Alta Rocca

Written by Claude CAMILLI

Alta Rocca 

En suivant le sentier du Mare à mare sud, je vous entraîne en Corse, dans l’Alta Rocca, cette région chère à mon cœur, exceptionnelle pour la beauté de ses paysages, de sa flore et de sa faune souvent endémiques. C’est une région rurale, très attachante qui doit faire face aux problèmes liés à la déprise agricole et qui se bat pour valoriser ses atouts et garder son originalité et son identité.

 

Voici la transcription écrite de cette vidéo:

Bonjour et bienvenue sur Paysagesreconquis-monblog. Ici c’est Claude Camilli. Aujourd’hui je vais vous parler des paysages du Vighjanu et de l’Alta Rocca, une région du sud de la Corse qui m’est particulièrement chère. Dans cette première partie je situerai l’Alta Rocca sans entrer véritablement dans les problématiques économiques et écologiques de cette région rurale et pastorale qui se bat pour préserver les espèces naturelles et les biotopesqui lutte contre la déprise agricole et qui tente de mettre en valeur les paysages et d’améliorer leur qualité.

La pluie, le soleil et le ciel délivrent leur arc aux couleurs sublimes.

Ces espaces ouverts, longtemps cultivés ou pâturés, si essentiels à l’œil mais surtout à la biodiversité, sont parfois irrémédiablement menacés. Ici la fermeture du paysage est en marche : les buissons s’installent progressivement. On voit également que les terrasses ancestrales s’effacent de la pente.

Partout des ghjuncu illuminent le paysage, ces ajoncs à petites fleurs d’un jaune d’or intense. Leur couleur est éclatante mais leurs épines sont terribles, de véritables dards, des armes redoutables ! 05’- On dit qu’ils sont les symboles de l’agressivité et de la résistance mais aussi de la constance en amour. « Quand les ajoncs sont en fleur, les jeunes filles sont en amour » dit le proverbe.

Le sentier du Mare à Mare Sud s’élève au-dessus du Golfe du Valinco, laissant derrière moi la plaine, la mer et le port de Pruprià, Propriano pour les pinzuti, c’est-à-dire les « pointus », ou encore les continentaux. Film golfe

Le chemin, bien large, est bordé de murets de pierre sèche,

des murets décidément en bon état ici, ce n’est pas toujours le cas ! 08’- Un petit patrimoine se meurt envahi par les ronces…

Le village de Fozza, Fozzano sur les cartes se dessine dans la pente, entouré de prés d’un vert digne des bocages normands, en ce mois d’avril.

Impossible de regretter le détour par l’église romane, sobre et charmante, de Santa Maria é Ficaniedda dans le hameau de Ficaniedda. C’est un figuier produisant des figues noires qui a donné son nom à ce hameau.

Qui sait que le figuier est le plus ancien arbre à fruits domestiqué ? Les paysans le cultivent en Corse depuis des millénaires. Il se plait sur cette île car il aime la chaleur et le soleil.

Beaucoup de terrasses s’effacent avec le temps faute d’être entretenues, contre quelques-unes trop rares qui sont redessinées…

