emportés sur la Cance et le sol subit des infiltrations de matières polluantes. Une étude est en cours pour stabiliser le pied de la décharge qu’il faudra mettre ensuite en conformité.

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Enfin rappelons que la basse vallée de la Cance, en aval d’Annonay, possède un fort potentiel touristique : la rivière entaille le plateau de gorges sauvages du plus grand intérêt. Des sentiers sont en cours d’aménagement ainsi qu’un parcours de pêche « no kill ». Par ailleurs, un ambitieux projet de restauration est envisagé : il s’agit de restaurer le pont de Moulin sur Cance, pont suspendu construit vers 1865 (sans doute par l’ingénieur originaire de la région, Marc Seguin) et inscrit au registre des monuments historiques.  

 

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Les objectifs

Ils sont orientés autour de 4 grands axes :

  • améliorer la gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau, ce qui est un enjeu majeur
  • protéger les biens et les personnes contre les risques d’inondation 
  • restaurer et mettre en valeur les cours d’eau
  • communiquer et sensibiliser la population

Les retombées

Les trois rivières, la Cance, la Deûme et le Torrensson constituent un élément majeur de l’identité de toute la région. Reconquérir la qualité écologique et esthétique de ce patrimoine ne peut que renforcer cette identité.

 

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