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Puy Mary – Col de Prat-de-Bouc
Dimanche 16 juin 2019
Voici une vidéo retraçant la 57ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Journée absolument magnifique sur les crêtes qui rejoignent le Puy Mary au Plomb du Cantal en passant par Super Lioran. Grand soleil, fleurs, éclatantes et rares (ZNIEFF). Il est question du Pourtaou, de Fours de Peyre Arse, du stratovolcan du Cantal, le plus grand d’Europe et enfin du col de Prat de Bouc.
Voici le texte de la vidéo:
Il est tout pimpant au réveil le village de Dienne ! La journée va être tout simplement magnifique ! C’est la première journée vraiment ensoleillée depuis celle du Puy de Sancy ! Sûr que les brumes matinales vont s’effilocher sans attendre et que le Puy Mary ne pourra plus se cacher bien longtemps derrière ses nuages!
Dernier regard vers le Col d’Eylac et le chalet du Puy Mary. Coup d’œil sur la vallée de l’Impradine vers le bas et vers le haut sur la brèche de Rolland (avec deux « l », pas celle du cirque de Gavarnie autrement plus saisissante!). Dans quelques instants nous passerons dessous, longeant la falaise qui barre la vallée de l’Impradine, coincée entre le Puy Mary à l’ouest et le Puy de Peyre Arse à l’est. Coup d’œil aussi sur le buron d’Eylac et sur la vallée de Cheylade que j’ai remontée hier sous la pluie.
La variante du GR4 s’élève doucement à flanc d’une pente raide. La vue est sublime, l’atmosphère printanière. Le sentier rejoint le pied de la falaise, passe sous la brèche de Rolland, le Pourtaou, c’est-à-dire « le portail » en auvergnat, puis rejoint tout doucement la longue crête herbeuse nommée Fours de Peyre Arse. Peira Arsa en auvergnat signifie « pierre brûlée », évoquant le chaos pierreux du sommet.
Et voici Daniel qui débouche sur la crête ! Avec derrière lui, le Puy Mary parfaitement dégagé !Et de l’autre côté, quelle beauté ! Au-delà de la vallée de la Jordanne c’est le puy Griou qui s’élève magistralement.
Nous prenons le temps d’observer les gentianes et mes coléoptères préférés, les géotrupes du fumier. J’observe que celui-ci n’a pas forcément la vie simple !
Sur cette crête les marcheurs sont nombreux et ils érodent les sols. Ces tapis de coco vont aider la végétation à repousser puis disparaitront au fil du temps.
Mais quelle splendeur ce paysage !
Le sentier aérien me remplit d’allégresse. Il file à travers l’or des genêts, domine les croupes vert tendre, vibrantes de lumière, lance le regard vers les sombres flancs boisés du Puy de l’Usclade ou le sommet dénudé du Puy Griou, presque violet dans l’air matinal. Au loin le regard se perd sur les crêtes bleues du majestueux Plomb du Cantal.
Ce paysage est à couper le souffle.
Je chemine toujours bien sûr dans le Parc naturel régional des volcans d’Auvergne et plus précisément sur le massif cantalien.
Après les volcans de la Limagne, après la chaîne de Puys et ses 80 volcans dont le Puy de Dôme, après les Monts Dore et son Puy de Sancy, après les volcans érodés du plateau du Cézallier, je foule donc l’immense Cantal avec sa quarantaine de puys comme le Griou, Peyre-Arse, le puy Mary ou bien sûr, le Plomb du Cantal.
Cet ensemble de volcans forme le stratovolcan du Cantal, le plus grand d’Europe : 60 km de diamètre, deux fois la superficie de l’Etna tout de même, et le plus ancien après la Limagne, 14 millions d’années!
Petit rappel : un stratovolcan est constitué de l’accumulation de coulées de lave plus ou moins pâteuse qui s’écoule difficilement. Le Cantal était un géant à sa formation mais il a été démantelé par des effondrements massifs et l’érosion des rivières et des glaciers. Sur cette carte incroyable on voit qu’une vingtaine de vallées s’étirent comme des rayons découpant des « parts de gâteau », ces plateaux basaltiques que l’on nomme planèzes.
Pour mémoire, j’ai parcouru un autre stratovolcan, le Puy de Sancy dans les Monts Dore il y a quelques jours à peine…
Les fleurs explosent en cette fin de printemps comme les genêts et la gentiane printanière mais les monts du Cantal en abritent bien d’autres comme la lunettière d’Auvergne qui est une variété propre au Cantal et au Mézenc, la bartsie des Alpes ou l’anémone soufrée.
