Download this article as an e-book
Diagnostic paysager et écologique sur la commune de Monaccia d’Aullène
Corse du sud
Etudiants en BTS Gestion et Protection de la Nature, nous avons effectué un stage de 2 mois sur la commune de Monaccia d’Aullène pour l’association Paysages Reconquis afin d’analyser la qualité du paysage et proposer des actions de reconquête de paysages. Nous diviserons ce diagnostic en 3 grandes parties qui correspondent aux différents paysages que nous avons rencontrés sur la commune. Tout d’abord le littoral, ensuite les zones de plaines et de pieds monts et pour finir les massifs montagneux.
I / LE LITTORAL DE MONACCIA
Le littoral de Monaccia d’Aullene est un paysage majeur de la commune, il est caractérisé par :
– un étang relié temporairement à la mer.
– une plage avec l’encrage de plusieurs bateaux.
– des falaises de granit rouge plongeant dans la mer.
– la tour d’Olmeto (tour génoise).
– les îles Moines avec leur phare.
– la forêt domaniale de Funtanaccia.
a) L’étang de Monaccia
Le nom corse de cette partie du littoral de la commune est » Punta Di Caniscione » ce qui peut se traduire par » l’endroit ou pousse les roseaux « . Ce nom vient sûrement de l’étang près de la plage car il est bordé de joncs et de roseaux.
Au bord de la mer, entourée de maquis et de reliefs, cette zone marécageuse se démarque des autres types de paysages situés sur le littoral. C’est un milieu à préserver absolument du fait de son importance paysagère et écologique, d’autant plus que cet étang est d’une faible superficie au regard de la longueur du littoral.
Tous les cours d’eau de la commune se jettent dans cet étang et indirectement dans la mer, les menaces de pollution anthropique sont donc importantes.
b) La plage de Monaccia dAullene
La plage de Monaccia, située dans l’anse de Furnellu présente un enjeu majeur du paysage. Les rejets d’herbiers de posidonie qui s’accumulent sur le sable sont une caractéristique importante de la plage. Ces déchets naturels marquent le paysage mais les avis sont partagés, certaines personnes estiment que ces couches d’herbiers sont une pollution visuelle, d’autres considèrent que cela fait partie intégrante du paysage naturel. Il est sûr que ces rejets d’herbiers peuvent s’avérer désagréables pour certains touristes venant occuper la plage durant l’été, c’est pour cela qu’il est important de les sensibiliser au fort impact écologique de ces herbiers (voir parenthèse écologique).
Les menaces qui pèsent sur la plage sont importantes. D’une part la sur fréquentation durant l’été (touristes) ce qui présente un risque de dégradation de la plage et de pollution. D’autre part la présence de nombreux bateaux de plaisance mouillant au large de la plage, avec des conséquences de dégradation du milieu marin et de pollution visuelle et chimique du littoral. Néanmoins le tourisme revêt une importance capitale pour l’économie en Corse. C’est pour cela que les mesures de sensibilisation et de répression sont indispensables pour la préservation du paysage ainsi que de la biodiversité marine et terrestre de la plage.
D’autres plages sont présentes sur le littoral de Monaccia, beaucoup plus difficiles d’accès, elles sont pour le moment préservées de la sur- fréquentation. Un nombre important de petites criques enclavées dans le granit composent le littoral et sont elles aussi très difficiles d’accès hormis par quelques bateaux de plaisance et des aventuriers munis de bonnes chaussures.
c) Les falaises de granit sur le littoral de Monaccia
Dans l’anse de Funarella, des formations géologiques de granit de couleur rouge sang plongent dans la mer. Ce paysage typique de Corse (calanques de Piana par exemple, classées au patrimoine mondiale de l’UNESCO ) est aussi très présent sur Monaccia. Ces falaises entourent les criques de la commune, c’est une caractéristique paysagère importante du littoral. Le granit rouge éclairé par le soleil couchant et plongeant dans une eau turquoise ne laisse personne indifférent. Ces falaises de granit constituent aussi un habitat majeur pour la faune et la flore sous-marine avec la formation de chaos granitiques ou encore de grottes.
