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Col de la Ventouse – Col de la Croix Morand
Lundi 10 juin 2019
Voici une vidéo retraçant la 51ème étape d’un cheminement à travers la France, de la frontière allemande au nord de Strasbourg à, ( peut-être un jour!), la frontière espagnole au sud de Perpignan. Dans cette longue marche, mon attention se porte en premier lieu sur les paysages, leur protection et leur reconquête éventuelle ainsi que sur la biodiversité et sa reconquête.
Objectif les Monts Dore ! Toujours dans le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. Il est question de Sidoine Apollinaire, de
renaturation des cours d’eau, du Puy de l’Aiguiller…
Voici le texte de cette vidéo:
Objectif ce matin, les Monts Dore ! Je tourne le dos aux Monts Dôme ainsi qu’au col de la Ventouse bien connu des cyclistes. Mais je suis toujours dans le département du Puy de Dôme et bien sûr dans le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne à quelques kilomètres du fameux lac d’Aydat. C’est la cheire, c’est-à-dire la coulée de lave provenant du Puy de Vichatel et du Puy de Charmont que j’ai longés hier soir, qui a obstrué la rivière de la Veyre formant un lac de barrage volcanique, le plus grand lac naturel d’Auvergne.
Pour la petite histoire, c’est sur les bords de ce lac, qu’au milieu du Vème siècle, Sidoine Apollinaire avait construit sa villa romaine et c’est peut-être bien là que, pendant l’otium, loin des tracas de la vie publique et nourri par les vers d’Ovide et de Virgile, il écrit ses poèmes, les Carmina.
Nous venons de contourner la base bien circulaire du Puy de Charmont et alors que Daniel retourne sur ses pas, je poursuis dans un paysage ouvert avec comme horizon le Puy de Combegrasse et plus au nord, le sommet boisé du Puy de Boursoux.
Je laisse à droite le Puy de Charmont que je viens donc de contourner et poursuis sur le GR qui zigzague au milieu de prairies parsemées de splendides conifères puis qui s’élève sur le flanc du Puy de Combegrasse m’offrant une belle vision du Puy de Charmont dont il a du mal à s’éloigner, obligé qu’il est de se faufiler dans les passages entre les cônes.
Voici justement à ma gauche celui du Puy de la Rodde qui domine le village de La Garandie, le village des Moutonniers. Sur le site officiel d’Aydat je lis qu’autrefois tous les habitants avaient des moutons, même les commerçants, les artisans, les veuves et les personnes âgées. Seule l’institutrice de l’école primaire n’était pas agricultrice.
De 34 dans les années 1950 les agriculteurs sont passés sans doute à moins de 5 aujourd’hui. Le village comptait au milieu du siècle dernier trois bars, deux épiceries, un tabac, un forgeron, un menuisier, un plombier, une couturière et une modiste.
Et voici le Puy de l’Enfer avec ses genêts enflammés.
Le Syndicat mixte des vallées de la Veyre et de l’Auzon mène des travaux d’hydromorphologie. Il reméandre et renature les cours d’eau de la Narse, du Labadeau et de la Veyre qui ont été rectifiés et recalibrés lors du remembrement agricole des années 60-70, provoquant augmentation des vitesses d’écoulement, érosion des berges, enfoncement du lit et mauvaise épuration. Belle reconquête écologique que cette restauration des fonctionnalités de ces cours d’eau qui retrouvent enfin leur lit serpentiforme!
Petit coup d’œil sur le Puy de Monténard au sud avant d’atteindre le village de Saulzet-le-Froid qui, malgré son hôtel « Au bon accueil » me donne des frissons de tristesse sous ce brouillard sans vie qui vient de s’insinuer sournoisement dans ses ruelles depuis quelques instants.
De longues pistes rectilignes traversent un vaste plateau jusqu’au village de Pessade niché au pied des hauts plateaux du Puy de l’Aiguiller. J’y rejoins Daniel et nous décidons de nous restaurer là puisque –quelle chance !- une auberge est ouverte, un lieu fort rustique, tout à fait accueillant où des agriculteurs locaux attablés à la table voisine entreprennent un dialogue de sourds aux accents auvergnats sur la différence entre adoption et tutelle. Moments inoubliables !
Je repars dans un vaste couloir
qui m’élève progressivement sur le haut plateau.
Dans ce paysage cotonneux, perdue au milieu d’immenses landes de genêts, me
sentant pourtant en sécurité et heureuse, je respire joyeusement l’air frais, à
pleins poumons. Quel sentiment de liberté ! Quel bonheur !
De splendides bêtes viennent à ma rencontre. Devant la magnifique stature du mâle mon pas se fait plus hésitant. J’avance prudemment en m’effaçant pour lui laisser la priorité mais il ne bouge pas d’un millimètre, se contentant de me jeter un œil sombre, latéral, méfiant.
Je progresse au pied du Puy Baladou, traversant le vaste domaine pastoral qui, au 13ème siècle, appartenait à la Commanderie des Templiers d’Olloix près de Saint-Nectaire.
Sur ma droite, au nord, le Puy de l’Aiguiller, l’un des plus haut et des plus des vieux volcans du Mont Dore s’est formé il y a 2 millions d’années. Il culmine à 1 525 m et se cache pour l’instant dans le brouillard. Mais le col de la Croix-Morand qui est mon objectif n’est qu’à 1 400 m d’altitude.
Autrefois, ce col était redouté des voyageurs à pied qui craignaient les terribles assauts de l’écir, autant dire la tourmente de neige. Ce col « veut son homme tous les ans » nous dit un dicton comme justement le pauvre bougre qui a laissé son nom au col…
Ce soir nous dormons au camping municipal de la station thermale du Mont-Dore.