ANALYSE ÉCOLOGIQUE ET PAYSAGÈRE DE ROUSSILLON-EN-PROVENCE

Written by Claude CAMILLI

Parc Naturel Régional du Luberon

PAR JEANNE GARNIER ET COSMA ZYDEK

SOMMAIRE

I- Contexte
—1.1. Présentation des étudiants
—1.2. Présentation de Roussillon : Nature et patrimoine
——–1.2.1. Les protections sur la commune
——–1.2.2. Patrimoine
—1.3. La commune de Roussillon déjà engagée
——–1.3.1. Pollution lumineuse et optimum énergétique
——–1.3.2. Réduction et traitement des déchets
——–1.3.3. Schéma départemental vélo
——–1.3.4. Aménagement à taille humaine
——–1.3.5. LPO et sentier des Ocres
——–1.3.6. L’ambroisie, problème d’allergie
II- Diagnostic paysager
—2.1. Roussillon, un village formé par l’ocre
—2.2. L’évolution de la vie paysanne
—2.3. Les problèmes liés à l’eau
——– 2.3.1. La Fontaine des Naïades
——– 2.3.2. Calavon / Coulon
III- Nos inventaires
—3.1. Notre inventaire floristique
—3.2. Notre inventaire faunistique
——– 3.1.1. Détection à vue
——– 3.1.2. Méthodes de points d’écoute
——– 3.1.3. Le piège photo
——– 3.1.4. Méthode photographique
——– 3.1.5. Tableau inventaire faunistique
IV- Acteurs rencontrés
—4.1. Rencontres et remerciement
——– 4.1.1. Gisèle Bonnelly, Maire de Roussillon
——– 4.1.2. Inès, stagiaire à la mairie
——– 4.1.3. Lionel Tribollet, élu à la mairie
——– 4.1.4. Mathieu Barrois, directeur général de l’écomusée d’Okhra
——– 4.1.5. Jérôme Brichard
——– 4.1.6. Henri, un ancien du village
—4.2. Écosociosystème
V- Les limites de l’étude
VI- Préconisations de gestion
— 6.1. Agriculture et biodiversité
—6.2. Décharges et dépôts sauvages
VII- Conclusion

Remerciements :

Tout d’abord, nous tenons à remercier Madame Claude Camilli de nous avoir ouvert les portes de son association Paysages Reconquis pour notre stage professionnalisant.
Claude nous a accordé sa confiance pour réaliser un diagnostic paysager de la commune de Roussillon. Cette expérience nous a permis d’acquérir de nombreuses compétences et connaissances qui nous serviront à concrétiser nos projets professionnels.

Nous remercions également Madame le maire de Roussillon, Gisèle Bonnely, pour son accueil au sein de la commune et de son équipe municipale. Elle nous a permis d’avoir accès à de nombreux documents qui ont joué un rôle important dans notre travail

Nous tenons à remercier Lionel Tribollet, élu à la commission Agriculture et Environnement pour son accompagnement et sa bienveillance tout au long de notre parcours.

Nous remercions Monsieur Mathieu Barois, PDG de Okhra écomusée des Ocres, pour son partage de connaissances sur les ocres de Roussillon. Son aide nous fut précieuse pour construire notre analyse.

Nous n’oublions pas non plus toutes les personnes qui se sont tenues à notre disposition pour répondre à nos questions comme Jérôme Brichard, Nicolas Siard, Robin Lhuillier, Henri, Théo Le Guen, Mathis Bernard, Xavier Anselmo del Sarto.

Nos remerciements s’étendent à toutes les personnes qui ont de près ou de loin participé au bon déroulement de ce stage.

I- Contexte :

Jeanne, Cosma et Esteban, photo de Claude Camilli

1.1. Présentation des étudiants

Nous sommes trois étudiants en première année de BTSA Gestion et Protection de la Nature à l’IET René Cassin :

  • Jeanne Garnier, chargée de terrain, rédactrice
  • Cosma Zydek, chargé de terrain, rédacteur
  • Esteban Chevalier, réalisation écosiosystème

Dans le cadre de la validation de nos acquis professionnels et pour valider notre passage en deuxième année nous devions effectuer un stage professionnalisant de maximum 12 semaines.

C’est au sein de l’association Paysages Reconquis que nous avons eu comme mission de réaliser un diagnostic paysager sur la commune de Roussillon dans la région du Luberon.

Cette démarche s’inscrit dans un objectif de lutte contre la perte de la biodiversité. En effet, à l’aide d’inventaires, de cartographies et de rencontres avec les acteurs nous proposons ici un état des lieux de la commune de Roussillon. Notre analyse croise ainsi enjeux de protection de la nature, enjeux socio-économiques et touristiques et reconquête paysagère afin de proposer une vision d’ensemble du territoire.

1.2. Présentation de Roussillon : Nature et patrimoine

La commune de Roussillon est située dans la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, dans le département du Vaucluse. Elle est située au cœur de la vallée nord du Luberon, entre le “petit” Luberon et les Monts de Vaucluse. D’une superficie de 29,77 km2, la commune de Roussillon offre une biodiversité exceptionnelle du fait de la variété des milieux (voir partie inventaire).

            1.2.1. Les protections sur la commune

Roussillon fait partie de la communauté de communes du Pays d’Apt-Luberon qui se situe au sein du Parc Naturel Régional du Luberon créé le 31 janvier 1977. Ce parc a été reconnu en 1997 par l’UNESCO pour faire partie du réseau mondial des réserves de biosphère puis, en 2004, il rejoint le réseau mondial des Géoparcs (un type d’aire protégée en vertu de ses intérêts géologiques). Roussillon comprend également des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type I et de type II. De plus, cette commune comprend 3 sites Natura 2000 sous la directive habitats.

Il paraît important d’expliquer les termes de ZNIEFF, Natura 2000, “Directive habitats” et réserve de biosphère :

Les ZNIEFF sont des espaces naturels inventoriés en raison de leur intérêt écologique abritant une biodiversité patrimoniale. Le but est de créer un socle de connaissances mais aussi un outil d’aide à la décision par exemple lors de projets d’aménagement.

D’après leur site, l’INPN, l’inventaire national du patrimoine naturel, est un portail de diffusion de la connaissance de la biodiversité française. On distingue deux types de ZNIEFF :

  • Les ZNIEFF de type I : espaces homogènes écologiquement, définis par la présence d’espèces, d’associations d’espèces ou d’habitats rares, remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel régional.
  • Les ZNIEFF de type II : espaces qui intègrent des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentour.

Le réseau Natura 2000 regroupe un ensemble de sites naturels qui ont pour objectif de préserver la biodiversité au sein de l’Union européenne. C’est la directive européenne qui est à l’origine de ce réseau ; il existe deux directives : la directive Habitats de 1992 et la directive Oiseaux de 1979. On distingue deux types de sites Natura 2000 : les zones de protection spéciale (ZPS) qui ont pour objectif la protection des oiseaux, et les zones spéciales de conservation (ZSC) qui ont pour objectif de préserver les habitats naturels et les espèces d’intérêt communautaire.

Une réserve de biosphère est un territoire reconnu par l’UNESCO conciliant la conservation de la biodiversité et le développement durable, avec l’appui de la recherche, de l’éducation et de la sensibilisation. Une réserve de biosphère n’impose pas de réglementation particulière se superposant aux législations existantes dans le pays où elle se situe. Elle se structure selon trois zones en fonction du niveau de protection (aire centrale, zone tampon et zone de transition).

Toutes ces classifications soulignent bien le caractère unique de Roussillon comme une zone géographique possédant une grande biodiversité mais aussi une diversité paysagère importante.

            1.2.2. Patrimoine

Lors de la création d’un armorial des communes du Vaucluse en 1925, aucune armoirie ancienne n’ayant été trouvée, la rose fut choisie comme emblème parlant pour caractériser Roussillon. La rose, dérivée du latin russeolus, la rouge.

“De sinople à la fasce d’argent chargée d’une rose de gueules” c’est-à-dire “D’un fond vert traversé par une barre blanche portant une rose rouge” (Cité par L. de Bresc dans L’Armorial des Communes de Provence)

Carte de la commune de Roussillon :

Carte de la commune de Roussillon et de ses zones naturelles :

1.2. La commune de Roussillon déjà engagée

La commune de Roussillon fait partie du Parc Naturel Régional (PNR) du Luberon, elle est signataire de la Charte du parc. Une charte détaille, selon les objectifs à atteindre, des missions à suivre pour la protection, la mise en valeur et le développement du Parc.

Roussillon fait partie depuis 2015 du contrat de rivière, visant à répondre à certaines problématiques locales mises en évidence lors de la phase d’élaboration de ce contrat. Le contrat de rivière a été développé conjointement par le SIRCC (Syndicat Intercommunautaire Rivière Calavon-Coulon) et le Parc Naturel Régional du Luberon. Les actions mises en œuvre ne sont donc plus concentrées exclusivement sur la commune mais bien sur l’ensemble de la rivière du Calavon-Coulon pour harmoniser la gestion des cours d’eau dans leur ensemble.

            1.3.1. Pollution lumineuse et optimum énergétique

L’un des objectifs est l’amélioration de la qualité du ciel nocturne. Dans ce cadre, Roussillon fait partie du programme SEDEL : Services Énergétiques Durables En Luberon depuis 2011. Accompagnée par un conseiller en énergie, la commune a su mettre en œuvre des actions permettant la baisse importante de ses consommations énergétiques.