Aucune menace anthropique ne pèse sur ce patrimoine paysager, géologique et écologique. Seules l’érosion et les contraintes géologiques font évoluer ce paysage au fil du temps.
d) La Tour D’Olmeto
Cette tour surveille en permanence le littoral et la commune, son œil vif est sujet à différentes questions et source d’inspiration pour celui qui sait voir son charme. Ce vestige n’a pas seulement un intérêt historique, bien que classé en site inscrit, mais a aussi un impact paysager prépondérant. Elle n’est pas la seule à scruter l’horizon de l’île de beauté, une centaine de tours furent érigées cintrant le littoral mais dans quel but ?
Il faut savoir que les Empires Pisans et Génois étaient deux puissances qui s’arrachaient la Corse pour son positionnement stratégique dans la Méditerranée, offrant une position sans égale pour le commerce maritime avec les Byzantins. C’est pourquoi la Corse fut le lieu de batailles sanglantes à travers les âges. En 1358 le pacte de paix est signé, la Corse est alors sous domination génoise. Cela durera du 14ème au 18ème siècle.
Revenons à la tour! Les Génois font bâtir entre 1540 et 1620 la centaine de tours qui encerclent l’île. Chaque tour communique avec sa voisine pouvant ainsi prévenir l’autre bout de l’île d’une éventuelle attaque barbaresque. Aujourd’hui, il reste environ 70 tours, dont celle d’Olmeto, remarquablement conservée.
Aucune menace ne pèse sur ce monument historique à part bien sur les phénomènes climatiques qui sont heureusement beaucoup moins destructeurs que les activités humaines.
e) Les îlots des Moines
Partie intégrante du paysage, nous les apercevons brièvement quand la mer est calme, ces parties rocheuses à fleur d’eau. Accompagnées du phare, ce sont les seules îles présentes sur le littoral de Monaccia.
Les îlots des Moines, en langues Corse « Insuli Di i Monachi ». D’après certains témoignages ils tireraient leur nom des phoques moines. Les îlots ont accueilli, a une certaine époque, un des plus grands peuplements de phoques. Les premiers hommes de l’île datant du mésolithique s’en nourrissaient déjà! Peut être est-ce la cause de la disparition de cette espèce?
C’est un groupe d’îlots situé a 4 kilomètres des côtes de Monaccia, faisant partie à part entière de la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Hantise des marins, ces rochers à peine visibles, ne se découvrent pas lorsque la mer est houleuse. Un phare y est construit en 1909 mesurant 31 mètres, pour la petite histoire, quand la Méditerranée est déchaînée, le phare ne se voit plus, il est recouvert entièrement par les vagues…
Les îlots bénéficient d’une protection environnementale très forte, avec le titre de zone de non prélèvement. Cela interdit la plongée sous- marine, la pêche et l’accostage. Elles sont des lieux d’habitats et de reproductions pour les grands cormorans qui occupent ces îles tranquilles. L’Arrêté de Protection de Biotope, d’habitat naturel et de site d’intérêt géologique font des îlots un milieu propice au développement de la biodiversité qu’elle soit marine ou terrestre. Ces mesures de protection environnementales ont un impact direct sur la protection du paysage.
f) La forêt domaniale de Funtanaccia
Cette forêt d’une superficie de 7ha appartient à la collectivité territoriale de Corse du sud et est gérée par l’ONF. Plusieurs mesures de gestion et de protection sont actives sur le site : ZNIEFF de type I, réserve biologique dirigée, Zone de Protection Spéciale (directive habitat zone NATURA 2000). Elle présente un fort enjeu avec un potentiel écologique important notamment grâce à la présence d’espèces remarquables à intérêt communautaire comme la tortue Herman ou certaines espèces d’amphibiens (5 espèces d’Anoures présents en Corse).
