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Col de la Croix Morand – Super Besse
Mardi 11 juin 2019
Voici une vidéo retraçant la 52ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Objectif de cette étape, le Puy de Sancy mais avant le Puy de la Tache, le Puy de Monne , le Puy Barbier, le Puy de l’Angle, le col de la Croix Saint-Robert, la vallée glaciaire de Chaudefour, le col de la Cabane, le cirque glaciaire de la Fontaine salée et enfin Super Besse. Que de merveilles!
Voici le texte de cette vidéo:
Beau soleil ce matin pour grimper à l’assaut du Puy de Sancy ! En fait, nouvelle contorsion dans le déroulé du trajet en raison du mauvais temps : les deux jours précédents j’ai parcouru deux étapes plus au sud. Ce n’est donc que le 13 juin qu’avec Daniel nous repartons du Col de la Croix Morand après avoir quitté le camping de la Bourboule et fait un détour par la station de ski du Mont-Dore au fond du cirque : je voulais revoir les pentes nord du Puy de Sancy sur lesquelles j’avais skié adolescente avec mes camarades de classe.
Il m’est étrange de réaliser que la Dordogne qui plus tard traversera le bassin Aquitain prend sa source sur ces pentes par la jonction de deux petits ruisseaux de montagne, la Dore et la Dogne.
Salut respectueux aux belles vaches de la race Aubrac !
Le sentier, bien balisé, interdisant les traces directes qui érodent la pente, va nous conduire sur le plus haut sommet du Massif Central, 1 886 m!
Le GR 4 s’élève rapidement sur le Puy de la Tache, le premier d’une longue série. Sur notre droite, en direction du nord s’étend le lac de Guéry au pied des rondeurs du Puy de l’Aiguiller.
Au loin nous devinons la silhouette bien reconnaissable du Puy de Dôme et de ses petits frères, tous ces volcans parcourus quelques jours plus tôt.
Vers l’est, c’est le lac du Chambon qui s’étale au loin entre les villes de Chambon-sur-Lac et Murol.
Alors que vers l’ouest s’étire la jeune Dordogne qui traverse la Bourboule avec, dominant la longue vallée, le Puy Gros et la Banne d’Ordanche.
Et devant nous, voici le cheminement qui nous attend sur les crêtes, avec en arrière-plan le Puy de Sancy lui-même.
Descendus du Puy de la Tache, il nous faut remonter sur le Puy de Monne puis sur le Puy Barbier.
Ces crêtes sont très fréquentées et par ailleurs le climat est rude. Il s’en suit que les sentiers se détériorent. Il faut donc impérativement respecter les travaux de restauration en ne quittant pas le chemin.
Voilà d’où nous venons avec au loin toujours, le Puy de Dôme qui affirme clairement sa silhouette et voici où nous allons : une dernière bosse pour atteindre le Puy de l’Angle qui culmine à 1 738 m et ferme la vallée du Mont-Dore.
Belle récompense de nos efforts que cette magnifique vue panoramique, à 360°.
Nous piquons à travers les pâturages d’estive, sur le col de la Croix Saint-Robert en contrebas. La route est encore longue avant d’atteindre le sommet puis la station de Super Besse !
Ces petits points blancs ne sont pas des rochers mais des brebis, tachetées de noir aux pattes et à la tête, qui ont pris leur quartier d’été sur le plateau de Durbise. Ce sont des Rava, une race locale, rustique et montagnarde.
Daniel fait demi-tour ici, heureux de cette balade.
Devant moi s’étire la longue montée au Roc puis au col de Cuzeau avec comme repères le Puy de Sancy en partie enneigé et sur ma droite la station de ski du Mont-Dore.
Les pentes nord du volcan sont diablement abruptes. Les vallées deviennent encaissées et sauvages comme ici la magnifique vallée glaciaire de Chaudefour encadrée de roches escarpées, d’aiguilles et de murailles. Elle est protégée par une réserve naturelle nationale qui héberge une flore et une faune exceptionnelles : mouflons, chamois, marmottes ou le rare papillon Apollon ou encore la Biscutelle d’Auvergne.
Je me retourne pour photographier au zoom le Puy de l’Angle et au loin
le Puy de Dôme.
Jusqu’au sommet je vais croiser de longues colonnes de militaires lourdement
chargés dont certains me semblent bien las.
Bien que ma marche reste très tonique, je ne me rapproche que lentement du sommet.
Mais je finis enfin par arriver au col de la Cabane où je repasserai tout à l’heure car pour l’instant, je fais le détour jusqu’au sommet, grimpant sur le sentier que le syndicat mixte du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne a restauré en 2015 pour canaliser les 60 000 visiteurs qui passent ici chaque été. Inutile de dire combien le sentier était érodé et dramatiquement élargi. Le but était donc de gérer l’écoulement des eaux et de stabiliser les zones d’érosion pour permettre la reprise spontanée de la végétation.
Le tracé actuel est sécurisé et confortable. Les matériaux utilisés
sont biodégradables : marches et plateformes en bois, toile, boudin coco
et chanvre.
Au loin vers le sud, je vois ce qui m’attend dans les prochains jours :
les Monts du Cantal avec en particulier le Puy Mary et le Plomb du Cantal.
Cette belle vallée verte où serpentent paresseusement plusieurs ruisseaux se termine à mes pieds par le cirque glaciaire de la Fontaine salée, domaine de la réserve naturelle nationale de Chastreix-Sancy sur le versant sud du Puy qui protège la faune et la flore menacées.
La vue vers le nord est, elle aussi, époustouflante : on y voit tout à gauche le Mont-Dore avec ses maisons groupées, devant nous la station de ski et ses pentes raides et à droite les crêtes sur les puys qui se succèdent depuis le Col de la Croix-Morand, ces crêtes que je viens de parcourir. Et bien sûr, au loin vers le nord, le Puy de Dôme qui ne risque pas de se faire oublier !
En bas, le col de la Cabane est un passage stratégique que je vais maintenant rejoindre pour filer sur la droite en direction de Super Besse.
Je traverse quelques névés débonnaires.
Puis je me retourne pour jeter un dernier coup d’œil sur le Puy de Sancy et son sentier restauré.
Bientôt je coupe les flancs du Puy Ferrand, traverse des zones humides et de vastes étendues envahies de jonquilles, passe sous le sommet du Puy de la Perdrix, laisse sur ma droite le Puy de Paillaret puis dévale les pentes de la Plaine des Moutons qui me conduisent, au milieu des téleskis, sur le site de Super Besse et de son lac des Hermines.
Je longe celui-ci jusqu’à un abri de bus où, allongée sur un banc, j’attends tranquillement Daniel qui a dû faire un grand détour par Murol pour venir me rejoindre.
Nous rejoignons en California une « Petite cité de caractère », nichée à 1 000 m d’altitude, une cité Médiévale et Renaissance, l’un des fiefs des Médicis, là où la Reine Margot aurait séjourné, Besse en Chandesse. Nous passons sous le porche du beffroi, parcourons les ruelles étroites, au pied de maisons en pierre de lave noire, aux volets rouge sang de bœuf aussi appelé rouge de Besse, traversons des places charmantes bordées de boutiques anciennes, à la recherche d’un restaurant fameux que nous dénichons et qui nous sert une mémorable truffade.
Nous rejoignons ensuite le camping de Bois de Gravière.