Les préconisations suivantes ont été mises en place :

  • Optimisations et suppressions de contrats de fourniture d’électricité.
  • Rénovation de l’éclairage public : la commune a fait le choix de s’orienter vers la technologie LED qui permet d’atteindre une diminution de facteur 3 des consommations. Grâce à une subvention de l’ADEME de 18 000€, les travaux ont pu être réalisés.
  • Extinction de l’éclairage public en milieu de nuit (EEPMN) sur une partie de la commune. Cette pratique est avant tout économique mais elle est également respectueuse de la faune et de la flore qui sont perturbées par un éclairage de nuit.
  • Travaux d’amélioration énergétique de l’école.
  • Programmation des horaires de chauffage dans les principaux bâtiments et suivi régulier.

Pour ces deux derniers points, la commune a équipé l’Hôtel de ville et l’école d’appareils de régulation permettant d’ajuster les plages de chauffage aux horaires d’utilisation des locaux. De plus, dans le cadre de travaux d’amélioration de l’enveloppe du bâtiment, la commune a réalisé l’isolation des combles du centre de loisir par insufflation de ouate de cellulose, un matériau de recyclage issu de la transformation des journaux invendus. Le centre bénéficie également de volets roulants, cet ensemble permet de limiter les déperditions nocturnes en hiver et d’améliorer le confort.

Finalement, en trois ans, les diminutions de consommation énergétique observées sont de l’ordre de 20% sur l’ensemble des bâtiments et de 40% sur l’éclairage public.

Aujourd’hui, la commune de Roussillon, en partenariat avec ENEDIS, a mis en place des compteurs Linky sur les éclairages publics afin d’alerter la commune sur des anomalies observées. Dans cette démarche de transition écologique, la commune incite les habitants à profiter des avantages d’un compteur Linky.

            1.3.2. Réduction et traitement des déchets

Un autre objectif de la charte est la réduction de la production de déchets et l’amélioration de leur traitement. Le SIRTOM (Syndicat Intercommunal de Ramassage et de Traitement des Ordures Ménagères) du pays d’Apt, qui collecte et gère l’élimination des déchets sur la commune de Roussillon, a élargi la liste de déchets acceptés dans les bacs de tri. L’association “Les micros-biens” qui a pour but de promouvoir l’agriculture écologique et le développement local en milieu rural, s’engage à aider les habitants dans cette démarche de tri des déchets recyclables.

Le SIRTOM, dans le cadre de son engagement dans la charte “Zéro déchet plastique”, participe au World Clean up Day. L’objectif étant de ramasser le plus de déchets en 1 jour, le 18 septembre. Cette année, Roussillon et beaucoup de communes du Luberon se sont engagées dans cette CleanUp.

            1.3.3. Schéma départemental vélo

Le Vaucluse est un département très prisé des cyclistes en raison de ses atouts naturels et patrimoniaux. Le département a pour ambition de devenir leader au niveau national en matière de politique du vélo. Dans cet objectif, le Vaucluse a créé un “schéma départemental vélo” (2019-2025) afin de diminuer la congestion, les besoins de stationnement, la pollution, les émissions de gaz à effet de serre, mais avant tout afin d’améliorer la santé publique, la mobilité des plus démunis et de limiter les dépenses de transports pour tous. Cette démarche s’inscrit également dans l’objectif “Améliorer et sécuriser les déplacements” de la charte du PNR Luberon. Ce mode de transport doux répond, pour chacune des communes, à des enjeux économiques, touristiques, environnementaux et sécuritaires.

Il existe déjà de nombreuses pistes cyclables, comme celle qui prend la place de l’ancien chemin de fer allant de Cavaillon à Volx en passant par Apt. “La Voie Verte du Calavon” est un parcours agréable de 37,4 km entouré des paysages du Luberon, passant par des lieux de grand intérêt touristique comme le Pont Julien. Depuis 2014, le PNR du Luberon a créé une application : “Ocres à vélo” rassemblant les 4 parcours à vélo de Roussillon, Apt, Rustrel, Caseneuve. C’est une application ludique qui permet de guider les usagers en toute sécurité à travers les paysages magnifiques du Luberon, en leur proposant de découvrir des lieux d’arrêt à ne pas manquer, via des vidéos, audios, textes, quizz, jeux, réalité augmentée. L’objectif d’une telle démarche est d’innover et de moderniser les parcours cyclistes afin d’attirer un public plus jeune.

Voie verte du Calavon, photo Jeanne Garnier

La commune a déjà en tête de nombreux projets pour améliorer la vie quotidienne des habitants ainsi que des touristes et autres promeneurs. Nous pouvons citer l’émergence d’un projet visant à réduire les risques et les nuisances de la circulation dans le village comme la mise en place des feux de signalisation. Ceux-ci servent principalement à fluidifier le trafic tout en laissant plus d’espace aux piétons sur la place, l’un des endroits les plus admirables du village.

Dans l’objectif d’améliorer la vie au quotidien de l’ensemble des Roussillonnais, un projet de conception d’une future association amicale a été pensé. Dans celle-ci les habitants de la commune pourraient émettre sans contrainte leurs idées pour tenter de faire bouger les choses.

Un des deux feux de signalisation, photo Google maps
1° plan : la place désengorgée grâce aux feux, 3° plan : magnifiques formations d’ocre, Google maps

            1.3.4. Aménagement à taille humaine

La municipalité envisage également de créer des jardins partagés dans le but de donner l’accès à la terre à ceux qui n’en ont pas mais également de créer un lieu convivial où petits et grands pourraient partager, enrichir leurs connaissances et se reconnecter avec leur environnement. 

            1.3.5. LPO et sentier des Ocres

La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) est une association de protection de l’environnement qui œuvre pour la conservation d’espaces naturels ainsi que la mise en place de mesures de gestion favorables à la biodiversité et aux oiseaux en particulier.

Dans le cadre de la commune, la LPO est investie dans les mesures de conservation du sentier des ocres, en collaboration avec la mairie. En effet, parcourir ce sentier pour la beauté magistrale de la roche rouge, est une des activités phare des touristes.

Sentier des Ocres, photo Jeanne Garnier

Néanmoins, au vu de la fréquentation de ces ocres par près de 400.000 visiteurs par an, des actions de conservation, de suivi d’espèces et d’habitats sont réalisées par la LPO pour conserver à ce milieu extraordinaire et unique en France toute sa qualité.

            1.3.6. L’ambroisie, problème d’allergie

L’ambroisie à feuilles d’armoise, l’ambroisie à épis lisses et l’ambroisie trifide sont trois espèces de la famille des ambroisies nuisibles à la santé humaine du fait de l’émission de pollens hautement allergisants. Depuis le 30 mars 2021 le département du Vaucluse a appliqué l’arrêté relatif aux modalités de lutte contre les espèces d’ambroisie qui existait déjà ailleurs en France. Toute personne qui détecte la présence des ambroisies est encouragée à la signaler sur la plateforme nationale (signalement-ambroisie.fr) ou via l’application mobile “signalement ambroisie”.

II- Diagnostic paysager : 

2.1. Roussillon, un village formé par l’ocre

On appelle « ocre » une argile (kaolinite) colorée par divers oxydes et hydroxydes de fer (Fe3+) ce qui lui donne une variété de couleur allant du rouge, au brun et au jaune suivant les proportions de ces divers oxydes. Des traces d’oxyde de manganèse peuvent encore augmenter la palette des couleurs. Dans la nature, et en particulier en Provence, cette argile colorée est associée à du sable qui peut constituer jusqu’à 90% de la roche brute, qu’on appelle souvent aussi (par abus de langage) « ocre ». En réalité, ce n’est qu’une fois extrait de la roche brute qu’on peut parler d’ocres.  Pour simplifier la compréhension nous allons parler d’ocres pour désigner à la fois la pierre et la roche.

Panneau, photo Jeanne Garnier

Roussillon fait partie des plus beaux villages de France, d’ailleurs élu 3ème village préféré des Français en 2018 via l’émission du même nom animée par Stéphane Bern.

Le village se distingue des communes alentour par son étonnante palette de couleurs flamboyantes : les ocres. Afin de comprendre la richesse paysagère de cette commune, il est essentiel de revenir sur son histoire. Pendant plus de 100 millions d’années, la région provençale était entièrement recouverte par les mers triasique, jurassique et crétacée, qui ont déposé une épaisse série de couches sédimentaires, principalement calcaires et argileuses. D’où la qualification géologique de “Provence calcaire”. C’est en se retirant que la mer a laissé apparaître ces sédiments sableux appelés communément sable ocreux. Ce matériau est connu depuis les temps les plus reculés de l’humanité et nos lointains ancêtres s’en servaient pour orner leurs cavernes et leurs sépultures ou décorer leurs demeures primitives.

Mais c’est à partir de la fin du XVIIIème siècle, grâce au Roussillonnais Jean-Etienne Astier que l’extraction du pigment commence. L’ocre, nom dont l’origine vient du grec, est une contraction de « œuf de couleur », qui signifiait jaune pâle. Ce pigment extrêmement colorant et d’une teinte inégalée va alors être commercialisé au-delà des frontières françaises. Au fil des années, Roussillon va alors s’organiser de sorte que cette exploitation devienne le plus rentable possible. C’est alors qu’à partir de 1877 le Luberon se lance dans un projet de développement de chemin de fer pour faciliter le transport de cette marchandise. Les machines à vapeur remplacent petit à petit le cheval ! 

