Réaménagement de berges du Rhône

Written by Claude CAMILLI

Réaménagement de berges du Rhône

Réaménagement de berges du Rhône

au cœur de Lyon, un parc urbain au fil de l’eau 

(Rhône)

Famille de paysages : paysages urbains et périurbains

Aspects pratiques

Organismes
  • Grand Lyon

Historique

Réaménagement de berges du RhôneRéaménagement de berges du Rhône
  • 2002 : 4 marchés de définition, lauréat retenu suite au jury de février 2003
  • 2003 : concertation publique autour de l’élaboration de l’avant-projet
  • 2004 : finalisation du projet définitif et consultations d’entreprises pour réaliser les travaux
  • 2005 : démarrage du chantier
  • 2007 : le 9 mai, jour de la fête de l’Europe : inauguration des berges
Partenaires techniques
  • Maître d’ouvrage : Grand Lyon en partenariat avec la Ville de Lyon
  • Maîtrise d’œuvre :

– In Situ, paysagistes, mandataire

– Françoise-Hélène Jourda, architectes

– Coup d’éclats, éclairagistes

Partenaires financiers
  • Grand Lyon
  • Ville de Lyon
  • Région Rhône-Alpes
Réaménagement de berges du Rhône
Réaménagement de berges du Rhône
Réaménagement de berges du Rhône
Réaménagement de berges du Rhône

L’intervention

Le contexte

Ecoutons Marcel Massard, IPR d’histoire :

« Tout au long de l’histoire de Lyon les berges des fleuves n’ont pas cessé de voir évoluer leur aspect et leur utilisation. […]

Pendant un siècle, du milieu du 19ème  jusque vers 1950, les « quais» ont été le lieu et le théâtre d’une intense convivialité et de remarquables activités ludiques. Les bas ports, alors  équipés de jeux de boules, de manèges, d’estrades à concert, de bateaux-lavoirs, d’établissement de bain attirent un grand nombre de piétons venus se baigner, pécher à la ligne, assister aux fêtes foraines et aux sports nautiques que présentent joutes et régates.

Réaménagement de berges du Rhône

Mais, à partir de 1950, le règne et la domination de l’automobile mettent fin « à cette ville qui vivait avec ses fleuves ». Tout est sacrifié à la circulation des voitures et à leur stationnement. En trente ans, s’opère une véritable séparation physique des hommes et de l’eau. La rive droite du Rhône est rendue inaccessible sur toute sa longueur par la création de 1’« axe nord-sud », de Perrache au tunnel de la Croix rousse, et de l’implantation de l’autoroute A7 de la Mulatière à Perrache. La rive gauche, sur les bas ports, est transformée en gigantesques parkings. Les berges de la Saône où l’on construit, dans l’eau, les parcs de stationnement, connaissent le même phénomène.

Depuis 1987 et la création de la Communauté urbaine, la réalisation des dispositions du  « Plan bleu» a permis de chasser l’automobile des berges fluviales et de transformer à nouveau celles-ci en lieux d’accueil et d’animation.

Réaménagement de berges du Rhône

L’opération vient d’être achevée sur la rive gauche du Rhône: sur 5 km,du parc de la Tête d’or jusqu’au parc de Gerland, le bas port déroule un espace paysager réservé aux piétons et aux engins sans moteur: vélos, patinettes, patins à roulettes. Sur les autres rives, des opérations semblables doivent suivre, rendant aux Lyonnais la disposition ludique et festive de leurs berges. La fréquentation intense de ces nouveaux aménagements marque avec force le retour d’une heureuse symbiose entre la ville et ses «fleuves ».  »

Marcel Massard, extrait de l’article Lyon et ses fleuves à bord de la Vorgine(revue de l’AMOPA)

Les berges du Rhône constituent donc un espace unique que les lyonnais ont voulu se réapproprier. Dès les années 90, avec l’élaboration du Plan Bleu et de la Charte de partenariat signée avec Voies Navigables de France (VNF) en 2003, le Grand Lyon leur donne l’occasion de s’exprimer, la concertation étant un principe fort du projet de réaménagement des berges. Aussi, sur la base des choix initiaux des concepteurs se sont agrégés des propositions issues de la concertation. Ce projet s’est constamment enrichi pour répondre aux aspirations des uns et des autres parfois contradictoires.

Réaménagement de berges du Rhône

Il fallait, tout à la fois, pouvoir flâner, boire un verre, faire du sport ou jouer, sans que les activités des uns n’empiètent sur celles des autres.