Toutes ces mesures de protection concernent directement le paysage étant donné les objectifs de gestion que sont la conservation des habitats, l’évaluation et la conservation des populations des espèces remarquables.
II/ PLAINE ET PIEDMONT
Ont peut distinguer dans les zones de plaines et de piedmont une diversité de paysages remarquables :
– le village de Monaccia
– le façonnement du paysage par l’agriculture.
– les murets en pierre
– les sentiers de transhumance
– la nationale
– les vielles maisons, moulins, four et églises
a) le village de Monaccia d’Aullène
Le village de Monaccia d’Aullene est situé au pied de la montagne. Les images d’archive nous montrent qu’il y a des années, le village était construit autour de champs cultivés. Nous n’avons aucune explication vérifiée sur ce positionnement, néanmoins, une hypothèse est soulevée : au centre du village, à l’époque des croisades, une guerre sanglante aurait eu lieu, ce qui aurait pu expliquer la particularité géographique de l’époque. Avec l’urbanisation et l’expansion du village, le centre du village a été construit. Si cette particularité avait été conservée, le village de Monaccia aurait été encore plus unique et aurait pu bénéficier d’une reconnaissance nationale.
Les anciennes maisons de Monaccia, empreintes de mystère, défient le temps. Certaines ont été rénovées et sont occupées, d’autres sont laissées à l’abandon…
Ce ne sont pas les seuls vestiges témoins de l’histoire du village. Une ancienne bâtisse en pierre, bâtie il y a longtemps par une Duchesse venue d’Espagne est rénovée et va accueillir la gendarmerie et la mairie de Monaccia d’Aullene. N’oublions pas également l’église du village, patrimoine prépondérant et parfaitement conservée. Toutes ces constructions forment un patrimoine paysager et culturel à préserver à tout prix.
L’ancien chemin principal menant à Monaccia, avant la création de la départementale, est un lieu important pour les villageois ayant connu l’utilisation de cet axe C’est aussi un patrimoine paysager et historique important. Malheureusement, ce chemin n’est plus entretenu par la mairie car un surplus d’eaux usées se jette à un endroit du chemin et il est jugé inutile par la municipalité et par quelques habitants. Un projet de fosse septique sur ou aux abords du chemin est envisagé par la mairie. Ce projet aura aussi un impact sur la biodiversité étant donné la présence de la Cistude d’Europe, une espèce d’intérêt communautaire qui fait l’objet d’un plan de protection national. Malheureusement, il semblerait que ce chemin disparaisse bel et bien, emportant avec lui ses secrets.
b) L’agriculture à Monaccia d’Aullène.
Les exploitations agricoles et viticoles ont modelé le paysage aux alentours de la commune de Monaccia d’Aullene. De nos jours, seul l’élevage de bovins persiste et permet de maintenir l’ouverture des quelque terrains encore exploités.
Il y a plus de 50 ans, la viticulture, la culture de céréales (surtout le blé ) ainsi que la fabrication et la récolte du liège étaient encore très présentes sur la commune, aussi bien en plaine que dans les zones de moyenne montagne ( culture en terrasse, voir partie sur les murets ). Cette exploitation a façonné le paysage de Monaccia pendant de longues années. Il y a environ 50 ans, les hommes étaient partis à la guerre et ne pouvaient plus cultiver la terre. En plus de ça, les générations suivantes ne voulaient pas être agriculteurs en raison de la dureté du travail. L’état a donc mis en place des primes à l’arrachage et c’est comme ça que la majeur partie de l’agriculture a disparu sur la commune. Aujourd’hui, quelques traces de cette exploitation subsistent dans le paysage comme les murets en pierre. Les terrains anciennement utiliséspour la viticulture servent désormais de pâturage pour le bétail ou bien ne sont plus utilisés ( certains sont vendus pour la construction de maisons ).
c) les murets en pierre
Lorsque que l’agriculture et la viticulture étaient encore présentes sur la commune, les agriculteurs ont construit des murets en pierre. Au vu du nombre de murets, cela a été un travail titanesque, on peut imaginer la difficulté et la dureté de la tâche accomplie. Ces murets servaient, d’une part à délimiter les parcelles cultivées et d’autre part à retenir la terre et ainsi pouvoir cultiver sur des terrains escarpés (culture en palier). D’autres types de murets ont été construit par exemple pour les sentiers de transhumance permettant ainsi d’éviter que la végétation ne referme trop vite le chemin.