Portrait de Jean Etienne Astier, photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe
Extraction de l’ocre sur mine à ciel ouvert, 1931, photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe

L’essor de la production démarre au début du XXème siècle après la création de grandes sociétés : Société des Ocres de France, la Compagnie des Ocres du Vaucluse…

L’industrie de l’ocre occupe un millier d’ouvriers et 90% des 40 000 tonnes d’ocre produites était exportées. Huit sites d’extraction à ciel ouvert ou en mines souterraines, quinze sites de lavage de l’ocre, cinq usines d’ocres répartis au Sud du village ont été créés.

Aujourd’hui, la Société des Ocres de France est le dernier exploitant en activité dans le Luberon.

Afin que les activités de l’ocre ne tombent pas dans l’oubli, le Parc Régional du Luberon et le chercheur et professeur Jean-Marie Triat ont lancé des études pour moderniser et rentabiliser le traitement de l’ocre. Les recherches ont été réalisées en collaboration avec l’École du Patrimoine d’Avignon qui forme des artisans dans le maniement de l’ocre. Au sein de l’ancienne usine Mathieu à Roussillon, devenue « le Conservatoire des ocres et des pigments appliqués », se perpétue le déroulement du cycle complet de la fabrication de l’ocre, et dans les salles reconstituées on peut admirer de nombreux outils ou souvenirs liés à l’industrie de l’ocre. Ce site a pour vocation de promouvoir les ocres et de diffuser une information, il est aussi un lieu de formation puisqu’il propose des stages, des expositions, des débats.

Le moulin du jaune, atelier historique reconstitué

Photo Site internet Ôkhra
1 : Le lavage de l’argile ocreuse dans des canaux coupés de chicanes ; 2 : Les bassins d’assèchement. Sur le bord, empilées, des briquettes en train de durcir ; 3 : Le séchage des mottes dans le four ; 4 : Le broyage et la pulvérisation. Photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe

Si l’ocre n’est plus exploitée sur la commune c’est en partie dû à deux facteurs :

  • L’érosion créée, qui provoque une évolution constante des paysages et reliefs et qui a dû être prise en compte dans la gestion de la commune. L’érosion des sols est d’ailleurs toujours une préoccupation majeure pour la mairie, puisque bon nombre de touristes, en souvenir de ce beau village, prennent des échantillons de sable ocreux, ce qui continue d’affaisser les talus années après années.
  • La disparition du patrimoine exceptionnel propre à Roussillon ; sa couleur qui fait tout son charme et qui par sa beauté a tant fait parler de lui, crée aussi sa destruction.

C’est dans la commune de Gargas, non loin de Roussillon, que des carrières à ciel ouvert continuent d’être exploitées. Les formations ocreuses de Gargas sont moins concentrées en ocre que celles de Roussillon. Comme les paysages ont été jugés moins imposants et moins bucoliques, il a été donné le droit à la Société des Ocres de France de continuer ses activités dans cette commune voisine.

Le sentier des Ocres attire des milliers de touristes. Comme l’ensemble des communes du Luberon, le tourisme joue un rôle, directement ou indirectement, dans l’économie locale : Hôtels, gîtes, chambres d’hôtes, camping, centres équestres, etc. Les variétés d’ocres et les couleurs ont su susciter l’intérêt des artistes comme des touristes.

Le village a vécu majoritairement de l’exploitation de l’ocre pendant plus d’un siècle, ce qui l’a fait prospérer économiquement. Aujourd’hui il a donné des paysages grandioses et a fait parler de la région en la rendant plus prospère. Enfin il a inspiré des musiques et des chants.

Chant des ocriers sur l’aire de “Alaska terre promise” (1925) :

Là-bas quels sont ces hommes / Rouges et jaunes, / Si mal vêtus ? / Ils sont couverts de terre. / Mais quel mystère / Est-ce leur vertu ? / A grand coup de pioche / Frappant n’importe où / Là, dans la roche / Vont-ils faire un trou ? / L’Homme et la Nature / Dans un corps à corps / La voilà notre industrie c’est là qu’ils puisent leur vie / Ils ont fondé, tout en creusant, / Un long sillon : / Roussillon /

Chant tiré du livre « Un village de Provence Roussillon Histoire et souvenirs », édition Archipal.

Ancien site d’extraction à ciel ouvert :


Photo du sentier des ocres, Jeanne Garnier
Ancien site d’extraction à ciel fermé, jonction de galeries souterraines créées à la pioche par les ocriers (sillons de pioche dans la roche), photo Jeanne Garnier

Galeries créées par les ocriers, photo des mines de Bruoux, Jeanne Garnier

 


Photo d’une ruelle du village de Roussillon, photo Jeanne Garnier

Depuis des siècles, les façades des maisons sont enduites, et de la couleur de la terre, résultat du savoir-faire des mineurs. Encore aujourd’hui, en parcourant les ruelles et les escaliers du village perché de Roussillon on peut apercevoir ce patrimoine architectural très spécifique, presque magique, encore conservé en parfait état.

“La pierre utilisée, peu dure et poreuse, a de tout temps été enduite, donnant au village une homogénéité dans la variété des nuances, que ne viennent rompre que quelques rares exceptions qui paraissent incongrues” Christophe Huet  

Photo du village de Roussillon :

Photo Jeanne Garnier

2.2. L’évolution de la vie paysanne

Avant 1950, la vie des paysans tournait autour de leur outil de travail, le cheval. Leur journée suivait la cadence des repas de leurs chevaux.

Leurs cultures étaient diversifiées, beaucoup de cultures céréalières mais également viticoles, oléicoles, fruitières (cerisiers), ainsi que des cultures de garance, truffes, asperges et ver à soie. La ferme était souvent animée par des troupeaux de brebis, cochons, poules, agneaux ou encore par des lapins. De plus, les agriculteurs avaient des jardins avec une grande diversité de légumes, ce qui permettait, pour la plupart, d’atteindre une certaine autonomie alimentaire.

Les semaines de travail étaient rythmées par des parties de pétanque et des sorties au bar mais aussi par des veillées de jeux de cartes les mercredis et samedis.

Le dimanche, c’était jour de bal au village.

Événement important : la partie de boules :

Photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe

Sortie au bar :

Photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe

Peu à peu, l’agriculture a changé et les paysans ont dû s’adapter aux nouvelles pratiques. Tout d’abord, les chevaux ont été remplacés par des machines. Les cultures directement liées à l’alimentation du cheval ont alors été arrêtées (sainfoin, avoine…). Mais cette nouvelle ère a permis l’expansion des cultures de cerises et de vigne grâce aux machines à vendanger et à récolter.

En revanche, certaines pratiques ont totalement disparu. En particulier, la culture du ver à soie a laissé place à des fibres synthétiques exportées par les Américains comme le nylon. La culture de la garance a été délaissée au profit de l’exploitation de l’ocre. De plus, on constate une régression des cultures de blé, d’asperge, de truffe et d’olivier qui sont progressivement remplacées par les cultures du melon, des tomates, de la pomme de terre, de l’ail

La vie à la ferme a, elle aussi, été chamboulée, la convivialité villageoise et rurale des veillées a été impactée par l’apparition de la télévision.

Finalement les paysans ont vu en un demi-siècle leur vie complètement changée : ils sont passées de la faux à la moissonneuse-batteuse, des chevaux au tracteur, des vendanges à la main à la machine à vendanger, de l’araire à la charrue trisoc, du lavoir au lave-linge, du broc et de la cuvette à la salle de bains, de la lampe pigeon à la lampe halogène, et enfin des théâtres et cinémas muet ambulant à la télévision.

Avec cette nouvelle ère, le champ a un peu perdu de son identité d’espace vivant, ouvert, communautaire pour devenir un simple outil de production orienté vers un rendement optimum.

A ce jour, l’agriculteur, tout de même majoritairement exportateur, revient petit à petit à un commerce plus local qui plaît aux touristes et aux autochtones. Certains s’ouvrent même sur l’hébergement en privilégiant l’accueil en milieu rural par la création des gîtes ruraux. Excellent moyen pour développer l’image de Roussillon et de ses produits locaux.

Le Domaine des Finets qui concilie l’hébergement avec l’agriculture :

Site : https://www.provenceguide.com

A travers nos sorties sur les terres agricoles, ainsi qu’avec la rencontre de Madame le maire Gisèle Bonnelly, elle-même étant issue de famille d’agriculteurs, nous avons pu nous renseigner sur le nombre d’exploitations passées et présentes. L’effectif des exploitations passe de près de 180 dans les années 20 à une dizaine aujourd’hui, principalement de production viticole.

Soigneusement traitée, la vigne donne ici un vin, qui selon le terroir, a droit à l’appellation contrôlée de “Côtes du Ventoux”.

Champ de vignes :

Photo de Jeanne Garnier

Champ d’oliviers :

Photo Jeanne Garnier

Le Luberon est aussi connu pour sa culture du lavandin, des champs aux dégradés de bleu-violet qui se marient bien avec le vert des vignes. Entre mi-juin et mi-juillet ces paysages attirent de nombreux visiteurs, c’est un plaisir pour les yeux et bien sûr pour le parfum qui s’en dégage.