Je domine maintenant la vallée de la Santoire aux courbes douces, si bien dessinée, avant d’arriver au col de Cabre d’où je vois le Puy Batailleuse et le Téton de Vénus et où je prends le temps de bavarder avec mes compagnes les Salers (je viens d’apprendre qu’on ne prononce pas le s final !)
Coups d’œil en arrière puis sur la vallée de la Jordanne qui file vers l’ouest, dominée par le Puy Griou.
Le GR 4 passe maintenant au Col de Rombière puis arrive au sommet des télésièges de la station du Lioran dont je devine les premiers immeubles en contrebas. Il me reste à dévaler la pente à travers le Bois de Combe Nègre jusqu’au Col de Font de Cère.
Suivant un instant la route, je vise maintenant la station de Super Lioran par un raccourci dans la forêt.
J’y retrouve Daniel qui, après sa montée sur la crête du Puy Mary a dû faire un long détour par Murat pour me rejoindre. Quelle abnégation dont je suis reconnaissante ! Nous piqueniquons ici puis prenons le temps d’un café et d’une crêpe au pied des immeubles, au soleil, face au téléphérique du Plomb du Cantal.
Alors que Daniel s’offre une deuxième crêpe, je repars sur une piste raide à l’assaut du Plomb du Cantal, clou de cette journée.
Je vise tout de suite la longue montée qui m’attend, d’abord en sous-bois, puis sur les pentes envahies de genêts et de landes à myrtilles. Il faut imaginer l’énorme masse de ce stratovolcan, haut de 3 500 à 4 000 m à sa formation, occupant presque tout l’actuel département du Cantal !
Le Plomb du Cantal est une ZNIEFF de type 1 (zone naturelle d’intérêt faunistique et floristique) qui possède un patrimoine exceptionnel.
Je lis que l’altitude permet l’apparition de milieux tels que landes à myrtilles des marais, landes alpines et boréales, pelouses acidiphiles à Nard (une plate herbacée), végétation de rochers et de falaises, végétation de sources subalpine (nous sommes à près de 1900 m d’altitude).
Au total 8 milieux sont déterminants. La flore est exceptionnellement riche mais 20 espèces sont menacées dont 15 protégées. Certaines sont très rares comme l’anémone printanière et un hybride de benoîte des ruisseaux et de benoîte des montagnes qu’on ne trouve que sur ce sommet.
Bien sûr, les monts et le Plomb du Cantal forment aussi une zone importante d’intérêt faunistique faisant partie du réseau Natura 2000. Beaucoup d’oiseaux dont de nombreux rapaces font une étape ici sur leur route migratoire. Cerfs, biches, chevreuils, chamois, mouflons, marmottes vivent dans les bois, sur les sommets, dans les vallées.
Après un passage dans les rochers, j’atteins les pelouses sommitales où la végétation se fait rare.
En me retournant, je peux mesurer le chemin parcouru aujourd’hui depuis le Puy Mary visible au centre de la photo.
Et j’arrive enfin au sommet : 1 855 mètres d’altitude ! C’est le deuxième plus haut sommet d’Auvergne et du Massif central, bien sûr après le Puy de Sancy, 1 886 m.
D’ici, je peux appréhender aussi la suite, nettement moins montagneuse, de mon parcours : Saint-Flour à l’est, Les Monts de la Margeride puis plus au sud l’Aubrac. Mais ces massifs sont dans la brume…
J’amorce maintenant la descente vers le Col de Prat de Bouc à travers les pentes de la station de ski de Prat de Bouc, reliée à celle du Lioran. Loupant au sommet le départ du GR qui dévale directement dans la pente, je suis le cheminement très pénible de la piste empierrée qui passe à travers les Prés Marty.
Je finis par prendre un raccourci non moins laborieux : je marche prudemment pour éviter de me tordre les pieds sur les mottes de terre herbeuses. Et me voici bientôt au Col de Prat de Bouc : Ski de piste et de fond l’hiver et terre d’estive l’été avec ses enclos et ses burons.
Avec ce grand air respiré à pleins poumons, ce vent de liberté ressenti sur ces vastes espaces, un sentiment d’allégresse, de jubilation, de joie profonde m’envahit et c’est pleine de rire intérieur que je rejoins ici Daniel pour terminer une section nord-sud de neuf jours à travers les magnifiques volcans d’Auvergne.