  • C’est dans ce village de Fozza que vécut Colomba Carabelli, la vraie Colomba qui a servi de modèle à Propsper Mérimée pour sa nouvelle.
  • Fozza est donc le village des Carabelli et des Durazzo qui s’opposèrent, se déchirèrent et même s’entretuèrent au début du XIXème siècle. Oui, dans ce magnifique village, si paisible aujourd’hui…
  • Dans cette maison forte, derrière ces solides murs de granit vivait le clan des Durazzo
  • Dans le quartier du haut.
  • Et derrière cette tour, a torra vechja, vivait celui des Carabelli, du quartier du bas, auquel appartenait Colomba.
  • Mérimée était écrivain, c’est certain mais il était aussi inspecteur des Monuments historiques. C’est en faisant un séjour en Corse en 1839 qu’il entend parler d’une extraordinaire histoire de vendetta, à Fozzano. Intrigué, il en profite pour rendre une petite visite à Colomba, alors âgée de 65 ans. Sa fille Catherine se tient près d’elle ; on dit que Mérimée la trouve si belle qu’il s’inspire d’elle pour son héroïne !
  • Voici ce qu’il écrit à son ami Requien : “J’ai vu encore une héroïne, Mme Colomba, qui excelle dans la fabrication des cartouches et qui s’entend même fort bien à les envoyer aux personnes qui ont le malheur de lui déplaire. J’ai fait la conquête de cette illustre dame, qui n’a que 65 ans, et en nous quittant nous nous sommes embrassés à la Corse, id est sur la bouche.
  • Le paysage est à couper le souffle et cette route qui serpente au loin vers le village d’Arbiddali, c’est-à-dire Arbellara qui comme Ulmettu et Fuzzà fait partie de la microrégion du Vighjanu.
  • Suivons ce chemin plein de senteurs qui domine la vallée du Rizzanese. C’est l’Alta Rocca qui se découvre déjà au loin avec le village de Santa Lucia di Tallà (Sainte-Lucie-de Tallane) et ses hameaux.
  • Sur cette carte, on peut suivre le tracé du Mare à mare Sud avec, en bas à gauche Fozza. On peut voir qu’il passera à Santa Lucia di Tallà, A Sarra di Scupamena, puis Livia…
  • Et là, c’est tout simplement l’enchantement ! Merisiers en fleurs,
  • Euphorbes characias lumineuses (‘karassiass’.)
  • Bouquets de lavande papillon au parfum légèrement camphré
  • Landes de cistes joyeux, d’ajoncs ensoleillés, de bruyères odorantes…
  • Le chemin a contourné la Punta pour repartir vers le nord nous dévoilant la haute vallée du Rizzanese, l’Alcudine (l’Incudine) et i Forchi di Bavedda, les Fourches de Bavella que l’on nomme encore Aiguilles de Bavella
  • L’Alta Rocca est là à portée de regard, succession de montagnes et de vallées couvertes de forêts où la flore et la faune sauvage sont constituées d’une forte proportion d’espèces endémiques c’est-à-dire qui n’existent nulle part ailleurs. Nombre de ces espèces sont d’ailleurs protégées qui feront l’objet d’autres articles ou vidéos.
  • Je quitte à regret ce plateau aux fleurs d’une incroyable vitalité pour plonger dans la vallée profonde où coule le Culicia, un affluent du Rizzànese.
  • Car il s’agit de rejoindre ce village en contrebas : Laretu di Talla (Loreto de Tallano) dont on devine les premières maisons le long de la route.
  • L’Alta Rocca, cette « terre des seigneurs », se situe au sud de la Corse, au nord d’une ligne Propriano, Sartène, Porto Vecchio.
  • Seize communes se sont unies pour développer cet espace essentiellement rural qui doit faire face à la baisse sensible de sa population. Seize communes qui composent la Communauté de communes de l’Alta Rocca : ALTAGHJÈ, AUDDÈ, CARBINI, CARGHJACA, LIVIA, LARETU DI TALLÀ, MELA DI TALLÀ, ULMICCIA, QUENZA, SAN GAVINU DI CARBINI, SANTA LUCIA DI TALLÀ, A SARRA DI SCUPAMENA, SURBUDDÀ, ZIRUBIA, ZONZA, ZOZA
  • La descente sur Laretu di Tallà se fait par un chemin raide, dévasté par les sangliers. Le pied glisse dans la terre noire mais évite les milliers de cyclamens, aux hélices finement sculptées, qui poussent au milieu de la mousse, à l’ombre des futaies et des taillis de chênes verts. C’est la fior di Cuccu, la pipeta…
  • Et que dire de ces délicates anémones des Apennins aux tons pastel?
  • Film fleurs
  • Qui redonnera vie à cette maisonnette,