Le lavandin a beaucoup de vertus : une fois récolté, les distilleries se mettent en action pour produire de l’huile essentielle et également des produits cosmétiques. Nous retrouvons son goût parfumé dans des produits comestibles, comme chez le boulanger Pierre-Blanc qui fait déguster la baguette et la glace à la lavande.

Il est parfois difficile pour les producteurs de faire face à la présence des touristes dans leurs champs. En effet, il arrive que les plans soient piétinés et d’autres brins coupés ou arrachés.

La culture des oliviers est toujours présente sur la commune, cette culture qui existe depuis les années 1920 s’est perpétuée. Malheureusement le fameux moulin à huile de Roussillon n’est plus en état de fonctionnement.

Nous retrouvons aussi d’autres cultures telles que le blé, le maïs, la carotte.

2.3.  Les problèmes liés à l’eau

            2.3.1. La Fontaine des Naïades 

Jusqu’au début du XX° siècle, le point d’eau le plus important, utilisé par tous les Roussillonnais, était la Fontaine, appelée plus tard la Fontaine des Naïades. A l’époque il fallait descendre dans le vallon, à 900 mètres du village pour s’approvisionner en eau. Toute la journée, les habitants faisaient des allers-retours entre la maison et la source en utilisant toutes sortes de moyens de transport “une barrique montée sur un chariot, une brouette chargée d’un tonneau suspendu ou d’un cuvier, à dos de mulet, des barriques placées sur char, ou des tonneaux montés sur deux roues” (Tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe).

Brouette :


Photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe

Cette source servait à puiser l’eau potable, à laver son linge et à faire abreuver le bétail. Ce dernier point provoqua quelques frictions entre les villageois et les propriétaires des bêtes. Afin de pallier ce problème, la fontaine fut aménagée et protégée par une construction en pierre agrandie au fil des années pour séparer le lavoir et l’abreuvoir du point où l’eau était puisée.

Photo de la Fontaine des Naïades :

Photo Jeanne Garnier

La Fontaine demandait beaucoup d’entretien coûteux, le conseil municipal devait alors trouver une solution pour amener l’eau au village. Une source fut trouvée au lieu-dit les Chapelins, situé sur la commune de Bonnieux.

Des travaux d’adduction ont été réalisés afin d’amener l’eau de la source au village. En 1912, le village fut équipé de borne-fontaine à repoussoir, la pénible montée de l’eau depuis la fontaine était enfin abrogée.

Après plusieurs années de sécheresse, la source du Chapelins ne suffisait plus à alimenter le village. En 1940, à la suite de travaux de raccordement, deux nouvelles sources ont rejoint celle du Chapelins.

Borne-fontaine à repoussoir 

Photo tirée du livre “Roussillon, Le temps retrouvé” de Francis Berjot édition Equinoxe

En septembre 1953, par l’appui du préfet, la commune de Roussillon s’incorpore au projet de participation au Syndicat de distribution d’eau Rhône-Durance-Ventoux car, à la suite de la sécheresse, les sources de Bonnieux ont diminué.

En 1990, la commune de Roussillon est alimentée pour l’irrigation en eau de la Durance, grâce au tunnel creusé sous le Luberon, Roussillon est enfin alimentée en eau potable.

            2.3.2. Calavon / Coulon 

Le Calavon prend sa source vers Banon dans les Alpes-de-Haute-Provence, à 747 m d’altitude. La rivière parcourt un total de 84 km. Le Calavon s’étend de Banon jusqu’aux Beaumettes, puis devient le Coulon jusqu’à Cavaillon, où il rejoint son bassin versant, la Durance. 

L’origine de Calavon vient des gorges d’Oppedette : “Cal” signifie la “pierre” et “avon” signifie “fleuve”.

Le Calavon-Coulon est alimenté par de nombreux affluents : l’Encrême, la Buye, la Doa, la Marguerite, la Riaille d’Apt, l’Urbane, l’Imergue, la Sénancole et le Boulon. Il s’inscrit sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon et de la Réserve de Biosphère Luberon-Lure.

Il présente la particularité de s’écouler sur un substrat tantôt entaillé dans des calcaires, tantôt façonné par les sables issus de l’érosion sur les anciennes carrières d’ocre. L’influence du climat méditerranéen sur un bassin versant aussi contrasté explique à la fois les étiages sévères et les crues dévastatrices à l’origine de la modification du tracé sur des secteurs sableux. (Source ZNIEFF géologique de type II)

Dès que les pluies se font moins fréquentes et le soleil méditerranéen plus ardent, le lit de la rivière n’est plus qu’un tapis de cailloux avec à peine un filet d’eau courant entre les pierres. A l’inverse on peut assister à de fortes crues historiques : 1935, 1942, 1951, 1994, 2008 et 2019, nommées “Calavonades” par Frédéric Mistral.

Des siècles durant, les conséquences des crues étaient moindres puisque les villages étaient situés en hauteur. C’est à partir du XVII° siècle par l’accroissement de la population que les villages se sont étendus près des cours d’eau. Puis au XIX° siècle, de nombreux facteurs vont faire leur apparition et influencer le cours d’eau avec l’occupation des campagnes et les premières industries locales demandant beaucoup d’eau (fruits confits, ocres, verreries, fer).

La demande en combustibles a entraîné un important défrichement et les forêts ont disparu des versants, laissant place à des cultures en terrasses ou des pâturages. En conséquence, lors des fortes pluies, les eaux dévalaient les pentes et emportaient tout sur leur passage et étaient à l’origine de crues extraordinaires.

A cette même époque la rivière était appelée “rivière la plus polluée de France”. Ceci était dû aux effluents de la ville d’Apt, en particulier ceux des fabriques de fruits confits. Ce n’était pas les seuls à utiliser la rivière comme une décharge, de nombreuses industries évacuaient directement leurs déchets, les exploitants d’ocres y rejetaient de grandes quantités de sable, et les agriculteurs y jetaient leurs déchets plastiques, en laissant les crues les emporter. 

Encore aujourd’hui on peut voir les traces de la pollution passée dans les différentes strates de terre aux abords du lit de la rivière.

Photographie actuelle de déchets plastiques dans des arbres aux abords du cours d’eau :

Photo Jeanne Garnier

Déchets divers dans le lit majeur du Calavon :

Photo Jeanne Garnier

Enfin, les eaux du Calavon-Coulon et de ses affluents ont été exploitées de manière intensive par des barrages et les prises d’eaux.

Ces aménagements ont eu un impact sur la formation des inondations.

Dans la seconde moitié du XX° siècle, dans un contexte de croissance économique, la population n’a cessé d’augmenter dans les villes. A Cavaillon par exemple, les autorités recherchent des terrains libres pour y installer des logements et des entreprises, ceux-ci se trouvant souvent proches du Coulon.

Les cours d’eau n’étant pas domaniaux, il est de la responsabilité des riverains d’assurer les travaux le long de leur propriété. Sans coordination entre l’amont et l’aval du cours d’eau ou entre deux propriétaires, les aménagements n’ont fait que repousser les débordements chez le voisin ou aggraver les dégâts pour tout le monde.

C’est seulement au début des années 1990 que le Parc naturel régional du Luberon entame des débats autour des questions de l’eau et des milieux naturels et que le projet d’une mobilisation élargie contre les inondations voit le jour. Après un long diagnostic du fonctionnement de la rivière, le premier Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) est mis en place en 2001 à l’échelle de l’ensemble du bassin Calavon-Coulon. S’ensuit un contrat de rivière et la création en 2005 du Syndicat Intercommunautaire Rivière du Calavon-Coulon (SIRCC) chargé de mener à bien les actions de protection des crues, d’entretien des berges, de prévention et d’alerte.

La quasi-totalité du bassin du Calavon est classée ZNIEFF de type II et comporte 7 sites classés Natura 2000. Cela montre la richesse en espèces et en milieux naturels rares ou menacés.

Ce cours d’eau présente un très fort intérêt patrimonial avec 21 habitats d’intérêt communautaire dont un, prioritaire, qui correspond aux milieux aquatiques.

Le Calavon présente peu de formations à hydrophytes (plantes vivant dans l’eau) en raison de l’irrégularité de son débit mais les formations à hélophytes, c’est-à-dire des plantes se développant dans les substrats gorgés d’eau, sont bien représentées, c’est le cas aussi pour les groupements terrestres.

Bien qu’il y ait de nombreuses espèces végétales patrimoniales, aucune n’est d’intérêt communautaire. Néanmoins, certaines plantes présentent un enjeu de conservation majeur, c’est le cas de la Bassie à fleurs laineuses, Bassia laniflora dont les dernières populations se trouvent dans la région du Vaucluse.

Sur le plan faunistique, au sein du Calavon, 38 espèces sont patrimoniales dont 10 espèces déterminantes.

Le Castor d’Europe occupe le Calavon, c’est une espèce écologiquement intéressante et protégé au niveau national.

La vallée du Calavon abrite un peuplement chiroptérologique d’intérêt communautaire avec des espèces telles que le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Grand Murin (Myotis myotis), le Petit Murin (Myotis blythii) et le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), ces espèces sont déterminantes du milieu dans lequel elles nichent.

