38- GR 131 Le Creusot – La Tagnière 22 septembre 2018

Written by Claude CAMILLI

Le Creusot – La Tagnière GR 131

22 septembre 2018

Voici une vidéo retraçant la 38 ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans  cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête

Lors de cette étape sur le GR131 je poursuis ma marche à travers la région Bourgogne-Franche Comté, en Saône-et-Loire. Il est question ici du Signal d’Uchon, de la sécheresse, de l’aronia, de l’églantier et de l’aubépine, de la « perle du Morvan », des paysage de haies basses et mailles larges en « timbre-poste », des bouchures, de la vallée de l’Arroux, de La Tagnière.

Voici le texte de cette vidéo :

Partis la veille de Lyon, nous avons campé au Moulin de Collonges, un camping situé près de Saint-Boil sur la route de Buxy. Je reprends mon tracé au Creusot, là où je l’ai laissé en juin 2017. Entre temps, j’ai traversé les Vosges du sud en septembre 2017 ainsi que la Haute Saône et la Haute Marne en mai dernier. Je retrouve avec bonheur le département de Saône et Loire où j’ai passé les six premières années de ma vie professionnelle. Mais je suis frappée : le manque d’eau est terrible ! La campagne est cruellement grillée.

Comme souvent, Daniel m’accompagne une heure ou deux puis retourne sur ses pas pour venir m’attendre le soir, au camping suivant, avec notre California. Nous avons donc laissé celui-ci à la sortie du Creusot pour suivre la route d’Uchon.

Tout de suite nous retrouvons nos compagnes les vaches qui nous observent de leurs grands globes familiers. Ces bêtes souffrent de la sécheresse, elles n’ont plus d’herbe, juste de la paille pour les nourrir. L’une d’elle est allongée dans une curieuse position, nous soupçonnons qu’elle a cessé de vivre.

L’aronia avec ses baies noires aux propriétés antioxydantes, riches en vitamine C borde la route. Et voici l’églantier, cet arbuste sauvage, dont les fleurs rose pâle sont si jolies au printemps, et qui donne en cette saison les célèbres baies rouges fournissant le poil à gratter de notre enfance, faux fruit au doux nom de cynorhodons que les plus patients d’entre nous transforment en confiture.

Enfin voici, juste à côté, l’aubépine, avec ses baies rouges et ses feuilles trilobées.

Au carrefour du Sautot, Daniel fait demi-tour et je poursuis ma route bordée de châtaigniers, grimpant insensiblement vers le Signal d’Uchon qui se dessine au loin. Les prés font maintenant place à la forêt.

Tout en pédalant fermement, un cycliste amoureux de l’endroit m’entretient aimablement. La piste s’enfonce bientôt dans la sapinière odorante avant de longer les étangs du Prieuré creusés par les moines de l’ordre du Val de Choux en 1188 pour s’approvisionner en poissons. Du prieuré, construit par les seigneurs d’Uchon, il ne reste que quelques bâtiments d’une ferme.

Le chemin longe maintenant l’étang neuf bordé de roselières avant de déboucher sur les rondeurs du Signal d’Uchon puis devant l’auberge de la Croix Messire Jean où nous prendrons place plus tard pour déguster café et dessert. Mais c’est face au Morvan que nous piqueniquons d’abord car Daniel vient de me rejoindre. C’est ici dans ces splendides paysages morvandiaux que se trouve le point de départ de randonnées et de trails sur les anciennes voies celtes. Nous sommes sur « la perle du Morvan », à 650 m d’altitude, site classé pour ses chaos granitiques. C’est un site naturel unique géré depuis 1999 par le Conservatoire des Sites naturels bourguignons qui en préserve la flore, la faune et les habitats, patrimoine exceptionnel de landes et de pelouses. Des espèces rares comme la Spargoute printanière de la famille de l’œillet poussent ici au milieu d’insolites blocs de granit, les rochers du Carnaval. Ici le granit est omniprésent, il est sculpté par l’érosion.

Devant nous s’étend le paysage du Morvan Autunois autrefois agricole mais devenu sylvicole avec la déprise. La forêt a progressivement gagné du terrain.

En contrebas, ce paysage de haies basses et mailles larges, avec prairies, forêts et résineux « en timbre-poste », c’est la vallée de l’Arroux. Je poursuis ma lecture : Les bouchures, c’est-à-dire les haies, dont certaines remontent au Moyen-Age, entretiennent des microclimats et hébergent une faune et une flore diversifiée. La trame des bouchures structure le paysage.

Sur le massif granitique, les eaux d’infiltration sont responsables de l’arénisation. Les eaux de ruissellement ont déblayé ensuite les arènes.

Je lis sur les panneaux que le bouleau est une des premières espèces à coloniser un sol après un abandon de culture. Associé à la bruyère ou la callune, le pin sylvestre, la fougère aigle et l’amanite tue-mouches (avec laquelle il vit en symbiose), le bouleau aime l’humidité et les sols pauvres et acides.

Le sentier dévale maintenant le flanc sud du Signal d’Uchon, à travers une forêt de feuillus au sortir de laquelle je retrouve les prés jaunis par la sécheresse.

Peu avant La Tagnière j’ai la surprise de découvrir une œuvre intitulée « Courant de chêne » de l’artiste écossais Wim Menter, compositeur, saxophoniste, « spécialisé dans la création de structures sonores utilisant les éléments naturels, eau, vent ou l’inspiration des passants pour leur prêter vie ». Je lui prête aussitôt mon inspiration !

Je traverse maintenant le village de La Tagnière, bien désert à cette heure-ci.

Puis, traversant le ruisseau de la Planche, je poursuis le sentier sur deux kilomètres pour atteindre enfin le camping du Paroy où je retrouve le California et son chauffeur.

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