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36- Nolay-Couches GR7 et GR137
Côte d’Or 12 juin 2017
Voici une vidéo retraçant la 36 ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Lors de cette étape sur le GR7 puis sur le GR137 en Côte d’Or, je poursuis ma marche à travers la région Bourgogne-Franche Comté. Il est question ici de de Saône et Loire, d’Epertully, pays de Nicolas Rolin, de Guigone de Salins et de l’Hôtel-Dieu de Beaune, de Saint-Gervais sur Couches, du château de Dracy-les-Couches, des vins d’appellation Bourgogne Côte-du-Couchois, des menhirs d’Epoigny, d’une couleuvre à collier et d’un beau renard gris, enfin de Couches et de son château, celui dit de Marguerite de Bourgogne.
Voici le texte de cette vidéo :
C’est un jeune, sympathique comme tout, en stage d’hôtellerie dans l’hôtel de la Halle, qui me sert le petit-déjeuner tout en bavardant longuement avec moi. Je finis par ramasser mon sac à dos et repartir.
Je quitte là, à Nolay, le GR7 qui poursuit sa route vers Andorre. Je souhaite aussi rejoindre la frontière espagnole mais en cheminant plus à l’ouest car je vise les volcans d’Auvergne. J’emprunte donc, sur une partie seulement, le GR qui relie Nolay à Autun, le GR137 qui part dans la campagne en tournant le dos à la Côte d’Or.
Je m’élève au-dessus de Nolay, jetant un dernier regard au loin sur les Hautes Côtes.
Je longe une forêt et passe très vite dans le département de Saône et Loire, un département que je connais bien pour y avoir vécu dix ans…
Un panneau m’indique que j’arrive dans le pays de Nicolas Rolin, Epertully, Nicolas Rolin qui a été pendant quarante ans le chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, au milieu du 15 ème siècle. On le connait aussi pour être le fondateur avec sa femme Guigone de Salins, de l’Hôtel-Dieu de Beaune.
Les habitants penchés sur leur jardin semblent vivre paisiblement…
Les villages, comme les fermes moins bien entretenues, sont plus pauvres ici que dans les vignobles de Côte d’Or.
Alors que je passe dans les ruelles de Viécourt, hameau proche de Saint-Gervais sur Couches, j’entends soudain une voie me héler par-dessus la haie. Surprise, je fais demi-tour et vois là une femme de mon âge qui me propose de partager son petit-déjeuner ! Je la rejoins immédiatement dans son jardin. Etrangeté de l’altérité ! Malgré quelques problèmes de traduction car elle est Allemande, nous nous entendons immédiatement ! C’est un vrai bonheur de deviser ainsi toutes les deux. Je reste là auprès d’elle toute la matinée, dans son jardin, devant tasses de café et tartines beurrées… Actuellement à la retraite, elle a travaillé toute sa vie pour l’Europe dans une commission culturelle auprès de plusieurs pays dont la Finlande, la Pologne et l’Allemagne… Je partage avec elle mes préoccupations concernant les paysages et intéressée, elle me donne quelques repères pour récupérer des fonds européens de développement régional. (Il s’avère que je connais le FEDER… je pense cependant que, malgré son travail, l’association Paysages Reconquis ne peut pas y prétendre.)
Nous finissons par nous quitter, échangeant nos coordonnées et nous embrassant comme deux vieilles amies.
Mon chemin se poursuit à travers les champs de céréales et les prés où paissent les belles charolaises à la robe claire, presque blanche.
Une charmante route descend à travers le bocage et quelques rares vignobles, jusqu’au château de Dracy-les-Couches, inscrit aux monuments historiques depuis 2016. La forteresse formait à l’origine, c’est à dire au début du 14ème siècle, un quadrilatère entourant le donjon. Des ailes ont été abattues ce qui ouvre la cour d’honneur sur le parc et me permet d’admirer le cellier à droite dont la tour est restée intacte depuis l’origine, le donjon carré, la tour ronde du XV ème à gauche et la profusion de tours, de tourelles et de lucarnes à hauts pignons.
Le village de Dracy-les-Couches lui-même me paraît bien triste avec ses rues désertes, ses maisons à vendre et son café abandonné, fermé sans doute depuis des décennies.
Je suis sur les communes qui produisent le Bourgogne Côtes du Couchois. Sur le site des vins de Bourgogne il est dit ceci de ce vin rouge en appellation d’origine contrôlée: « franc de couleur, rubis intense, légèrement violacé. Son bouquet suggère les petits fruits rouges (framboise, groseille) et noirs (cassis, mûre), puis il s’ouvre sur le sous-bois, le champignon, le noyau, l’épice et le cuir, la fourrure. En bouche, il a du cœur et du coffre ! »
Quel est ce serpent qui ne m’inquiète pas car il ne bouge plus ? Une vipère, une couleuvre ? Grise, parsemée de points blancs, avec ce collier blanc, je penche pour la couleuvre à collier, grand serpent qui peut mesurer jusqu’à 2 mètres. Elle est aujourd’hui en voie de disparition car on détruit les zones humides où elle habite. Et souvent elle est tuée parce qu’on la croit dangereuse pour l’homme alors qu’elle est utile à la biodiversité.
Je traverse la départementale Chalon-sur-Saône – Autun. J’ai du temps devant moi. Je décide d’éviter de longer cette route très chargée qui, pourtant, me conduirait directement à Couches où je souhaite passer la nuit. Je fais donc un grand détour par une petite route déserte qui contourne Couches par le sud et me permet d’admirer les menhirs d’Epoigny. Ceux-ci datent du néolithique, il y a plus de 5 000 ans. Les gaulois ont consacré ce site à la déesse des cavaliers, Epona et les romains ont fait passer la voie Agrippa d’Autun à Chalon à proximité. La plus grosse pierre mesure plus de 7m et pèse 30 tonnes.
Alors que cheminant sur cette route goudronnée bordée de haies mes pensées s’évadent vers le rêve, mon attention est soudain mise à épreuve : là, à dix mètres à peine, un beau renard gris traverse tranquillement la chaussée et s’enfonce dans les hautes herbes du fossé pour aller rejoindre les vaches qui semblent plus intriguées par ma présence que par celle de l’animal.
Je traverse les villages d’Eguilly et d’Origny puis de Chalencey pour descendre sur le château médiéval de Couches. Ce château de Marguerite de Bourgogne surplombe la vallée de la Creuse. Sa construction a commencé au 11ème, on voit ici sa chapelle du 15ème siècle et le logis de style « troubadour » du 19ème. Il fait partie d’un domaine viticole produisant des vins d’appellation Bourgogne Côte-du-Couchois.
Je passe devant la maison des templiers construite en 1610, école des enfants protestants et qui a servi clandestinement au culte protestant après la révocation de l’Edit de Nantes. Je longe aussi la Tour Guérin du 15ème, autrefois forteresse militaire.
Puis je m’installe dans l’hôtel des trois Maures dont les chambres n’ont pas de charme particulier avant de m’établir en terrasse au restaurant d’en face, « A l’heure des saveurs », où la propriétaire me sert, avec le sourire, un mémorable duo d’œufs en meurette et un dessert tout aussi inoubliable…