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Restauration des méandres de la Lemme dans le Jura
une reconquête exemplaire
Au fil des siècles l’homme a fait disparaître les zones humides pour récupérer des terres agricoles. Mais c’était méconnaître l’importance essentielle de ces zones. Il faut savoir qu’un marais a la capacité de stocker et de restituer de l’eau et que les zones humides possèdent une flore et une faune spécifiques.En 50 ans en France on a ainsi détruit plus de la moitié des zones humides. (Suite ci-dessous)
Photos du Comité départemental Zones humides du Jura
Pour aller plus loin, voici une vidéo réalisée par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Et voici une vidéo réalisée par le PNR du Haut-Jura:
Restauration de la Lemme dans les Marais du Châtelet
Par ailleurs, le pôle tourbière propose une petite brochure récapitulative au format pdf, disponible sur ce lien
Voici la transcription texte de la première vidéo.
La Lemme est une rivière du Jura qui traverse une zone de tourbières sur le plateau de Grandvaux. Dans les années 70 les agriculteurs ont drainé les zones humides du marais de Chatelêt pour les assécher et récupérer une surface pour leur agriculture… mais sans y parvenir. Ils ont donc rectifié le cours d’eau de la Lemme, faisant disparaître ses nombreux méandres ce qui a eu plusieurs conséquences. L’eau, dans un chenal tout droit, prend beaucoup d’énergie ce qui peut provoquer des dégâts en aval alors que les méandres, en allongeant la distance de parcours et en permettant à l’eau de déborder dans le marais, dissipent cette énergie.
Une autre conséquence grave bien sûr a été la perte de biodiversité : perte de la flore spécifique, des insectes, des oiseaux migrateurs, des poissons. Il y a aussi une perte de la qualité paysagère car la tourbière est un milieu passionnant, très particulier. On peut donc dire qu’il y a une banalisation écologique et paysagère de ces zones humides.
La restauration des marais et des méandres de la Lemme est une reconquête ambitieuse, à bien des égards exemplaire. Elle a été menée par le Parc Naturel du Haut-Jura, par les communes alentour et les pécheurs, après une longue phase de réflexion. En effet, il a déjà fallu retrouver l’ancien tracé de la rivière. Le chantier, difficile à mener car situé sur le sol spongieux du marais, avec des crues à répétition ces années-là, a été conduit entre 2012 et 2014 à l’aide d’engins particuliers.
Ces travaux ont donc consisté à reméandrer la Lemme à un niveau suffisamment haut pour qu’elle puisse de nouveau inonder le marais.
Une fois les nouveaux méandres creusés, il a fallu boucher l’ancien lit rectifié. Les méandres retrouvés dans le marais du Châtelet multiplient par deux le linéaire du cours d’eau. La Lemme a retrouvé ses 5 km qu’elle avait dans son état initial. Et 60 ha de zones humides ont été restaurés.
Dès 2013 les marais recommencent à vivre au rythme des inondations. Les plantes étouffantes disparaissent petit à petit et sont progressivement remplacées par une végétation adaptée. Dans le cours d’eau lui-même des sédiments diversifient le lit et la faune recolonise ces nouveaux espaces.
Progressivement la cicatrice de l’ancien lit disparait.
Le chantier de la Lemme est une restauration exemplaire qui doit faire école.
Pour conclure, donnons la parole au Parc : « La Lemme a retrouvé un lit méandriforme. Pendant 50 ans l’eau fut combattue. Elle est à présent devenue l’alliée de l’homme dans son combat pour la sauvegarde de la biodiversité. »
« Depuis plusieurs années, le Parc du Haut-Jura travaille à la restauration des zones humides du bassin de la Lemme. Reméandrement, comblement des drains, effacement des seuils, sans oublier les actions d’animations et de sensibilisation, un projet ambitieux associant les habitants à l’intérêt de gérer autrement les zones humides. »