Pour ce qui est des espèces halieutiques (espèces se développant dans des milieux aquatiques), le haut Calavon présente une valeur patrimoniale élevée et joue un rôle essentiel de réservoir biologique pour le reste du bassin fluvial avec la présence de trois espèces d’intérêt communautaire : le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), le Blageon (Telestes souffia) et l’Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes). On dénombre quatre espèces d’invertébrés d’intérêt communautaire, deux espèces d’odonates : une demoiselle et une libellule et deux espèces de coléoptères.

Le site Natura 2000 est également concerné par trois espèces de reptiles d’intérêt communautaire : le lézard vert occidental, le lézard des murailles et la couleuvre à collier ainsi que quatre espèces d’amphibiens : le Crapaud calamite, l’Alyte accoucheur, la Rainette méridionale et le Pélobate cultripède. Cette dernière espèce est classée vulnérable et protégée en Europe, elle représente donc l’un des enjeux majeurs du site car sa présence sur le Calavon aval constitue l’un des derniers bastions géographiques de l’espèce dans le département du Vaucluse.

Lézard vert occidental :

Photo Cosma Zydek

En ce qui concerne l’avifaune, de nombreuses espèces sont présentes et sont surtout caractéristiques de la ripisylve. L’étroitesse des milieux offre de faibles possibilités de nidification mais le Calavon reste une zone d’interaction entre les habitats et les espèces, c’est un réel corridor écologique permettant des échanges entre zone de gîte, de reproduction, d’alimentation, de circulation.

Précédemment, nous avons vu l’importance des habitats et des espèces sur le fonctionnement du site mais les activités humaines situées à proximité immédiate jouent également un rôle sur le fonctionnement des milieux naturels. Les prélèvements en eau des activités agricoles impactent l’hydrologie des cours d’eau.

Barrage de Castor d’Europe, photo Jeanne Garnier

Cela fait une vingtaine d’années qu’une gestion concertée autour des enjeux liés à l’eau et aux milieux aquatiques est mise en place. Grâce aux différents outils de planification et aux programmes d’actions (SAGE, Contrat de rivière, Programme d’Action de Prévention contre les Inondations, Commission Locale de l’Eau, SIRCC) des actions ont pu être mises en place afin de répondre aux enjeux de conservation des habitats naturels et des espèces. Ces enjeux ont été évalués à partir de deux critères : la valeur patrimoniale et le risque de dégradation.

En 2017, un programme pluriannuel de restauration physique et d’entretien a été élaboré pour une durée de 10 ans à l’échelle du bassin versant. L’entièreté du cours d’eau a été délimitée en tranches en fonction des différents enjeux de ces zones. Chaque année en automne, des travaux sont lancés tranche par tranche. En tout 18 points problématiques ont été recensés : présence d’habitations, réseaux de gaz, infrastructures routières…

Grenouille rieuse, Pelophylax ridibundus, photo Cosma Zydek

À des fins hydrauliques mais aussi écologiques voici les principales actions mises en place : 

  • Restauration de la ripisylve par des travaux de traitement de la végétation rivulaire
  • Évacuation sélective des bois morts et des embâcles
  • Restauration des boisements de berges
  • Actions ponctuelles de restauration du lit aux abords d’infrastructures (ponts, routes, réseaux d’eau, etc.). Le SIRCC a entrepris des travaux d’enlèvement d’embâcles à la suite des dégâts causés par les crues de 2019. L’objectif est de redonner à la rivière un fonctionnement naturel pour limiter les crues, sécuriser la population et améliorer la qualité de l’eau avec une gestion de l’eau par le bassin versant. Il s’agit de laisser plus d’espace à la rivière, de retrouver des champs d’expansion de crues, de ralentir les eaux et de laisser circuler les sédiments.

III- Nos inventaires :

Roussillon s’est révélée être une commune riche et diversifiée en raison de son îlot siliceux, placé dans une Provence occidentale calcaire.  Ceci a favorisé l’implantation d’une flore et d’une faune exceptionnelle. Cette particularité rend aussi les paysages du massif de Roussillon si insolites.

Pour les différents inventaires réalisés, qu’ils soient faunistiques ou floristiques, nous nous sommes basés sur la méthode du transect (partir d’un point A pour aller à un point B) compilé avec un protocole d’itinéraire aléatoire.

Ce protocole consiste à tracer un itinéraire aléatoire (traits droits, courbés, zigzags) d’un point A à un point B sur une carte qui servira pour la prospection. Il faut ensuite emprunter le chemin prédéfini dans un sens puis dans l’autre, en recensant les espèces rencontrées sur la route. Il s’est avéré très utile pour notre cas et nous a permis d’emprunter des chemins reculés et cachés. Pour un gain de temps sur le terrain, nous prenions quasi exclusivement des photos des espèces pour ensuite les déterminer à la chaîne, au calme dans notre logement. Par ce biais, nous avons maximisé les temps passés sur le terrain et avons été plus précis au moment de la détermination.

3.1. Notre inventaire floristique

Afin de réaliser nos inventaires floristiques, nous préparions donc en amont un itinéraire aléatoire allant d’un point A à un point B.

Pour rencontrer plus de diversité, nous prévoyions de passer par différents milieux quand cela était possible. Pour cela, nous utilisions le logiciel de cartographie QGIS ainsi que le site Géoportail, pratique pour les délimitations de territoires et de zones.

Vous trouverez ci-dessous la carte de quelques itinéraires d’inventaires floristiques et faunistiques, réalisés aussi bien en milieu forestier, qu’en bordure de parcelle agricole ou encore le long de la rivière du Calavon.

Cartographie d’un trajet effectué sur 2 jours :

Le tableau ci-dessous réunit l’ensemble de la flore identifiée lors de nos inventaires :

INVENTAIRE FLORISTIQUE

FamilleNom scientifiqueNom vernaculaire
AdoxacéesSambucus nigraSureau noir
AnacardiaceaeCotinus coggygriaArbre à perruque
ApiaceaeFoeniculum vulgare MillFenouil commun
AraliaceaeHedera helixLierre grimpant
AraliaceaeHedera helix L.Lierre grimpant
AsparagaceaeOrnithogalum umbellatumOrnithogale en ombelle
AsparagaceaeYucca filamentosa L.Yucca commune
AsteraceaeAchillea millefoliumAchillée millefeuille
AsteraceaeAnthemis arvensisAnthémis des champs
AsteraceaeArtemisia dracunculusEstragon
AsteraceaeBellis perennisPâquerette
AsteraceaeBellis perennisPâquerette
AsteraceaeCrepis sanctaCrépis de Nîmes
AsteraceaeHieracium murorumEpervière des murs
AsteraceaeLactuca serriolaLaitue scariole
AsteraceaeOnopordum.spChardon aux ânes
AsteraceaeSantolina decumbensCamomille de Mahon
AsteraceaeTaraxacum spPissenlit
AsteraceaeTragopogon pratensisSalsifis des prés
BoraginaceaeMyosotis arvensisMyosotis des champs
CactaceaeOpuntia humifusaFiguier de Barbarie
CaryophyllaceaeSaponaria ocymoidesSaponaire de Montpellier
CaryophyllaceaeSilene italicaSolène d’Italie
CistaceaeCistus laurifoliusCiste à feuille de laurier
CistaceaeCistus salviifoliusCiste à feuille de sauge
ConvolvulaceaeConvolvulus arvensis LLiseron des champs
CupressaceaeJuniperus communisGenévrier commun
CupressaceaeJuniperus oxycedrusGenévrier cade
CupressaceaeJuniperus oxycedrusCade
CupressaceaeJuniperus oxycedrusGenévrier oxycèdre
CupressaceaeJuniperus phoenicea L.Genévrier de Phénicie
EricaceaeArbutus unedoArbousier commun
EricaceaeCalluna vulgarisCallune
EricaceaeCalluna vulgarisBruyère
FabaceaeCytisus scopariusGenêt à balai
FabaceaeGenista cinereaGenêt cendré
FabaceaeLupinus angustifoliusLupin à feuilles étroites
FabaceaeMedicago minima LLuzerne naine
FabaceaeRobinia pseudoacaciaRobinier faux-acacia
FabaceaeRobinia pseudoacaciaRobinier faux-acacia
FabaceaeSpartium junceumSpartier à tiges de jonc, Genêt d’Espagne
FabacéesLathyrusGesse à fruits ronds
FagaceaeCastanea sativaChâtaignier
FagaceaeQuercus petraeaChêne sessile
GentianacéesChlore perfoliée – Blackstonia perfoliataChlore perfoliée
JuglandaceaeJuglans regia L.Noyer commun
LabiataeAjuga reptansBugle rampante
LamiaceaeMelissa officinalis LMélisse officinale
LamiaceaeRosmarinus officinalisRomarin
LauraceaeLaurus nobilisLaurier-sauce
LiliaceaeAphyllantes MonspeliensisAphyllanthe de Montpellier
MalvaceaeAlcea roseaRose trémière
MalvaceaeAlcea roseaRose trémière
MalvaceaeMalva sylvestris LMauve sauvage
MoraceaeFicus caricaFiguier commun
OleaOlea europaeaOlivier sauvage
OleaceaeSyringa vulgaris L.Lilas commun
OnagraceaeOenothera biennisOnagre bisannuelle
OrchidaceaeAnacamptis pyramidalisOrchis pyramidal
OrchidaceaeCephalanthera rubraCéphalanthère rouge
OrchidaceaeLimodorum abortivumLimodore avorté
OrchidaceaeOrchis purpureaOrchis pourpre
PapaveraceaePapaver rhoeaCoquelicot
PinaceaePinus pinasterPin maritime
PinaceaePinus sylvestrisPin sylvestre
PlantaginaceaePlantago lanceolataPlantain lancéolé
Plantaginaceaeplantago majorGrand plantain
PoaceaeArundo donaxGrand roseau
PolypodiaceaePolypodium vulgarePolypode commun
RanunculaceaeRanunculus bulbosusRenoncule bulbeuse
RanunculaceaeRanunculus bulbosus L.Renoncule bulbeuse
RosaceaeCrataegus monogynaAubépine monogyne
RosaceaeCydonia oblongaCognassier
RosaceaeRosa arvensisRosier des champs
RosaceaeRubus ulmifoliusRonce à feuilles d’Orme
SalicaceaePopulus alba L.Peuplier blanc
SalicaceaePopulus nigraPeuplier commun noir
SalicaceaePopulus nigraPeuplier noir
SalicaceaePopulus nigra L.Peuplier noir

Au fur et à mesure de nos sorties, par le biais de nos inventaires nous avons pudéceler des espèces plus récurrentes et donc plus abondantes que d’autres. Le fait que certaines espèces soient plus présentes que d’autres peut s’expliquer simplement par le biais d’un exemple : Le pin sylvestre.

