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Reconquête des pelouses sèches à orchidées
(en Revermont dans l’Ain)
Famille : Paysages agraires
Aspects pratiques
Organismes
- Historiquement animation ATR-CPIE du Revermont
- ATR (Association Terres du Revermont)
- CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement)
- Association ATR-CPIE dissoute en 2009
- Animation du site NATURA 2000 aujourd’hui portée par le SIAE
du Suran (depuis novembre 2009)
Historique
- Document d’objectifs rédigé en 2005 par l’ATR/CPIE du Revermont, la Chambre d’agriculture de l’Ain, le CAUE de l’Ain et la FRAPNA Ain
- Décembre 2005 : 1ers contrats signés (commune de Treffort-Cuisiat avec l’ACCA et commune de Drom), soit par les collectivités soit par des associations.
- 2008 : Contractualisation de 117 ha sur 5 ans : Mesures agro-environnementales territorialisées signés avec 3 SICA (société d’intérêt collectif agricole).
Partenaires techniques
- ACCA (Associations Communales de Chasse Agréées) et sociétés de chasse
- CAUE de l’Ain (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement)
- Chambre d’Agriculture de l’Ain
- Collectivités territoriales
- Fédération Départementale des chasseurs
- FRAPNA Ain (Fédération Rhône-Alpes pour la Protection de la Nature)
- Autres acteurs locaux
Partenaires financiers
Europe et Etat
L’intervention
Le contexte
Le Revermont, massif calcaire situé entre Bourg-en-Bresse et la cluse de Nantua, constituant les premiers chaînons Jurassiens entaillés de vallées sèches, possède une identité forte. En particulier, les gorges de l’Ain avec ses falaises et les méandres de la rivière constituent un site exceptionnel sur le plan paysager.
Les deux habitats « dominants » (en terme de superficie) sont les formations stables xérothermophiles (résistantes à la sécheresse et aux fortes chaleurs) à Buis des pentes rocheuses et les pelouses sèches à orchidées. Ce sont des milieux d’intérêt écologique majeur, avec une flore et un peuplement d’insectes diversifiés.
Les pratiques agricoles ancestrales ont façonné le paysage d’aujourd’hui avec des milieux ouverts, créés par défrichage depuis le moyen âge, associés à un patrimoine unique : une flore spécifique qui s’est adaptée (sols calcaires, peu épais, perméables et secs) : orchidées, pulsatille, globulaire, orpin…
Le Revermont présente ainsi une richesse patrimoniale reconnue au niveau européen qui lui vaut d’être intégré au réseau NATURA 2000.
Or, à la suite de l’abandon par les agriculteurs du pâturage, les pelouses ont tendance à s’embuissonner et à évoluer vers un stade forestier. Ce phénomène provoque d’une part une perte grave de biodiversité et d’autre part une fermeture du paysage qui constitue à la fois une perte du patrimoine agricole et une perte de l’esthétique de ce territoire.
La description de l’intervention
On comprend alors qu’un des enjeux majeurs pour le Revermont est la conservation des pelouses sèches à orchidées.
En 2005, la décision est prise de créer un site Natura 2000 intitulé « Pelouse à orchidées, habitats rocheux du Revermont et des gorges de l’Ain », composé à 95% de pelouses sèches à orchidées. (Rappelons que la directive « Natura 2000 », signée en mai 1992 par le Conseil des ministres de la Communauté Européenne, vise à permettre la conservation de types d’habitats naturels ou d’espèces animales et végétales rares à l’échelle européenne.)
Sur la base du volontariat, des contrats sont alors proposés pour ramener les parcelles concernées à un taux d’embuissonnement moindre et permettre aux orchidées (espèces emblématiques des pelouses sèches) de se développer.
Une fiche action pour le débroussaillage des pelouses sèches est alors rédigée et sert rapidement de support pour les premières contractualisations. Si la zone Natura 2000 est embuissonnée à moins de 20%, on considère que le milieu est assez ouvert et ne nécessite pas de travaux de réhabilitation. Au-delà de 80% on considère que la zone n’est pas récupérable. Les parcelles contractualisées ont donc un taux d’enfrichement de 20 à 80 %, l’aide versée au signataire dépend du taux d’embuissonnement et des contraintes spécifiques du milieu.
La Fédération Départementale des Chasseurs est un partenaire privilégié pour ces contractualisations puisqu’au delà des bénéfices floristiques, l’ouverture des parcelles a un impact positif sur les enjeux cynégétiques. Les Associations Communales de Chasse Agréées (ACCA) ou les Sociétés de Chasse sont donc les premiers interlocuteurs pour une proposition de contrat Natura 2000.
Ainsi, en décembre 2005, un premier contrat portant sur près de 4,5 ha est engagé sur la commune de Treffort-Cuisiat avec l’ACCA de celle-ci.
L’opérateur local qui anime ces contractualisations est l’ATR, l’Association Terres du Revermont porteuse du label CPIE, Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement. Début 2006, la Direction Départementale de l’Agriculture et de la forêt, la DDAF, lui confie la présidence du Comité de pilotage Natura 2000 en Revermont. L’objectif est de signer une dizaine de contrats avec les communes concernées ce qui est fait en 2007 pour une surface engagée de 25 ha, surface qui passera rapidement à 46 ha pour un engagement de 78000 euros.
Un Document d’Objectif (DocOb), présentant un état des lieux du territoire sous ses aspects environnementaux, sociaux, économiques, agricoles et paysagers ainsi qu’un plan des actions envisagées, sont élaborés en concertation avec le CAUE de l’Ain (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) qui assure l’aspect paysager, la Chambre d’Agriculture, les Collectivités territoriales et la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes pour la Protection de la Nature) pour l’aspect écologique, l’aspect socio-économique étant étudié par l’ATR/CPIE.
Dès 2007, l’ATR/CPIE anime le groupe de travail agriculture pour élaborer une Mesure Agro-Environnementale Territorialisée (MAET): une aide financière issue de fonds nationaux et européens permet aux exploitants agricoles d’entretenir les pelouses sèches au sein du périmètre Natura 2000 qui sont en gestion pastorale.
Les objectifs
Rappelons-le : il s’agit de permettre la conservation d’un type d’habitat naturel rare à l’échelle européenne et donc de participer à la lutte contre la perte de la biodiversité.
Une conséquence est la « réouverture du paysage » qui participe à la redécouverte d’un paysage agricole souvent perçu comme plus esthétique.
Les retombées
Au-delà de ce combat de première importance, cette sauvegarde a permis d’engager une réflexion collective et de renforcer le dialogue entre tous les acteurs du domaine environnemental. Une autre conséquence est sans aucun doute une plus grande prise de conscience de l’identité du territoire du Revermont.
Personnes ressource
- Alexandre LAFLEUR
Syndicat Intercommunal d’Aménagement et d’Entretien du Suran S.I.A.E du Suran
04 74 51 81 23 / 06 86 45 68 74
Pour en savoir plus
- Sites internet ATR (bientôt fermé ?); CPIE ; FRAPNA
- Réseau Natura 2000
Sources : publication ATR/CPIE, Natura 2000