Les lyonnais, sensibles à leur environnement profondément urbain, veulent des arbres, des plantes, du végétal, toujours plus de végétal. Par ailleurs, même s’ils savent qu’ils ne peuvent plus, comme autrefois,  se baigner dans leur fleuve, trop dangereux et trop pollué, ils souhaitent pouvoir l’approcher au plus près, s’avancer sur l’eau, peut-être sentir la fraîcheur de l’eau, ils veulent pouvoir rêver, le regarder sous toutes les lumières, y compris celles de la nuit.

Ce lieu de détente doit être aussi un lieu de passage: piétons, vélos et rollers doivent pouvoir cohabiter, chacun suivant son cheminement en respectant l’autre, ce qui a amené à opter pour des cheminements, moins rigides, légèrement sinueux, bien identifiés. Emmanuelle Sibué-Allart, le chef de projet des berges, note à cet égard : « Cet aménagement ne vise pas à protéger les usagers les uns des autres et à sécuriser les cheminements. Il s’appuie au contraire sur l’idée d’un espace partagé et fait appel au sens civique, dans l’esprit des « voies vertes » plutôt que d’un découpage défensif de l’espace et des usages ».

Réaménagement de berges du Rhône

Aller au restaurant, prendre le soleil sur les terrasses, profiter des animations. Jouir d’un lieu accessible aussi, bien sûr, aux personnes à mobilité réduite, un lieu propre, entretenu régulièrement et sécurisé.

Ce réaménagement des berges du Rhône a amplifié la réflexion sur les problèmes de stationnement et plus généralement sur la place de l’automobile dans la ville puisque des parkings exclusivement dédiés à la voiture ont totalement disparu de ce paysage lui rendant, de ce fait, une esthétique harmonieuse, pleine de poésie. Deux ouvrages enterrés ont été réalisés à proximité immédiate, (parkings de la Fosse aux Ours et Lyautet), d’une capacité totale inférieure au nombre de places des berges, en conformité avec le plan des déplacements urbains de Lyon (PDU).

«Ces berges du Rhône vont être à Lyon ce que les ramblas sont à Barcelone : un lieu de brassage des cultures et de mixité sociale où toute la ville se donne rendez-vous…», dira le maire de Lyon, Gérard Collomb le jour de l’inauguration des berges, le 9 mai 2007. Ce mercredi est aussi la Journée de l’Europe au cours de laquelle le maire inaugure également  l’exposition «Miroirs de Femmes au Fil de l’Eau». Douze femmes qui ont marqué l’histoire de l’Europe sont à l’honneur « pour marquer à la fois l’identité de notre Cité et notre volonté de nous projeter dans un avenir européen».

Réaménagement de berges du Rhône
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La description de l’intervention: réaménagement des berges

Un parc urbain de 10 ha en centre-ville. Une description des berges du Rhône est donnée sur le site du Grand Lyon, du Nord au Sud, soit du Parc de la Tête d’Or au Parc de Gerland :

– du pont Winston Churchill au pont De Lattre de Tassigny : le bretillod

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Mot typiquement lyonnais, le bretillod désigne ce milieu humide formé de petites îles avançant sur le Rhône. Progressivement constitué après les crues qui ont transformé le lit du fleuve, il forme un écosystème encore sauvage et d’une grande qualité naturelle. Les oiseaux, les castors et les poissons ont fait de ce lieu leur demeure de prédilection.

– du pont De Lattre de Tassigny au pont Morand : la Ripisylve amont

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La ripisylve désigne la végétation voisine d’un cours d’eau. Sur cette séquence, un cordon végétal composé d’essences variées longe le fleuve. Les peupliers plantés sur les bas-ports prolongent l’ambiance naturelle de la ripisylve. Entre les péniches d’habitation, des points de vue sur le fleuve sont préservés

– du pont Morand au pont Lafayette : les rives habitées et les jardins

Réaménagement de berges du Rhône

En venant du parc de la Tête d’Or, entre le pont Morand et le pont Lafayette, la largeur du bas-port autorise l’aménagement d’îles-jardins plantées de graminées rustiques et d’arbres en bouquets. Le végétal apporte ici à la fois ombrage et sinuosité agréables pour la promenade.

A l’aval du pont Morand, les équipements de skate/roller sont confirmés par le développement d’une aire de street. De part et d’autre de la passerelle du collège, deux nouvelles aires de jeux pour les jeunes enfants sont développées autour du thème du bois et de l’eau avec possibilité d’accès par un toboggan installé contre le mur de perré.

Réaménagement de berges du Rhône
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– du pont Lafayette au pont Wilson : la longue prairie

S’étalant de l’aval du pont Lafayette jusqu’au sud du pont Wilson, une vaste prairie de 6000 m2 s’intercale entre le ruban piéton et les rubans cyclables.

Constituée de bouquets d’arbres à tiges fines, de plantes vivaces et bulbeuses, elle prend alternativement l’aspect d’une prairie haute fleurie ou d’une pelouse rustique ouverte à tous pour le repos et le jeu.