Le pin sylvestre est une plante qui a besoin de lumière, il apprécie les expositions ensoleillées, dans un sol léger, un peu acide et bien drainé.

Comme vu précédemment, le climat et la géologie de Roussillon regroupent tous les éléments nécessaires pour plaire à cette espèce et en faire une espèce plus abondante qu’une autre.

Pour ce qui est des milieux forestiers, les chênes verts, les chênes pubescents, les peupliers blancs et les châtaigniers sont présents bien que les arbres de la famille des pinacées soient largement prédominants avec le pin d’Alep, le pin sylvestre et le pin maritime. En plus du climat plus que favorable pour ces espèces, l’Homme a aussi joué un rôle dans leur développement par son intervention permanente sur ce milieu pendant des décennies en déboisant les zones d’extraction de l’ocre des multiples essences d’arbres plus “fragiles” que le pin.

Forêt de pins :

Photo Jeanne Garnier

La gestion de ces milieux est organisée par le Parc Naturel Régional du Luberon (PNRL) en lien avec l’Office National des Forêts (ONF) et le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF). Ensemble, l’objectif est de mettre en place les actions nécessaires à la gestion des sites forestiers dont les enjeux sont la conservation des secteurs de vieux peuplements forestiers naturels et d’arbres à gîtes et la conservation et la gestion des forêts feuillues et mixtes structurées et stratifiées.

Réaménagement d’une piste d’accès pour les pompiers :

Photo Cosma Zydek

Les pins, sapins et autres résineux, augmentent les risques d’incendie. La problématique des départs de feu n’est pas nouvelle puisque le village, peu avant la dernière guerre, s’était déjà doté d’une équipe de pompiers volontaires et bénévoles.

Aujourd’hui, la surveillance forestière estivale des massifs forestiers est assurée par des patrouilles terrestres et une surveillance aérienne. C’est le Comité Communal des Feux de Forêts (CCFF) de Roussillon qui est engagé à veiller sur le territoire et à être à l’affût de la moindre fumée suspecte tout au long de l’été. Des aménagements de terrain en matière de défense contre l’incendie sont réalisés : pistes d’accès pompiers, pare-feu, installations de citernes d’eau accessibles aux engins terrestres…

Le dernier feu majeur en date est celui du 14 juillet 1989, qui parcourut 80 hectares.

Carte des risques potentiels d’incendies de forêt :


Bulletin municipal, mai 2021

Les sous-bois, eux, sont caractérisés par la dominance quasi exclusive de lande à bruyère, à balai et à callune qu’accompagnent occasionnellement sur les sols plus régulièrement humides, le sarothamne et autres genêts. Ces deux espèces créent à certains endroits dans les clairières, des maquis denses.

Genêt à balai :

Photo Jeanne Garnier

Callune :

Photo de Jeanne Garnier

En dehors des formations forestières, on trouve les landes, milieux ouverts de nature arbustive sur substrats siliceux et qui sont généralement bien représentés sur les milieux anthropisés. Souvent très recouvrante et peu pénétrable, la végétation, touffue, dépasse rarement deux mètres de haut. Ces végétations créent des formations présentant un plus grand intérêt biologique que dans les milieux fermés (bois, broussailles). On y trouve par exemple les cistes et les bruyères avec en particulier Cistus laurifolius (ciste à feuilles de laurier) qui prédomine, une espèce patrimoniale.

La conservation de ces milieux se fait par le pâturage, la fauche exportatrice (« outil de restauration ou de gestion utile pour de nombreux milieux dont la pauvreté des sols conditionne la diversité et la richesse des communautés et des espèces végétales », Françoise Duhamel) ou brûlage dirigé afin de maintenir l’ouverture de l’habitat qui, sinon, pourrait facilement être colonisé par les ligneux.

Si certaines espèces prédominent, la commune de Roussillon possède tout de même une biodiversité importante, surtout dans les pelouses à plantes annuelles (cycle de vie d’une année) comme Bassia laniflora, Silene portensis. Poussant sur des sols très filtrants, les espèces qui les composent ont nécessairement un cycle végétatif adapté, souvent très court, afin de coïncider au mieux à la période printanière réduite au cours de laquelle l’eau est présente dans les couches superficielles du sol.

3.1. Notre inventaire faunistique

Pour ce qui est de la faune, nous ne nous sommes pas concentrés sur une classe en particulier. Nous avons diversifié nos méthodes de recensement afin de repérer des animaux que nous n’aurions jamais vus autrement.

Les protocoles d’inventaire et de suivi de la biodiversité sont nombreux en fonction des taxons étudiés. Nous aborderons ici les méthodes utilisées lors de notre stage.

La durée des inventaires dépend essentiellement de la superficie et de la complexité du site. Un inventaire sur plusieurs saisons permettra d’avoir plus de données, cependant le printemps reste la meilleure saison pour effectuer ces études.

            3.1.1. Détection à vue

La détection à vue des espèces ou celle de traces et indices informant de la présence d’individus (fèces, empreintes, mues…) est réalisée à l’occasion d’un protocole d’itinéraire aléatoire. Cette méthode permet de recenser les mammifères et les oiseaux. Il faut être à l’affût du moindre mouvement et être attentif à l’environnement qui nous entoure pour ne pas passer à côté d’une trace ou d’un indice notable (plumes, poils, bois mangé, nids…). Cette méthode était accompagnée d’une vérification à l’aide de nos guides et de clés de détermination.

La diversité des espèces d’oiseaux rencontrées est incroyablement grande, à chaque sortie réalisée, nous rencontrions de nouvelles espèces à travers nos jumelles.

Trace de sanglier :

Photo de Cosma Zydek

Poils de sanglier :

Photo de Cosma Zydek

Fèces de renard :

Photo de Cosma Zydek 

Cynips de la galle ronde du chêne, Andricus kollari :

Photo de Cosma Zydek

Nid de buse variable :

Photo Jeanne Garnier

Héron cendré, Ardea cinerea  Buse variable à travers les jumelles

3.1.2. Méthodes de points d’écoute

Nous nous sommes servis de notre ouïe pour identifier les chants et les cris d’oiseaux. Nous avons aussi utilisé cette méthode pour les amphibiens en réalisant une écoute diurne ou nocturne sur un site aquatique en période de reproduction.

Chaque espèce possède un signal sonore spécifique. Pour les oiseaux cela reste plus délicat puisque certaines espèces ont plusieurs compositions de chants et de cris.

Chaque chant a un sonogramme propre qui permet de lire le chant de l’oiseau. Par exemple, le pinson des arbres a ce chant distinctif : tititititi tututu tu tututu titu

Sonogramme du pinson des arbres :

            3.1.3. Le piège photo

Le piège photo est utilisé pour la petite et grande faune sur les secteurs peu fréquentés par l’Homme. Un système de photographie ou de vidéo associé à un détecteur de mouvement permet d’enregistrer le passage de la faune. Cet outil nous a permis de capter de beaux moments au sein de la faune sauvage.

Famille de canetons :

Piège photo

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Chevreuil curieux 

Piège photo

 

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Blaireau en pleine chasse nocturne

Piège photo

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Famille de marcassins en route pour s’abreuver :

Piège photo

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Héron cendré en plein affût, accompagné de son canard :

Piège photo

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.Castor fiber en route vers sa hutte

Piège photo

           

3.1.4. Méthode photographique

Les arthropodes comprennent tous les animaux qui possèdent un squelette externe et des pattes articulées. On trouve parmi ces animaux les insectes, les crustacés, les arachnides et les myriapodes.

Du fait de leur petite taille, nous avons décidé de photographier chacune des espèces rencontrées afin de les analyser et de les identifier grâce à des clés de détermination. Nous avons donc appris à garder constamment les yeux grands ouverts pour en recenser le plus possible.