  • à ce four à pain
  • à ce lavoir abandonnés,
  • à ces murets mangés par la mousse ?
  • Après les sous-bois sombres, le fond verdoyant de la vallée repose l’œil mais surtout ces espaces ouverts, encore entretenus, permettent une autre biodiversité très riche. Au loin, on devine Sainta lucia di Tallà et ses hameaux.
  • Sous le pont de Piombate, le Rizzanese coule avec un fort débit hiver comme été. A la fois torrent et fium (fleuve) il prend sa source sur les pentes de l’Alcudina et du plateau du Coscione au-dessus de Zonza, traverse toute la région de l’Alta Rocca et ses qualités écologiques sont exceptionnelles.
  • C’est lui et ses affluents, comme u Fiumicicoli et le ruisseau de San-Anton qui donnent souvent l’impression que cette région est gorgée d’eau, avec des cascades et d’immenses vasques, véritables petits lacs au milieu d’une nature sauvage et parfois tourmentée. D’ailleurs pendant les épisodes orageux ces torrents en colère sont capables de crues violentes.
  • Le Rizzanese était un des derniers fleuves sauvages d’Europe avant la construction du barrage de Zoza dont il faudra bien parler, ce barrage terminé en 2013, construit au beau milieu du Parc naturel régional de Corse. Il faudra bien en faire un bilan écologique et humain et parler des cicatrices laissées dans ce paysage sauvage.
  • Ici la vallée est dominée par le hameau de Poggio di Tallà.
  • La remontée sur la rive gauche du fleuve se fait sur un large chemin bien entretenu qui laisse entrevoir
  • la basse vallée du Rizzanese. Celui-ci serpente en direction de Sartè (Sartène) pour se jeter dans la mer au sud de Prupria. (Propriano)
  • A l’approche de Poggio di Taddà, le paysage s’éclaircit, « s’ouvre » avec cette belle oliveraie qui se découvre au détour du chemin. A travers les branches on aperçoit l’abside semi-circulaire de l’église de San Ghjuvan Battista, une belle église romane du 12 ème siècle.
  • L’olivier sauvage, l’uddastru, l’oléastre, a été greffé au cours des siècles donnant toutes les variétés cultivées en Corse, plus d’une dizaine. Il faut savoir que l’olivier était considéré comme la principale richesse de l’île au 18 ème siècle.
  • Les oliviers ne produisent en principe qu’une année sur deux. Aujourd’hui on récolte les olives à l’aide de filets alors qu’autrefois, suivant les régions, on tapait sur les branches avec de longues perches pour les faire tomber ou on les cueillait directement sur l’arbre ou encore… on attendait qu’elles tombent !
  • Après séchage, on les emmenait au moulin, u fraghju, pour en extraire l’huile.
  • Autour de Santa Lucia les oliveraies sont nombreuses et bien entretenues. Cependant beaucoup d’oliveries autrefois magnifiques sont aujourd’hui abandonnées, progressivement envahies par les ronces et buissons, faute de paysans reprenant cette culture et cette tradition.
  • Aujourd’hui, chance pour moi, c’est la foire artisanale «A Festa di l’Oliu Novu» où des produits de qualité, olives et huile d’olive bien sûr mais aussi, fromages, charcuteries, gâteaux et autres produits artisanaux de Corse sont proposés, c’est l’occasion de maintenir la tradition dans une ambiance festive.
  • Cette foire est organisée par des bénévoles en partenariat avec la Communauté de Communes de l’Alta Rocca qui œuvre pour les métiers et les savoir-faire de l’agriculture et de l’artisanat corse.
  • Je termine cette première vidéo à Santa Lucia di Tallà.Dans les vidéos suivantes, nous nous rapprocherons du massif de l’Alcudina et des Forchi di Bavedda en passant par Livia, Zonza, Quenza, Sarra di Scupamena, Surbudda et d’autres lieux tout aussi attachants les uns que les autres.

Je parlerai des problèmes engendrés par la déprise agricole et des moyens que met en œuvre la région pour y répondre.

Je parlerai de la biodiversité extraordinaire de l’Alta Rocca mais aussi des menaces qui pèsent lourdement sur certaines espèces de la faune et de la flore, pourtant protégées.

Sources:http://www.alta-rocca.com/http://www.parc-corse.org/

A bientôt donc pour une nouvelle vidéo !

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