12- Châtenois – Ribeauvillé

Written by Claude CAMILLI

Châtenois – Ribeauvillé

20 septembre 2017

Voici une vidéo retraçant la douzième étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.

Lors de cette étape: Châtenois et son église Saint-Georges, montagne des singes, somptueuses forêts, incroyable château du Haut-Koenigsbourg, Thannenkirch, impressionnants châteaux-forts  du Haut-Ribeaupierre, de Gyrssberg et de Saint-Ulrich, enfin Ribeauvillé. Magnifique!

 

Voici le texte de cette vidéo:

La matinée s’annonce radieuse et mon moral est au beau fixe. Après un petit-déjeuner servi par mon hôte qui m’instruit avec humour sur le brame du cerf,  je musarde sur les places de Châtenois, observant l’architecture médiévale et m’enquérant de la vie des cigognes – celles-ci se battent pour ce très bel emplacement– avant de pénétrer dans l’église Saint-Georges pour laquelle en 1765, le grand facteur d’orgue Jean-André Silbermann a construit cet orgue magnifique, de 19 registres.

La source de Jeriabrunne a servi de lieu de culte à l’époque romaine puis mérovingienne avant d’être christianisée au Moyen-Age.  Sur la pierre gravée au fronton de la fontaine, Mercure, dieu  romain et Romerta, déesse gauloise, couple mixte, apportent abondance, prospérité et fécondité.

Je quitte les vignes pour m’enfoncer dans la forêt, passe devant cette borne pentagonale, suivant toujours le GR5 qui contourne la crête par le nord. Je longe maintenant la montagne des singes, parc où vivent en semi-liberté une colonie de singes de l’Atlas marocain, un lieu où des associations et universités étudient le comportement de ce macaque de Barbarie encore appelé singe Magot et où elles s’associent pour leur conservation. Derrière la barrière de protection, je les entends se balancer dans les houppiers sans vraiment les voir.

Les sangliers qui labourent le sol ne peuvent pas nier leur passage.

Je traverse une forêt mixte, gérée durablement, forêt de châtaigniers, de hêtres, d’épicéas mais aussi de sorbiers des oiseleurs, appelé arbre à grives, aux fleurs blanches odorantes et aux fruits rouges,  de chênes rouge d’Amérique, rouge vif à l’automne, de merisiers, de douglas lui aussi originaire d’Amérique, de charmes, de chênes rouvre, de pins sylvestre, de sapins pectinés et de bien d’autres arbres.

Le GR5 s’élève rapidement en lacets jusqu’au château du Haut-Koenigsbourg qui domine magistralement la plaine d’Alsace. Me voici soudainement parachutée au milieu d’innombrables touristes. Je décide malgré tout de le visiter et franchement je n’en suis pas déçue !

C’est un château du 12ème siècle, au deux-tiers en ruine quand l’empereur allemand Guillaume II veut lui rendre le prestige de la forteresse du 15ème. Les travaux commencent en 1900 et ne durent que huit ans grâce au déploiement de techniques très modernes pour l’époque. Par exemple des locomobiles alimentent le chantier en électricité… Notons que les villages situés au pied du château ne possèderont le courant qu’après la seconde guerre mondiale.

Voici son architecte, Bodo Ebhardt entouré des ouvriers endimanchés pour la photo. Il analyse les décombres pour reconstruire la ruine  de manière vraisemblable. Il interprète les archives et compare avec d’autres châteaux-forts européens. 2,5 tonnes de débris et 32 000 fragments sont collectés sur le site. Le chantier est colossal et le résultat est impressionnant.

Dans les cuisines, ce tonneau de 8500 litres, appelé foudre, date de 1670. Je traverse de nombreuses salles magnifiquement et confortablement meublées.

La forêt toujours et le GR qui descend jusqu’à Thannenkirch. Je m’assieds quelques instants au pied de cet « arbre à lire » sympathique et poursuis à travers ce village prisé comme lieu de repos mais dont les maisons éparpillées n’ont pas de charme véritable.

Les sculptures de ces piliers de la mairie sont l’œuvre d’André Bosshardt, enfant du pays.

A la sortie de Thannenkirch, dans cette forêt d’épicéas, je trouve le moyen de louper un embranchement, ce qui ne prête pas du tout à conséquence et qui me permet au contraire de faire la rencontre d’un Parisien lui-même égaré et de deviser aimablement avec lui en cheminant quelques instants de conserve.

La route est encore longue avant d’arriver au château du Haut-Ribeaupierre abandonné au 15ème siècle et dont Winkler donne la reconstitution. Mais le plus beau ici est la vue sur la ville de  Ribeauvillé et sur la plaine d’Alsace. Pourtant, après une belle descente en lacets,  le plus impressionnant est encore à venir avec le château de Gyrssberg, magnifiquement altier sur son roc. Gyrssberg qui signifie Mont du vautour en allemand, déjà mentionné au 13ème siècle sous le nom de Stein in Rapolzstein a été construit pour renforcer la défense de son frère d’armes, Saint-Ulrich. Car du haut de son roc, au pied de son donjon, la vue s’étend sur un troisième château, Saint-Ulrich, résidence des seigneurs de Ribeaupierre ! Magnifique ! Son donjon carré et les fenêtres romanes de la salle des chevaliers sont merveilleusement conservés. Je n’oublierai pas ces instants…. Le panneau indique une châtelaine dont je me fais un plaisir de prononcer le nom : Emma de Ribeaupierre épouse en 1156 Eguenolphe de Urslingen, un protégé de l’empereur Frédéric Barberousse, cet empereur romain germanique, roi des Romains, roi d’Italie, duc de Souabe et duc d’Alsace, comte palatin de Bourgogne !

Je termine ma descente à travers les vignes jusqu’aux remparts de Ribeauvillé, une ville moyenâgeuse, dont les ruelles animées fort pittoresques et joyeuses me conduisent à ma chambre d’hôte. Comme tous les soirs, douche pour atténuer la fatigue (j’ai parcouru près de 30 km), préparation de la journée du lendemain puis balade en ville pour repérer un excellent petit restaurant.

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