Mille-pattes, Tachypodoiulus niger 

Photo de Cosma Zydek

Cétoine dorée, Cetonia aurata

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Photo Jeanne Garnier

Machaon ou Grand porte-queue, Papilio machaon :

Photo Jeanne Garnier

Sylvain azuré, Limenitis reducta :

Photo Cosma Zydek

3.1.5. Tableau inventaire faunistique

 INVENTAIRE FAUNISTIQUE

AVIFAUNE
FamilleNom scientifiqueNom vernaculaire
AccipitridaeAccitiper gentilisAutour des palombes
AccipitridaeButeo buteoBuse variable
AccipitridaeMilvus migransMilan noir
AccipitridaeMilvus milvusMilan Royal
AlaudidaeLullula arboreaAlouette lulu
ApodidaeApus apusMartinet noir
ArdeidaeArdea cinereaHéron cendré
ColumbidaeColumba liviaPigeon biset
ColumbidaeColumba palumbusPigeon ramier
ColumbidaeColumba palumbusPigeon ramier
CoraciidaeCoracias garrulusRollier d’Europe
CorvidaeGarrulus glandariusGeai des chênes
CorvidaePica picaPie bavarde
CuculidaeCuculus canorusCoucou gris
EmberizidaeEmberiza cirlusBruant zizi
FringillidaeCarduelis carduelisChardonneret élégant
FringillidaeFringilla coelebsPinson des arbres
FringillidaeSerinus serinusSerin cini
HirundinidaeDelichon urbicumHirondelle de fenêtre
HirundinidaeHirundo rusticaHirondelle rustique
MéropidésMerops apiasterGuépier d’europe
MotacillidaeMotacilla albaBergeronnette grise
MuscicapidaeErithacus rubeculaRouge gorge familier
MuscicapidaeLuscinia megarhynchosRossignol philomèle
MuscicapidaePhoenicurus ochrurosRougequeue noir
MuscicapidaePhoenicurus phoenicurusRougequeueà front blanc
OriolidaeOriolus oriolusLoriot d’europe
ParidaeCyanistes caeruleusMésange Bleue
ParidaeLophophanes cristatusMésange huppée
ParidaeParus majorMéange charbonnière
PasseridaePasser domesticusMoineau domestique
PicidaeDendrocopos majorPic épeiche
PicidaePicus viridisPic vert
SittidaeSitta europaeaSittelle torchepot
SylviidaeSylvia atricapillaFauvette à tête noire
TurdidaeTurdus merulaMerle noir
UpupidaeUpupa epopsHuppe fasciée
RHOPALOCÈRES
FamilleNom scientifiqueNom vernaculaire
AscalaphidaeLibelloides coccajusAscalaphe soufré
ErebidaeArctia villicaÉcaille fermière
HesperiidaeOchlodes sylvanusSylvaine
HesperiidaePyrgus malvoidesHespérie de la mauve
LycaenidaeCallophrys rubiThécla de la ronce
LycaenidaeCupido OsirisAzuré de la Chevrette
LycaenidaeLycaena phlaeasCuivré commun
LycaenidaePolyommatus icarusArgus Bleu mâle
LycaenidaePolyommatus icarusAzuré de la Bugrane
LycaenidaeSatyrium ilicisThécla de l’Yeuse
NymphalidaeManiola jurtinaMyrtil
NymphalidaeMégère – Lasiommata megeraMégère
NymphalidaeMelanargia galatheaDemi-Deuil
NymphalideaLimenitis reductaSylvain azuré
PapilionidaeIphiclides podaliriusFlambé
PapilionidaePapilio machaonMachaon
PieridaeAporia crataegiGazé
PieridaeColias croceaSouci
PieridaeGonepteryx cleopatraCitron de Provence
PieridaePieris napiPiéride du Navet
PieridaePieris rapaePiéride de la rave
RiodinidaeHaemaris lucinaLucine
SatyrinaeBrintesia circeSilène
SphingidaeMarumba quercusSphinx du chêne vert
MAMMIFÈRES
FamilleNom scientifiqueNom vernaculaire
CanideaVulpes vulpesRenard
CervidaeCapreolus capreolusChevreuil européen
LeporidaeLepus europaeusLièvre européen
MustelidaeMeles melesBlaireau européen
SuidaeSus scrofaSanglier nd
ARTHROPODES ET AUTRES
FamilleNom scientifiqueNom vernaculaire
AcrididaeOmocestus rufipesCriquet noir-ébène
ApidaeBombus pratorumBourdons des champs
AraneidaeArgiope bruennichiEpeire fasciée
Cynipidaeandricus kollariCynips de la galle
JulidaeTachypodoiulus nigerLules
LimacidaeLimax maximusLimace léopard
LycosidaeAlopecosa albofasciataAlopecosa albofasciata
PentatomidaePalomena prasinaPunaise verte
PyrrhocoridaePyrrhocoris apterusGendarme
SalticidaeSaitis barbipesSaitis barbipes
ScarabaeidaeCetonia aurataCétoine dorée
ScarabaeidaeOxythyrea funestaCétoine grise /Le drap mortuaire
ScoliidaeMegascolia maculataScolie des jardins
TetrigidaeParatettix meridionalisTétrix méridional (sauterelle)
TettigoniidaeTettigonia viridissimaGrande Sauterelle verte
ThomisidaeXysticus nubilusAraignée crabe
AUTRES : amphibiens, poissons, geckos, lézard
FamilleNom scientifiqueNom vernaculaire
BufonidaeEpidalea calamitaCrapaud calamite
CyprinidaeSqualius cephalusChevaine
FilodatidaeTarentola moritanicaTarente de morétanie
LacertidaeLacerta binileataLézard vert occidental
RanidaePelophylax ridibundusGrenouille rieuse

Ces inventaires contribuent à une compréhension du fonctionnement de l’écosystème.

Ce diagnostic permet de comprendre les potentialités du site, ses fragilités, les enjeux, mais aussi les contraintes.

Les inventaires présentent plusieurs objectifs :

  • Identifier les espèces, notamment les espèces rares et protégées
  • Comprendre la dynamique des écosystèmes et leurs interactions
  • Repérer les zones de déplacements des animaux (corridors écologiques)
  • Évaluer l’incidence d’un projet ou d’un aménagement sur le milieu et le site
  • Disposer de connaissances sur le milieu pour envisager des mesures compensatoires

IV- Acteurs rencontrés : 

4.1.Rencontres et remerciement

Réaliser ce stage nous a permis de rencontrer de nombreux acteurs du territoire. Nous avons pu échanger avec eux sur la dynamique du territoire, l’agriculture, le tourisme ainsi que sur les enjeux environnementaux.

Cosma Zydek, Madame Gisèle Bonnelly, Jeanne Garnier, Esteban Chevalier devant les portes de la mairie, photo de Maxime Largot

            4.1.1. Gisèle Bonnelly, Maire de Roussillon

Par l’intermédiaire de Lionel Tribollet, nous avons eu la chance d’être reçus par Madame Gisèle Bonnelly, le maire de Roussillon. Mme Bonnelly est très investie pour faire de sa commune un lieu de vie agréable et convivial. Nous avons pu échanger sur de nombreux sujets, tels que l’agriculture, la culture, le tourisme et l’environnement. Cette rencontre nous a permis de comprendre quels étaient et quels sont aujourd’hui les enjeux du territoire. Nous tenons à remercier Gisèle Bonnelly pour le temps qu’elle nous a accordé et pour les nombreux documents fournis par la mairie qui nous ont aidés pendant notre stage. 

            4.1.2. Inès, stagiaire à la mairie

À la suite de notre rencontre avec le maire, nous avons pu rentrer en contact avec Inès, étudiante en Master Touristique. L’objectif de son stage était de faire un état des lieux sur la dynamique touristique de la commune. A travers des interviews elle a essayé de comprendre pourquoi de plus en plus d’habitants quittent le territoire et quel est l’impact du tourisme sur la population locale. Son second objectif était de guider les touristes pour les inciter à suivre un circuit passant par tous les lieux incontournables de la ville de Roussillon. Elle a aussi travaillé sur la clarté des panneaux touristiques.

            4.1.3. Lionel Tribollet, élu à la mairie

Nous avons eu la chance de rencontrer à maintes reprises Lionel Tribollet, membre de la commission communale agriculture et environnement à la mairie de Roussillon. Lionel est très informé et investi dans son domaine, ce qui nous a permis d’accéder à beaucoup d’informations sur la commune.

Merci à Lionel Tribollet de nous avoir accompagnés et guidés durant notre stage. Grâce à lui nous avons pu entrer en contact avec de multiples acteurs de l’environnement.

            4.1.4. Mathieu Barrois, directeur général de l’écomusée d’Okhra

En raison de notre proximité avec l’écomusée Okhra, nous avons pu rencontrer le directeur général, Mathieu Barrois. À la suite d’un entretien très enrichissant sur les ocres en Luberon et sur le projet de l’écomusée, nous avons eu la chance de découvrir les mines de Bruoux en visite privée. Une sortie très intéressante, d’une part grâce à la qualité des explications, d’autre part grâce aux dialogues scientifiques entre les visiteurs et les intervenants.

Merci à Mathieu Barrois, qui a été l’un des premiers à nous accorder du temps pour répondre à nos questions et qui nous a laissé un libre accès à sa propriété pour effectuer nos travaux d’inventaire. Grâce à lui, nous avons pu avoir une documentation complète sur les ocres et sur l’évolution de l’ancienne usine Camille Mathieu.

            4.1.5. Jérôme Brichard

Nous avons pu convenir d’une réunion en visioconférence avec Jérôme Brichard, chargé d’étude Eaux et rivières dans le pôle Biodiversité, géologie et ressources naturelles. Il travaille sur les zones humides et la biodiversité aquatique ainsi que sur l’animation du site Natura 2000.