Les bateaux d’activités (restaurants, pubs, café-théâtre et discothèques) recentrés sur ce secteur bénéficient de larges platelages de chêne qui offrent autant de terrasses conviviales aux promeneurs des berges.

Réaménagement de berges du Rhône
Réaménagement de berges du Rhône

– du pont de la Wilson au pont Guillotière : les terrasses de la Guillotière

En aval de la prairie du Rhône, de part et d’autre du pont de la Guillotière, de larges terrasses en gradins sont développées sur ce site emblématique pour offrir une perspective panoramique unique sur le fleuve et la ville.

En lien avec les quartiers et les nouvelles places Jutard et Raspail, ces terrasses animées, notamment par des jeux de boules, s’étagent régulièrement, avec des surfaces plantées d’arbres, des rampes et des escaliers. Au pied des terrasses, un grand bras d’eau courante apportera de la fraîcheur durant l’été.

A l’aval du pont de la Guillotière, une large terrasse accueille deux bowls de skate et un terrain multisport pour les sportifs en herbe.

Réaménagement de berges du Rhône
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– du pont de la Guillotière au pont de l’Université : l’estacade nautique,

Le long de la piscine du Rhône, le cheminement en béton existant est désormais réservé aux cycles, et l’espace jusque là contraint est doublé par une estacade sur pilotis en bois et métal pour rendre plus confortables les cheminements piétons.

Côté ville, le mur béton de la piscine est habillé de plantes grimpantes et côté fleuve, on peut désormais s’asseoir ou s’appuyer contre le garde-corps et contempler la vue.

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– du pont de l’Université au pont Galliéni : le port de l’Université

Face aux facultés du quai Claude Bernard, les aires de pique-nique ou les cadettes permettent aux étudiants et aux promeneurs de s’asseoir à l’ombre avant de faire un volley ou une partie de boules. Les 70 000 touristes annuels des bateaux croisières pourront toujours accoster ici pour découvrir la ville.

Un peu plus au sud, sous le pont Gallieni, une autre aire de roller se profile avant d’atteindre la galerie botanique qui s’étend sur un kilomètre le long de l’avenue Leclerc.

Ci-dessous, le pont Lafayette:

Réaménagement de berges du Rhône

– du pont Galliéni au pont Pasteur: la ripisylve aval

Depuis le pont Galliéni jusqu’au pont Pasteur, une galerie botanique s’étend sur près d’1 km. Cet observatoire grandeur nature met en scène toute la diversité végétale longeant le Rhône, depuis sa source en Suisse jusqu’à son embouchure en Méditerrannée.

Les objectifs

– Créer un lieu de détente et de loisirs dans un cadre de nature réintroduite en plein centre-ville

– Créer un espace partagé dévolu à la promenade et aux modes de déplacements doux (vélo, roller, piéton)

– Retisser le lien entre les lyonnais et leur fleuve

– Embellir le cadre de vie

– Innover sur le plan architectural et paysager

– Créer de nouvelles relations entre la ville et la nature

– Apporter un regain de convivialité et de sérénité

Avec ces berges, Lyon s’inscrit un peu plus dans une démarche d’écologie urbaine. Et à travers ce réaménagement, c’est une véritable reconquête de l’identité  de l’agglomération lyonnaise qui a été recherchée.

Réaménagement de berges du Rhône
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Les retombées

Ecoutons de nouveau Marcel Massard : « La fréquentation intense de ces nouveaux aménagements marque avec force le retour d’une heureuse symbiose entre la ville et ses «fleuves ». »

En rendant plus humaines cette rive du Rhône, la ville a su renforcer son identité et donc son attraction.

Ces berges magnifiques, où la nature parvient à s’exprimer merveilleusement, sont devenues un modèle d’aménagement fluvial.

L’immense succès de cette reconquête des berges du Rhône incite bien sûr la ville de Lyon à réfléchir maintenant à l’aménagement des berges de la Saône. Pour celles-ci, ce sont 50 kilomètres de rives répartis sur cinq arrondissements, mais également quatorze communes en amont de Lyon qui vont être aménagés, tantôt sur une rive, tantôt sur l’autre.

Personnes ressource
  • Emmanuelle Sibué-Allart, chef de projet des berges du Rhône

 

  • Réaménagement de berges du Rhône
Pour en savoir plus
  • L’ouvrage « Les berges du Rhône à Lyon », portraits d’une ville aux Editions Bachès

 

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Sources

– Emmanuelle Sibué-Allart, chef de projet des berges du Rhône

– Site Internet du Grand Lyon

http://www.millenaire3.com/contenus/docs_off/plaquetteberges.pdf

– Article de Marcel Massard « Lyon et ses fleuves à bord de la Vorgine », revue de l’AMOPA

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