La plupart de ces murets surtout ceux servant à la culture en terrasse ont disparu. Les anciennes parcelles n’étant plus exploitées, le maquis reprend ses droits et le milieu se referme. Par conséquent, ces murets, patrimoine culturel et paysager important de Monaccia d’Aullene disparaissent au fil du temps. Ces murets sont situés sur toute la commune, certains partent du massif de Cagne et traversent toute la commune jusqu’à la tour d’Olmeto.
d) Les sentiers de Transhumance
Ces chemins bordés de murets parcourent sans frontières les paysages de la commune et s’enfouissent petit à petit sous le maquis. Vestige d’un mode de vie passée, ils guidaient les transhumants dans leur difficile périple. Mais qu’est La transhumance ? A une époque plus ancienne mais pas si lointaine les habitants de Monaccia n’était pas sédentaires à proprement dit mais plus des nomades saisonniers. Les bergers fuyaient le littoral en période estivale car les pâtures devenaient secs et les bêtes ne trouvaient plus de quoi se rassasier. Mais il y avait aussi un problème sanitaire : en période de forte chaleur les moustiques prolifèraient. Vecteurs de la malaria, maladie atroce! Ils quittaient alors le littoral pour Aullène, un petit village au cœur des terres dans la montagne. On appelait le voyage « la muantera ». L’été était plus vivable la haut. C’est en octobre que les bergers quittaient la montagne pour revenir au bord de mer où le climat était plus frais. La descente s’appelait « impiaghjera ». Ces épopées n’étaient pas sans difficulté, faire tous ces kilomètres en charrette bondée de mobiliers, outils, vivres et accompagné du troupeau demandait du courage. Ce mode de vie a dessiné le paysage et a également fait l’histoire des familles actuelles car ce sont leur parents, grands-parents, ancêtres qui participaient a la transhumance. Habillant le folklore et donnant naissance aux histoires que les anciens racontent pour le plus grand plaisirs des jeunes.
Ces sentiers n’étant plus utiles de nos jours, ils ne sont presque plus empreintés et donc plus entretenus, la végétation reprend ses droits et ces chemins, qui sont pourtant les témoins de l’histoire et de la culture de la commune, disparaissent au fil des années…
e) La Nationale 196
Contrairement aux villages voisins du modèle continental (Pianotolli, Figari, Rocapin), Monaccia d’Aullene n’est pas situé sur la route nationale. Il était prévu lors de la création de cette route qu’elle passe par le village mais les grandes familles influentes se sont opposées à son passage aux abords des habitations afin de conserver une tranquillité certaine. Cette décision a été critiquée par les commerçants du village car ils auraient pu à l’époque en avoir les retombées économiques. Cette particularité a un impact direct sur le paysage de la commune et participe a la singularité, au charme et à la qualité du paysage de ce village.
f) maisons, moulins et fours de Monaccia
La commune comporte un nombre important de vieilles maisons (certaines datant du XVIIIe siècle ), de moulins à eau, d’églises et de fours à pains ou à tuiles. Ces vestiges sont des témoins du passé de Monaccia et constituent un patrimoine paysager et culturel majeur. Les vielles maisons en pierre taillées sont les premières traces de la création du village. Les moulins, situés en bordure des cours d’eau, servaient à moudre les céréales (blé, orge, seigle). Grâce à la pression de l’eau, une meule en pierre tournait sur un socle fixe et il suffisait de récolter la farine qui tombait de la meule.