Nous avons pu échanger sur les problématiques du Calavon-Coulon ainsi que sur la gestion de ces milieux. Grâce à lui, nous avons appris que des travaux de restauration concernant la dynamique alluviale du cours d’eau de la commune de Roussillon étaient envisagés pour la saison d’automne.

Un grand merci à Jérôme Brichard pour le temps qu’il nous a accordé et pour son dévouement, nous permettant de partager une journée avec nous.

            4.1.6. Henri, un ancien du village

En tant qu’ancien apprenant à la pépinière Appy, Cosma a pu nous arranger un rendez-vous autour d’un café avec Henri, un ancien du village qui a travaillé auprès de Cosma pendant plusieurs années.

Henri nous a confirmé que dans les années 70, l’agriculture était plus respectueuse de la nature avec des cultures maraîchères. Les terres étaient laissées en jachère tous les 2 ans pour permettre la reconstitution de la fertilité du sol. Au fil du temps, la viticulture a sa place dans de nombreux champs et ces nouvelles exploitations ont beaucoup impacté la faune et la flore en raison des traitements chimiques des vignes.

Son point de vue sur l’arrivée du tourisme dans les années 80 est mitigé car, d’une part cela a permis le développement de l’économie du territoire, d’autre part cela a impacté la convivialité qui régnait sur Roussillon. Le paysage a aussi subi de fortes modifications, les anciennes carrières ont été déforestées, les falaises se sont dégradées avec le passage incessant des touristes.

Nous pouvons citer sa dernière phrase : “ Je souhaiterais que la convivialité et la familiarité d’avant reviennent et que l’on développe des activités pour les jeunes pour qu’ils restent sur la commune.”

L’ensemble de ces acteurs nous a permis de comprendre les enjeux du territoire et d’avoir des avis divers sur la gestion de l’environnement. On a vite pu comprendre qu’il y a une pression touristique forte par rapport à la capacité de la commune. Cela peut mettre en danger la biodiversité environnante. Cependant, des projets sont mis en place comme l’ouverture d’un pôle environnement au sein de la mairie.

Malheureusement, nous aurions voulu rencontrer plus d’acteurs mais nous avons dû faire face à plusieurs refus d’échanges de la part de certains tandis que d’autres n’avaient pas de disponibilités pour nous rencontrer.

4.2. Écosociosystème

Afin de comprendre pourquoi nous avons choisi de rencontrer ces acteurs, nous avons réalisé un écosociosystème qui permet de voir quels sont les logiques de ces acteurs sur le territoire de Roussillon.

Certains acteurs ont plusieurs logiques vis-à-vis de l’association Paysages Reconquis ; nous les avons nommées logiques dominantes et logiques secondaires. Cela permet de comprendre quelle est la logique première qu’ont certains acteurs sur le territoire.

Nous avons caractérisé par des flèches les interactions que nous avons pu avoir ainsi que les interactions entre ces acteurs.

Écosociosystème  réalisé par Esteban Chevalier

Logique économique : la logique économique renvoie à la notion de production, de distribution, de consommation des richessesqui sont prélevées dans la nature avec une vision sur le court terme incluant la recherche de profit.

Logique écologique : renvoie à la protection du milieu naturel contre les interventions excessives humaines, recherche un équilibre entre la présence de l’homme et la protection de la nature.

Logique technico-administrative : renvoie à la représentation et à la défense de l’intérêt collectif, général, public. Rôle d’arbitre pour concilier les différents usages entre les acteurs présents sur le territoire, régulation des intérêts divergents.

V- Les limites de l’étude :

Au cours de notre stage nous avons dû faire face à quelques déconvenues.

Premièrement, certains acteurs nous ont laissés sans réponse et d’autres n’ont pas pris le temps de discuter avec nous. C’est le cas de la fédération de chasse et de pêche ainsi que des propriétaires agricoles. Il aurait été pourtant fort intéressant de pouvoir communiquer avec eux.

En ce qui concerne les inventaires, la période de stage se déroulant sur deux mois, nous n’avons d’une part pas pu inventorier toute la faune et la flore et d’autre part, nos résultats ne sont pas assez représentatifs de la commune puisque nous avons fait l’inventaire sur une seule période de l’année (l’été).

Enfin, certaines espèces n’ont pas pu être identifiées puisque nous manquons de connaissances et d’outils de détermination.

Nous nous étions fixé une autre mission éventuelle, celle de réaliser une intervention dans l’école de Roussillon pour informer les écoliers des enjeux de l’environnement dans la commune mais le temps nous était compté.

Néanmoins, nous pouvons nous réjouir d’avoir pu parcourir une large partie de la commune et nous sommes très contents d’avoir pu échanger avec les acteurs de la commune.

VI- Préconisations de gestion : 

6.1. Agriculture et biodiversité

Dans un premier temps, nous incitons les agriculteurs à se réunir avec Lionel Tribollet pour discuter ensemble des solutions à mettre en place pour réintroduire des espaces naturels ou les conserver, ce qui aura un impact sur la biodiversité.

On peut évoquer le plan Ecophyto qui vise à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires en France ou encore le contrat ORE : Obligations Réelles Environnementales qui vise à “conserver, gérer et restaurer des éléments de la biodiversité ou des fonctions écologiques.”.

L’objectif étant de concilier une agriculture économiquement, socialement et écologiquement performante.

Il serait également intéressant de reconstituer des bocages en plantant, entre les différentes parcelles, des haies constituées d’essences variées d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées.

Cet aménagement a plusieursintérêts d’une part, il joue un rôle biologique pour le climat et pour l’hydrologie. D’autre part, les haies se situant à l’interface entre différents milieux, elles favorisent le déplacement des individus en recréant des corridors écologiques.

De plus, ces haies fournissent des abris et de la nourriture à une grande variété d’espèces. Cela est un atout pour la faune à la recherche d’un abri pour la reproduction, de repos ou encore de refuge, tout en rendant un service écosystémique aux agriculteurs, en aidant des auxiliaires de cultures à s’installer de manière pérenne, ce qui peut permettre de limiter certains intrants chimiques en les remplaçant par des naturels.

Il serait intéressant de réaliser un plan d’action pour la biodiversité en rassemblant l’ensemble des services de la collectivité et les différents acteurs du territoire, le but étant d’être reconnu comme “Territoire engagé pour la nature” (TEN). Cela permettrait à la commune de recevoir une aide de l’Etat pour mener à bien les projets visant à préserver la biodiversité de son territoire.

Dans ce cadre, on peut imaginer la création d’un parcours pédagogique pour sensibiliser les habitants et les touristes à la biodiversité et à ses enjeux.

6.2. Décharges et dépôts sauvages

En lien avec ce dernier point, nous avons remarqué que de nombreuses réunions sont mises en place au sein de la mairie de Roussillon afin d’aborder les différentes actions à mettre en place sur le territoire. Nous nous sommes renseignés pour évaluer la place qu’ont les décisions environnementales. Lionel Tribollet, nous confirme que le volet environnement va prendre petit à petit plus d’ampleur dans les décisions municipales.

Lors de nos sorties sur le terrain nous avons remarqué plusieurs décharges sauvages, il serait nécessaire dans un premier temps de mettre en place un plan de prévention, par l’incitation et l’éducation. Si cela n’est pas suffisamment efficace, il faudra mettre en place des sanctions relatives aux lois environnementales (article n° 93 de la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 modifiant l’article L. 541-3 du Code de l’environnement) afin de dissuader les usagers.

En ce qui concerne les déchets occasionnels en bord de route ou le long du Calavon, on pourrait envisager de multiplier les « clean walk » participatifs.

VII- Conclusion :

En conclusion, la commune de Roussillon possède une riche biodiversité, ainsi que de nombreux habitats et surtout une forte diversité de paysages connus dans le monde entier. La commune a subi une très forte évolution de son paysage en raison de l’industrie de l’ocre très développée dans le passé. De nos jours, la commune de Roussillon est confrontée à deux enjeux majeurs : l’intensification de l’agriculture et la pression touristique importante. Nos nombreuses rencontres nous ont permis de constater que la commune et les habitants ont envie d’apporter des solutions à ces deux enjeux et ceci dans une approche durable.

Malheureusement, malgré la motivation présente des acteurs, la commune de Roussillon seule ne peut pas changer la dynamique régionale en cours. Il est donc impératif que ces problématiques soient vues à une plus grande échelle.

La réalisation de ce stage, nous a permis d’appliquer directement sur le terrain toutes nos connaissances techniques en ce qui concerne les inventaires. Nous avons aussi pu développer nos compétences en termes de communication grâce à nos nombreuses rencontres avec les différents acteurs présents sur la commune.

Malgré quelques difficultés de logement auxquelles nous avons fait face, nous sommes restés organisés dans notre travail et nous avons appris à travailler en totale autonomie pour réaliser notre stage et notre dossier.

Ce stage fut très enrichissant en raison de la diversité des missions que nous avons réalisées ainsi que des compétences et connaissances que nous avons pu acquérir.

VIII- Annexe : vidéos

Ces vidéos ont été obtenues à partir des pièges photos.

Canetons :

Chevreuils :

Blaireau :

Marcassins :

Héron :

Castor :

Renarde allaitante :

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