III/ LES MASSIFS MONTAGNEUX
Un grand nombre de reliefs surplombent la commune de Monaccia, ces montagnes marquent la commune et son accompagnées d’une grande diversité de paysages :
– le massif de Cagne : L’ Omu Di Cagna
– les groupements de pins
– le village de Gianuccio
– les tafones et les Orii
a) le massif de Cagne
Le massif de Cagne, culminant a 1200m d’altitude est le sommet le plus haut de la Corse du sud. Il domine le village de Monaccia de toute sa splendeur et est visible de très loin y compris de la côte. C’est bien entendue un des éléments les plus marquants du paysage de la commune, le massif composé d’un granit très dense qui permet la formation de cahos granitique. Le nom corse du sommet “ Omu di Cagna “ signifie en français “ l’homme de cagne “ car une immense boule de granit posé au sommet de la montagne rapelle la silhouette d’un homme. En dehors de cet élément géologique du paysage, la flore du massif influence directement le paysage en raison de sa diversité du à l’altitude élevée du massif. Nous retrouvons le cortège d’espèces habituel du maquis (Cistes, bruyère arborescente, arbousiers…) mais plus haut en altitude, nous trouvons des pelouses humides, sapinières et pinedes (essentielement composé de pins maritimes). Cette diversité de végétation est rare sur Monaccia, où l’on trouve presque uniquement la flore commune du maquis Corse.
b) les groupements de pins
Le Pin Laricio :
Selon certaines sources, le Pin Laricio tirerait son nom d’un mot hébreux ou phocéen « khorsai » signifiant forêt. S’il fallait choisir un arbre pour symboliser la Corse, ce serait sans nul doute le pin lariciu. Cet arbre dont la présence sur terre est attestée depuis deux millions d’années a survécu aux changements climatiques qui ont provoqué la disparition de nombreuses espèces végétales. Son bois ne pourrit pas lorsqu’il est coupé à la nouvelle lune tandis que son tronc droit se révèle idéal pour un usage en menuiserie. Les forêts ou simples bosquets de ce pin sont un habitat à fort intérêt écologique, offrant un milieu acide propice au développement des végétaux acidophiles. L’avifaune est également très présente dans ces grand arbres, à l’abri des prédateurs terrestres et volatiles cachés dans ces grand rameaux. Elle bénéficie d’un logement confortable, prenons exemple de la Citelle corse, oiseau endémique de l’île, qui ne se verrait pas loger autre part que dans ces arbres majestueux. Nous retrouvons le pin essentiellement dans l’étage montagnard (1300-1800 mètres) de manière groupé formant par définition une forêt, mais nous le retrouvons également de manière plus parsemé dans l’étage supra méditerranéen (1000-1300 mètres). Cette formation végétale nous offre au regard de magnifiques nuances de vert foncé et de marron rougeâtre aux milieux d’un maquis à tendance plutôt vert clair. L’agglomérat de cette espèce se reconnaît très facilement par son haut fut de bois et sa canopée étalée.
c)le village de Gianuccio
Le petit hameau de montagne qu’est Giannuccio se situe au nord ouest de la commune et compte une centaine d’âmes. Essentiellement agricole, les habitants ont petit à petit abandonné l’agriculture et l’élevage qui s’avérait être métier de dur labeur. Le paysage a toutefois gardé des traces de ces anciennes cultures en terrasse, quelques vignes, vestiges de cette époque sont encore visibles mais enfouies sous le maquis. Tout le haut vallon était alors cultivé, les parcelles étaient délimitées par ces fameux murets en pierre sèche. Les céréales, le bétail, tout était en harmonie totale avec cette nature si bien préservée.
Au cœur du village se trouve le départ du sentier de l’Omo Di Cagna, randonnée de 4 bonnes heures pour monter sur le massif culminant à 1200m au pied de l’équilibriste à l’allure humaine vu de la plaine.
d) tafones et Orii
Curieux monuments, patrimoine du village et témoignage incroyable de l’activité humaine. Certains chevauchent plusieurs époques ! La géologie de l’île offre un panel de granites de formes diverses et variées, de gros chaos rocheux, de boules creusées par l’érosion. Les éléments se donnent un malin plaisir à sculpter ces roches donnant parfois des cavités et même des grottes ! Ces abris naturels ont été lieux d’hébergement à plusieurs époques. Au mésolithique (8000 av. J.C.) les tafones sont déjà utilisés par les premiers habitants de l’île qui sont alors chasseurs pêcheurs. Ces cavités offrent un logement confortable, au sec, à l’abri du vent et de la pluie. Nous appellerons cela des « Abris sous roches » et non pas Orii. Mais que sont les les Oriis ? Les Oriis sont des abris sous roche plus perfectionnés, dotés d’une façade en pierre équipée de fenêtres et(ou) de portes. Plus tard ces façades seront liées avec un mortier, souvent de l’argile. Les Oriis ont beaucoup servi à protéger le bétail des aléas du temps, les céréales des animaux. Ils ont également servi de sépultures à une époque plus ancienne, et même d’abris pour les éleveurs transhumants. Elle est également utilisée comme cachette par les bandits! Ces élément du patrimoine sont également très important dans le paysage mais un même problème revient, le maquis vorace, qui pousse et envahit petit à petit les milieux , recouvrant ce patrimoine exceptionnel.
En conclusion, Monaccia d’Aullène présente une grande diversité de paysages, remarquablement bien conservés grâce aux meusures de protections des habitats naturels (et des espèces). Néanmoins, quelques axes de reconquete peuvent-être envisagés :
Les anciens chemins de transhumance sont oubliés et disparraissent, ce qui a pour conséquence une perte de biodiversité menant à la fermeture du milieu. La fermeture du maquis marque le paysage de manière importante. L’association “ Associu Di i Monacci “ oeuvre pour restaurer et valoriser le patrimoine historique de la commune permettant ainsi la sauvegarde de nombreux habitâts naturels. Tous n’ont pas l’envie de préserver ces témoins de l’histoire de Monaccia en particulier la mairie qui, sans l’action de l’associations et l’impulsion de certains habitants, ne ce serais jamais interessé à ce patrimoine historique. La fausse septique en projet de construction sur l’ancien chemin principal menant au village constitue un impact majeur tant pour la biodiversité (nous avons pu observer la Cistude d’Europe et bon nombre de reptiles aux abords du sentier) que pour le paysage (pollution visuelle, destruction d’un élément majeur du patrimoine historique).
Remerciements :
– AMBROGGI Marie-Pierre pour sa confiance, sa simplicité et son aide précieuse pour nos recherches et notre integration dans le village. Sans elle, rien n’aurais été possible.
– AMBROGGI Angel et AMBROGGI Noël pour leurs témoignages précieux sur l’histoire du village et leur gentillesse.
– BACIOCCI Noël pour ces témoignages et … son experience du maquis.
– ORTOLI Virgile pour son sens du partage, sa gentillesse ainsi que ces précieuses connaissances archéologiques, historiques et naturalistes.
– LEANDRI Denise Présidente de l’association “ Associù di i monacci “, pour sa gentillesse ainsi que son aide précieuse sur les tafones et le patrimoine de Monaccia.
– GAUTHIER Alain pour ces précieuses explications de la géologie de l’île, en particulier sur la formation des tafones.
– M. GILLES, historien, pour ces informations sur l’histoire.
– Jean-Pierre PIERAGGI, technicien a la Reserve Naturelle des Bouches de Bonifacio, pour ces réponses à nos nombreuses questions et sa visions de la protection de l’environnement en Corse.
– Marie Ange, pour ces informations sur les traditions corse et les coutumes locales.
Et pour toute les personnes que nous avons rencontrer dans le village, Merci pour votre acceuil chaleureux, votre simplicité et votre gentillesse.
Un grand merci à Claude CAMILLI, Présidente de l’association Paysages Reconquis, pour nous avoir fait confiance et permis de vivre ces 2 mois exeptionnels.
Rémi DEMAZURE et Clément EYZAT